Stick Season – Noah Kahan

Sorti le 14 octobre 2022

Natif du Vermont, Noah Kahan a débuté sa carrière il y a déjà 6 ans, mais connaît un succès grandissant depuis la sorti de son troisième album, Stick Season, paru il y a un an. Généralement décrit comme un artiste folk-pop, ce généreux album (55 minutes en 14 pistes!) laisse davantage de place à son côté folk, à la limite du country sur certaines pistes.

Mentionnons d’entrée de jeu que Noah Kahan ne réinvente rien du tout avec sa musique. La plupart des chansons font au moins vaguement penser à la musique d’un autre artiste, ce qui n’est pas un grave défaut si le résultat reste convaincant. Et il l’est est, en grande partie! Par exemple, Northern Attitude, en ouverture d’album, frappe fort avec un son qui n’est pas sans rappeler les bonnes années de Mumford & Sons. La chanson-titre Stick Season offre des arrangements plus simples au début, mais avec un subtil build-up qui lui réussit assez bien. Point bonus pour mentionner la COVID-19 dans une chanson en 2022 et ne pas repousser tout le monde automatiquement.

Kahan s’en tire aussi très bien la bien sentie All My Love, qui offre un bon dosage entre les couplets relativement feutrés et les refrains qui restent immédiatement en tête. Il faut attendre à She Calls Me Back pour trouver un morceau moins convaincant : Kahan délaisse le folk pour revenir un son indie-pop qui se rapproche de ce qu’il a déjà enregistré auparavant, mais qui jure avec le reste de l’album. Ce n’est même pas que la chanson n’est pas bonne, mais elle ne correspond simplement pas au reste du mood de Stick Season. Et, avec une telle durée, il avait le loisir de choisir quelles chansons il tenait à garder!

On revient ensuite dans le folk avec d’autres morceaux réussis : Come Over est une chanson émotive, simple et efficace, alors que New Perspective mise sur un crescendo irrésistible et quelques solides lignes de banjo.

On propose quelques montagnes russes d’intensités, notamment avec Everywhere, Everything, puis Orange Juice, mais avec des segments aux qualités inégales. Cela donne des passages très réussis et d’autres qui donnent envie de passer à autre chose, et ce, dans une même chanson. On apprécie davantage Strawberry Wine, qui respecte le ton folk mélancolique qu’il a installé au début de la chanson, et qui bâtit même sur cette énergie dans la seconde moitié. Mention également à Growing Sideways, qui risque d’être une chanson populaire à interpréter autour d’un feu de camp. Sa simplicité en fait sa force, avec une mélodie incroyablement efficace. Halloween commence aussi dans le même esprit avant de prendre de l’ampleur dans la dernière minute et demie, même si on ne va pas tout à fait jusqu’au bout du potentiel du build-up. Après une petite intro folk, Homesick réussit à aller à fond dans une énergie roadtrip, et se permet même un petit solo de guitare électrique à la toute fin. On en oublie qu’elle n’est pas tout à fait dans le même ton que le reste de l’album!

Cette chanson aurait franchement dû conclure l’album, mais on en a encore 2 autres à écouter : Still, qui combine des mélodies folk réussies au refrain, mais qui a des couplets plus près du spoken word, une approche qui nous laisse pour le moins tiède. Et la finale, The View Between Villages, répète les défauts de Everywhere, Everything et d’Orange Juice avec des bouts vraiment excellents et d’autres ratés. Malheureusement, la portion ratée dure toute la première moitié de la chanson, alors il faut une petite dose de patience supplémentaire pour passer à travers. Et même si la chanson ne dure que 3min35, on aurait très bien pu couper la dernière minute, qui ne contient qu’un son de clavier atmosphérique pour nous indiquer que c’est la fin de l’album. Un ajout inutile, particulièrement à l’ère du streaming et des listes d’écoute.

Mais, au ratio, les chansons de Stick Season ont une très bonne moyenne au bâton, et même les chansons plus «faibles» ne sont pas profondément désagréables à écouter. On doit quand même souligner qu’avec une longueur de 55 minutes, Noah Kahan devait pratiquement faire un sans faute pour que l’on ne sente pas les longueurs qui finissent immanquablement par arriver. Il aurait aisément pu couper 3 ou 4 chansons et avoir un album encore plus fort, surtout que la deuxième moitié de l’opus est généralement un peu plus faible. Cela reste un opus réussi qui mérite l’attention qu’il a reçue depuis sa sortie et un sacré bon album d’automne, qui semble meilleur d’écoute en écoute, si on peut lui pardonner ses petits défauts.

Version deluxe : We’ll All Be Here Forever (2023)

Figurez-vous que Noah Kahan trouvait qu’il n’avait pas assez de chansons sur Stick Season et qu’il a lancé, en 2023, une version deluxe appelée Stick Season (We’ll All Be Here Forever), ajoutant 7 chansons de plus, menant le total à plus de 80 minutes!

Le plus impressionnant est que celles-ci ne sont pas nécessairement beaucoup moins bonnes que les incontournables de l’album régulier. Mis à part un passage criard dans la dernière minute, Your Needs, My Needs est parfaitement réussie. Quant à Dial Drunk, on se surprend d’apprendre qu’une version en duo avec Post Malone existe. Toutefois, la version de l’album est celle avec Kahan seul, mais elle est drôlement efficace.

Paul Revere offre des arrangements très intéressants avec du violon, instrument que l’on aurait aimé entendre davantage au fil de l’album. Le violon fait d’ailleurs un retour dans la piste suivante, l’excellente No Complaints. Mention également à Call Your Mom, toute aussi excellente.

C’est après que ça se gâte un peu : You’re Gonna Go Far n’est pourtant pas mauvaise, mais plus un album s’étire et moins on a de patience pour les chansons qui sont moins que parfaites. Et comme elle ne vient pas nous chercher autant que les précédentes, ça se ressent encore plus. Et la fin revient à… The View Between Villages – Extended, qui gagne presque une minute et demie, incluant un passage avec des enregistrements vocaux, mais au moins on conclut au sommet de l’énergie possible (un peu comme ce qui serait arrivé si on avait conclu sur Homesick, comme on l’a suggéré!). On ne tenait pas à entendre la même chanson deux fois, mais il faut reconnaître que la version allongée aide à corriger certains des défauts de la version originale.

Dur à croire comme plusieurs des chansons de l’album de base sont déjà bonnes, mais plusieurs de la version We’ll All Be Here Forever auraient largement mérité leur place en remplacement de certains des morceaux plus inégaux. Même si l’album deluxe est vraiment long, il vaut franchement la peine.

À écouter : Stick Season, All My Love, Growing Sideways // Deluxe : Dial Drunk, Call Your Mom

Régulier : 8,0/10 // Deluxe : 8,2/10

Par Olivier Dénommée


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