Saviors – Green Day

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Sorti le 19 janvier 2024

Comme cela faisait un sacré moment que l’on n’avait pas sérieusement écouté de Green Day, on s’est demandé comment le groupe sonnait en 2024. Justement, il a lancé son 14e album, intitulé Saviors, et on s’est surpris de découvrir que le son de Green Day est resté relativement stable au fil des années.

Quand on pense à Green Day, notre référence reste American Idiot (2004, donc déjà 20 ans auparavant!), l’album qui a vraiment fait découvrir le groupe au grand public. C’était aussi un album assez engagé, chose qui est encore le cas avec Saviors. Au cas où on en doutait, ça ouvre sur le single The American Dream Is Killing Me, une critique frontale du Rêve américain. Musicalement, c’est efficace sans être exceptionnel, mais on se surprend d’entendre plusieurs lignes nous faisant instantanément penser à Marine marchande des Cowboys Fringants (le premier bout se fait entendre vers 1min et dure une quinzaine de secondes). On devine que ce n’est qu’une coïncidence, mais on ne peut plus ne pas l’entendre une fois qu’on a entendu la similitude!

Le deuxième single (et deuxième chanson de l’album) est Look Ma, No Brains!. Mis à part le fait qu’on revient à un punk-rock rapide et bref (à peine 2 minutes), la chanson ne nous reste pas dans les oreilles. Cela prend Bobby Sox (5e extrait de l’album) pour retenir notre attention, offrant des petites montagnes russes entre une intro acoustique et des passages beaucoup plus lourds et saturés. One Eyed Bastard retient aussi l’attention, pour les mauvaises raisons : sa similitude au hit So What de P!nk. Cette fois, on ne peut pas assumer que le groupe n’a jamais entendu parler de cette chanson et plusieurs personnes ont aussi souligné la similitude entre les deux chansons.

Dilemma revient à une certaine forme de douceur (pour du punk, on s’entend), qui n’est pas désagréable à écouter. On joue visiblement au yo-yo d’une chanson à l’autre alors qu’elle est suivie de la rapide 1981, chargée d’une certaine nostalgie, puis qu’on ralentit de nouveau avec Goodnight Adeline (la chanson ne reste pas tout à fait en tête, mais le solo de guitare est quand même réussi) pour revenir à la chargée Coma City, puis à une Corvette Summer plutôt mid-tempo. Pourtant, après Dilemma aucune d’elle ne se démarque véritablement; on apprécie le mood des chansons, où on reconnaît sans le moindre doute le son de Green Day, mais cela ne va pas vraiment plus loin.

C’est à Suzie Chapstick que l’on entend la prochaine piste mémorable. Une chanson aux sonorités rétro qui se prend bien. Elle est suivie de Strange Days Are Here to Stay, qui semble elle-même un pastiche d’une autre vieille toune de Green Day dans son riff initial. Puis, Living in the ’20s surprend avec une des chansons les plus mordantes de l’album. On change encore drastiquement d’énergie avec la ballade Father to a Son, aussi une très belles compositions, bien qu’elle ait des sonorités très familières.

Après ces deux chansons plutôt réussies, la chanson-titre Saviors tombe incroyablement à plat. Et c’est à peine mieux dans le cas de la lente Fancy Sauce, qui s’adonne à être la conclusion de cet album. Le groupe aurait bénéficié d’au moins mettre une chanson plus forte pour conclure cet opus de 46 minutes qui aurait eu bien besoin d’un petit coup de main à la fin (surtout que tous ses singles sont en tout début d’album, créant automatiquement un certain débalancement dans l’équilibre entre les chansons).

On sort de cette écoute avec ses sentiments très mitigés. Il serait malhonnête de dire que l’album est carrément mauvais, mais il serait aussi trop gentil de dire qu’on a affaire à un bon album, avec des chansons véritablement mémorables et qu’on a envie d’écouter en boucle. On reconnaît la signature de Green Day, mais cette signature ne suffit pas à faire un album à succès. Le groupe semble pourtant comparer Saviors à American Idiot ou encore Dookie, qui sont les deux opus les plus appréciés du groupe. On n’a pas l’assurance pour comparer avec Dookie, mais on peut dire sans hésiter qu’aucune chanson de Saviors n’est aussi accrocheuse que les meilleures d’American Idiot, qui sont dans plusieurs cas devenues intemporelles. Or, on voit mal quelles chansons de cet album pourraient être encore dans les mémoires collectives dans 20 ans. Il s’agit probablement d’un album adressé en premier lieu aux inconditionnels du groupe, mais on ne s’attend pas à ce que de nouveaux adeptes apparaissent grâce à ces chansons.

À écouter : Suzie Chapstick, Living in the ’20s, Father to a Son

6,9/10

Par Olivier Dénommée