The Widowmaker – Donovan Woods

Sorti le 27 septembre 2011

La série sur la discographie de l’auteur-compositeur-interprète canadien Donovan Woods se poursuit avec son deuxième album, intitulé The Widowmaker. Paru environ 4 ans après un premier album, il corrige certaines faiblesses de The Hold Up et peaufine son approche, même si le travail est loin d’être terminé pour lui.

Cet album de presque 36 minutes s’ouvre avec Jail, une brève chanson sombre qui ne correspond heureusement pas du tout au ton du reste de l’album. On a tendance à davantage la voir comme une introduction que comme une chanson à part entière. On oublie rapidement et on passe à Phone, où on reconnaît immédiatement la force de Donovan Woods : des mélodies simples mais efficaces, et une instrumentation folk qui offre un crescendo réussi durant les refrains, avec du piano et des chœurs qui s’ajoutent à la guitare omniprésente. Le principal défaut de la chanson est d’être située juste avant Your Daughter, John, possiblement la chanson la plus mémorable de l’album. Le refrain, chantant à souhait, est tout simplement irrésistible. On l’avoue, jamais on n’aurait pensé qu’il était possible de composer une aussi bonne chanson en s’adressant à son ex-beau-père.

Évidemment, on ne peut pas réussir à tout coup. How Much Is That Hat donne un résultat beaucoup trop lourd et intense dans le registre country pour son propos, même si on connaît l’amour de Woods pour ses chapeaux. Le dosage est plus intéressant dans Divorcée, malgré une vague impression de se répéter dans un des derniers segments de la chanson. Et on va rapidement passer outre Lord, I’m Trying, qui ne fait que nous rappeler bien malgré nous la progression de la chanson I Ain’t Saying She’s Better Than You, de son album précédent. Vu sa courteur, on la perçoit aussi comme un petit interlude en milieu d’opus.

Dans son premier album, Donovan Woods avait donné beaucoup de place à l’harmonica le temps d’une chanson. C’est aussi le cas ici avec Let Go Lightly. Le morceau se veut un peu plus énergique, mais on préfère un harmonica dans un contexte plus mélancolique, qui avantagerait en même temps un peu mieux la voix de Woods. C’est d’ailleurs exactement ce qu’il fait dans la suivante, I’m Still Sweet, un morceau doux et chantant où on sent le chanteur un peu plus vulnérable. Vient ensuite la sournoise Won’t Come Back. Sans être exceptionnelle dans ses arrangements ni dans ses mélodies, cela reste une chanson que l’on apprend à apprécier un peu plus à chaque écoute avec son subtil build-up. Lawren Harris parvient quant à elle à surprendre avec ses paroles, qui volent la vedette à la musique qui n’a rien de particulièrement remarquable ici si ce n’est qu’on utilise de la guitare électrique ici au lieu de l’acoustique.

Étrangement, No Time Has Passed nous laisse relativement indifférent alors que sur papier elle a tout pour nous plaire : une musique douce, des arrangements qui changent à l’occasion pour donner un nouveau souffle à la chanson et un voix particulièrement mélancolique. La piste arrive peut-être trop tard dans l’album et passe instinctivement comme « encore une autre toune folk ». C’est aussi l’impression que nous laisse la finale, Don’t Deny It, qui ne parvient pas à nous livrer un refrain assez fort pour compenser pour la fatigue de l’écoute de l’album. On ne questionne évidemment pas le talent de Donovan Woods, mais il ne faut pas sous-estimer l’impression d’entendre à peu près la même chose d’une chanson à l’autre, fléau qui guette bien des musiciens.

Aucun doute là, l’album The Widowmaker est plus solide que The Hold Up, même si la formule n’est pas encore à point. Les bonnes chansons sont très bonnes et les chansons moyennes demeurent intéressantes, tant qu’elles sont consommées avec modération, chose que nous n’avons pas faite en prévision de cette critique!

À écouter : Phone, Your Daughter, John, Won’t Come Back

7,3/10

Par Olivier Dénommée

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