Every Feeling on a Loop – Josiah Johnson

Sorti le 4 septembre 2020

Le nom de Josiah Johnson n’est pas très connu encore, mais le musicien a fait ses armes comme membre fondateur du groupe indie folk The Head and the Heart, qu’il a quitté en 2016 pour poursuivre une carrière solo. Every Feeling on a Loop, son premier album solo, ne s’éloigne pas trop de ses origines folk.

Notre premier contact avec l’album a été son extrait False Alarms, aussi la première piste de l’opus. La chanson nous a marqué par sa désarmante efficacité, arrivant à créer un build-up sur plus de 6 minutes : le début guitare acoustique-voix (incluant des chœurs féminins), puis l’ajout des percussions, puis l’arrivée des cordes et des cuivres qui prendront de plus en plus de place au fil de la chanson avant de retomber à l’énergie du début à la toute fin. Disons que la chanson a amplement résonné dans l’auto depuis qu’on l’a découverte. Le refrain est particulièrement solide et vaut à lui seul le détour. Bref, une excellente carte de visite pour Josiah Johnson.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’aucune autre chanson de Every Feeling on a Loop n’arrive à la cheville de cette excellente entrée en matière. Par exemple, on s’en va vers quelque chose de plus léger et ensoleillé avec Woman in a Man’s Life, mais qui n’a pas du tout le même punch. L’effet est heureusement plus réussi dans Nobody Knows, qui prend une tangente folk rock, et dans I Wish I Had, versant plutôt dans la douceur sans négliger une finale vocale bien sentie.

Quant à Rise Up, un des morceaux les plus émotifs vocalement pour Josiah Johnson, il manque un petit quelque chose au niveau des arrangements qui lui permettrait de véritablement se démarquer des ballades folk qui existent déjà en grand nombre. Et sa durée de 7 minutes est certainement trop longue pour la rendre véritablement mémorable. Commentaire similaire pour Hey Kid, même si elle est un peu plus brève et qu’elle nous semble davantage inspirée, particulièrement dans la portion finale. On leur préférera I Had a Choice, un tantinet plus énergique et infiniment plus efficace grâce à ses arrangements plus chargés. Le refrain berçant y est aussi très efficace, même si on ne parle pas du même niveau d’efficacité de False Alarms… Quant à Same Old Brick, nous n’avons pas grand-chose à dire si ce n’est qu’il manque d’épices pour la rendre mémorable dans cette marée folk.

Passons vite outre Waiting on You, au son (autant les effets vocaux peu agréables que les arrangements inégaux) qui fait tache sur cet album folk, et Grandma, un mot d’encouragement (sympathique, mais sans plus) dit par Elizabeth Johnson, grand-mère du musicien. Cela nous mène au tout premier extrait de Every Feeling on a Loop, World’s Not Gonna End, un des morceaux les plus contagieux de tout l’album – merci aux arrangements aussi intenses que réussis et au fait que Johnson s’est retenu d’étirer la sauce en enregistrant une chanson trop longue. L’opus se termine ensuite sur la minimaliste Solve Problems, un choix plutôt convenu sans être désagréable.

On n’ira pas jusqu’à dire que Josiah Johnson n’a pas tenu ses promesses en lançant un premier album qui n’est pas à la hauteur de ses singles, mais on ne peut pas cacher une petite déception de constater qu’il n’a pas été aussi inspiré de façon équivalente au fil de son album de 55 minutes. Et comme bien d’autres albums folk que l’on a critiqués ces dernières années, on se doit de rappeler que le genre est déjà bien saturé et a besoin de belles surprises (comme False Alarms) pour parvenir à s’y tailler une place. Même si Every Feeling on a Loop contient d’excellents éléments, on sent qu’il manque encore quelque chose pour mettre le nom de Josiah Johnson sur la carte.

Cet album peut notamment être entendu sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : False Alarms, I Wish I Had, I Had a Choice

7,0/10

Par Olivier Dénommée


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