
Par Olivier Dénommée
Même si, tranquillement pas vite, on apprend que la musique trad québécoise ne s’écoute pas qu’à l’approche du temps des fêtes, on continue d’avoir un certain regain d’intérêt pour ce registre quand Noël s’en vient. Les musiciens ont aussi appris à en tirer avantage et c’est pourquoi le mythique Yves Lambert est bien occupé ces temps-ci, lui qui est bien booké en spectacles d’ici la toute fin de l’année. Le 22 décembre, c’était à Saint-Hyacinthe qu’il a fait opérer sa magie, entouré de 3 complices de grand talent et d’une foule qui en redemandait.
Cela faisait un bout que l’on n’avait pas assisté à un spectacle au Cabaret André-H.-Gagnon du Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe, et l’ambiance était autant au rendez-vous qu’à nos souvenirs. Il faut dire qu’Yves Lambert s’est vite assuré que tout le monde soit dans un esprit festif. Avec son look toujours assumé de Père Noël (il avait même amené un manteau rouge qu’il n’a finalement porté que le temps d’une première chanson), il multiplié les anecdotes, les histoires et les improvisations entre les chansons, souvent sous le regard curieux de ses musiciens qui devaient se demander à l’occasion où il s’en allait avec ses skis. Mais il finissait toujours par arriver à bon port et la musique, elle, a toujours été extrêmement solide. Lambert (accordéon principalement) était accompagné des talentueux Mathieu Royer (contrebasse), Robin Boulianne (violon) et Paul Audy (guitare).
Au menu, beaucoup de classiques, ça allait de soi. Yves Lambert a accumulé pas mal de matériel en 50 ans de carrière, dont plusieurs qui sont toujours restés des incontournables en spectacle. Plusieurs sont aussi puisés dans les chansons écrites ou popularisées par La Bottine Souriante, groupe qu’il a cofondé et dont il a fait partie pendant de longues années (et auquel il est toujours associé malgré lui, même s’il l’a quitté il y a 21 ans déjà!). Pensons notamment à La tourtière, La ziguezon, La cuisinière ou encore Dans nos vieilles maisons, présentée en toute fin de spectacle. Mais il a aussi donné un petit aperçu d’un nouvel album à venir début 2024 : Romance Paradis devrait quelque peu sortir du registre trad auquel on l’associe spontanément, ce qui pourrait être assez intéressant.

En tout, Lambert et ses musiciens ont passé un peu plus de 2 heures, sans entracte, sur la scène. On sent que si on lui avait donné la permission, il serait resté 3 heures de plus sans hésiter. Ironiquement, il était assez malade pour annoncer qu’il cancellait son réveillon de Noël et pour prévenir qu’il ne pourrait pas serrer de mains à la fin du spectacle, mais ça n’a pas paru un seul instant tellement son énergie était au rendez-vous. Évidemment, il a beaucoup parlé pendant la représentation, mais il dégage tellement de plaisir à être sur scène qu’on l’écoute sans voir le temps passer. Il avait aussi de beaux messages d’espoir à transmettre, qui arrivent à point en cette fin d’année difficile pour plusieurs…
Un mot sur la salle : le Cabaret André-H.-Gagnon n’est pas la salle qui a la plus grande capacité, mais à une ère où les shows sont chers et que les gens se serrent la ceinture, il n’est pas rare de voir qu’il est difficile de remplir même des salles plus petites. C’est donc un plaisir de constater que ça n’a pas été le cas vendredi, mais aussi qu’il n’y avait pas que des têtes blanches dans l’assistance, y compris quelques enfants. On ne peut que souhaiter que ce soit la même chose partout ailleurs. Car un party sans monde, ça ne lève pas autant, même quand c’est Yves Lambert qui est au lead.
Joyeuses fêtes!
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