Sling – Clairo

Sorti le 16 juillet 2021

Deux ans après son premier album Immunity, la chanteuse Clairo est revenue avec son second long jeu en carrière. On avait eu des sentiments mitigés à l’époque, mais on avait hâte d’entendre ce qu’elle nous réservait pour la suite, avec plus d’expérience et de maturité. Le résultat : Sling, un album de tout près de 45 minutes avec quelques vers d’oreille contagieux.

Parmi les éléments qu’on apprécie de Clairo se trouve sa douce voix, tellement agréable à écouter, qui est bien mise de l’avant à travers l’album. Mais les arrangements se montrent aussi plus sophistiqués, donnant des chansons dans le registre «baroque pop», qui ne sont pas sans rappeler certaines chansons des Beatles. C’est notamment le cas de Bambi, première chanson de l’album. On n’a qu’à se fermer les yeux et se laisser porter par la musique.

Si Bambi est une magnifique entrée en matière, la vedette est vite volée par la seconde, Amoeba. Musicalement, la chanson est difficile à résumer : il y a quelque chose d’à la fois très simple et naturel dans la chanson et d’incroyablement complexe quand on s’attarde aux subtilités, mais le résultat est tout simplement irrésistible, tout particulièrement le refrain. Une vidéo expliquant la démarche derrière la chanson permet d’en savoir plus sur l’iceberg de cette chanson qui, pour une raison qu’on ignore, n’a apparemment jamais été un single. Quoi qu’il en soit, pour nous, c’est un petit bijou de musique pop, rien de moins.

Maintenant que c’est dit, la mauvaise nouvelle est qu’aucune autre n’atteint le même niveau d’efficacité qu’Amoeba. Par exemple, dans Partridge, on a affaire à un morceau doux qui fait du bien, mais qui ne se démarque vraiment pas outre mesure. La petite montée à la toute fin arrive beaucoup trop tard pour changer quoi que ce soit. Quant à Zinnias, on crinque un peu l’énergie – du moins autant que la feutrée Clairo est capable de le faire –, donnant des arrangements plutôt intéressants et des mélodies qui bougent un petit peu plus sans rien sacrifier. Le seul défaut qu’on arrive à lui trouver, c’est sa fin abrupte; la chanson ne dure même pas 3 minutes, elle aurait pu se donner quelques secondes de plus pour préparer le terrain.

Un seul extrait a émané de cet album et c’est Blouse. Avec ses jolis arrangements plein de cordes mettant bien en valeur sa voix toujours envoûtante, on comprend ce choix, bien qu’elle soit loin d’être parmi les meilleures du lot à notre avis. Même la suivante, Wade, nous semble presque plus efficace, grâce un une légère touche d’énergie de plus, bien qu’elle contient quelques longueurs. La ballade Harbor et la jolie Just for Today visent toutefois davantage dans le mille.

Après quelques morceaux très doux, Joanie surprend doublement, avec quelque chose de plus énergique par moment mais aussi sans la moindre parole malgré ses 4min45, elle qui fait partie des morceaux les plus longs de tout l’album. L’idée n’est pas inintéressante, mais comme la voix de Clairo fait partie de ses atouts, on trouve dommage de ne pas l’entendre du tout (sauf si on pense à la dernière minute où on l’entend pousser quelques notes, sans plus).

On a lu que la première composition de l’album est Reaper. Une fois qu’on a cette information, il est facile de s’imaginer que cette chanson a donné le ton pour le reste. Une fois de plus, sans être parmi nos préférées, la chanson est tout à fait à sa place et contribue parfaitement à l’ambiance de l’opus. Quant à Little Changes, on sent un désir de tendre vers quelque chose de plus jazzé, notamment avec les lignes de piano et plus tard de guitare. Mélodiquement (on a l’impression de se répéter), on a droit ici à quelque chose de très joli, limite berçant, qu’on apprécie beaucoup. Cela nous mène tout doucement à la conclusion de l’album, Management. Changez sa voix pour celle d’un des membres des Beatles et on n’y verrait que du feu, c’est à ce niveau d’efficacité, même si on sent que la fin aurait pu être mieux amenée. Cela reste une solide fin d’album.

Aucun doute pour nous, l’album Sling est plus constant que Immunity. Clairo a aussi gagné en assurance entre les deux sorties, ce qui doit contribuer au résultat convaincant. Ce n’est pas pour rien que certains critiques ont classé cet album parmi les meilleurs de 2021. On ne sait pas quelle aurait été notre position, mais ce qu’on sait, c’est qu’on a beaucoup apprécié le cheminement de la chanteuse et qu’on va continuer de la suivre à l’avenir. Car sans avoir livré un album parfait, on la sent pleinement en contrôle et dans son élément, ce qui est très encourageant pour la suite.

À écouter : Bambi, Amoeba, Just for Today

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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