Humanistic – Abandoned Pools

Sorti le 25 septembre 2001

Le premier album du projet Abandoned Pools de Tommy Walter, Humanistic, remonte à 2001, avec à l’intérieur plusieurs de ses chansons les plus mémorables, dont certaines propulsées par leurs apparition dans des films et des séries (incluant la série animée Clone High). Ironiquement, c’est aussi son album le plus difficile à trouver, possiblement parce que le label sur lequel il est paru s’est dissous quelques années plus tard. On s’y est quand même penché pour revivre un peu de nostalgie.

Notons d’entrée de jeu que cet album de 45 minutes offre une grande variété dans ses ambiances, allant de morceaux très agressifs à d’autres beaucoup plus doux. On croit aussi reconnaître le son du tournant du millénaire – les chansons auraient été enregistrée entre l’automne 1999 et le printemps 2001.

Décidément dans le registre du rock alternatif, certains voient aussi des rapprochements plus ou moins assumés avec le rock industriel. Il est vrai que plusieurs effets électroniques sont entendus à travers les chansons, ajoutant une intensité supplémentaire. La première de l’album (et premier single), The Remedy, met bien la table avec une chanson chargée et quelques effets électroniques ajoutant de la tension, mais aussi avec une mélodie quand même fort réussie. Quelqu’un qui n’a jamais entendu la voix de Tommy Walter pourrait avoir besoin d’un certain temps d’adaptation, mais une fois qu’on s’y fait, ça a un charme qui fait partie intégrante de la musique d’Abandoned Pools. Plus directe, Mercy Kiss est le second extrait de l’album, mais ne nous marque pas autant que The Remedy.

En revanche, Start Over est un véritable incontournable de cet album. Délaissant le rock plus agressif pour quelque chose de plus doux et émotif, le chanteur laisse aller sa vulnérabilité et ça marche vraiment. Ce n’est pas pour rien que cette chanson concluait avec brio Clone High, une série pourtant humoristique qui a opté pour une fin larmoyante.

Après cette parenthèse émotive, on revient à la lourdeur et l’intensité avec Monster. Le début se fait trompeusement modéré pour mieux exploser après 1 minute. La chanson est particulière dans la mesure où elle prend un certain temps à devenir accrocheuse, mais chaque refrain semble plus efficace que le précédent, et ce, sans qu’on puisse vraiment expliquer pourquoi. Par contre, Blood ne perd pas de temps avec ses mélodies solides. L’énergie est aussi plus modérée que la plupart des autres, permettant de mieux apprécier les nuances de la chanson. Suburban Muse est aussi dans la même veine, mais plus égale… et avec des sons d’oiseau en début de chanson? Sunny Day y va quant à elled’une chanson plus énergique, tout de même réussie, mais qui incorpore des éléments superflus dans la seconde moitié, qui sont plus une distraction qu’autre chose.

De retour à la lourdeur avec L.V.B.D. (selon les paroles du début de la chanson, on devine que l’acronyme est pour «Little Virgin Baby Doll»). Les riffs sont solides, mais on doit reconnaître que malgré tous ses ses efforts, la voix du chanteur ne correspond pas tout à fait au niveau d’intensité de la musique. Et malgré son titre, Ruin Your Life est une chanson presque chill out. C’est surprenant, mais ça se prend quand même bien! Never aussi se prend bien, avec son énergie à la limite de la berceuse folk.

Seed penche particulièrement du côté de la musique industrielle, surtout en début de piste. Par la suite, il y a quelque chose de très grunge dans son énergie, alors qu’on imagine presque Nirvana à l’œuvre ici. C’est Fluorescein qui conclut l’album avec une chanson en apparence modérée, mais qui a envie de prendre de l’expansion. C’est effectivement ce qui se passe dans les refrains, particulièrement puissants, une bien belle façon de finir un album avec force.

Humanistic est loin d’être un album sans failles, mais il ne sonne pas du tout comme un premier album, montrant plutôt le registre et la maturité musicale d’Abandoned Pools. Dur de croire que l’album a été enregistré dans l’appartement de Walter! On ne se cache pas qu’il y aussi une part de nostalgie dans cette appréciation qu’on fait de cette musique plus de 20 ans plus tard, mais on s’assume et on trouve dommage qu’il soit si difficile de mettre la main sur cet album qui a somme toute plutôt bien vieilli.

À écouter : The Remedy, Start Over, Fluorescein

8,0/10

Par Olivier Dénommée


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