Underwater – Ludovico Einaudi

Sorti le 21 janvier 2022

Quand on atteint le niveau de popularité de Ludovico Einaudi dans le registre de la musique instrumentale minimaliste et introspective, il devient facile de s’y perdre, surtout quand les services de streaming décident de surutiliser ses compositions de toutes les façons possibles pour les utilisateurs les écoutent. Cela donne des faux EP comme Reflections, paru plus tôt en 2024, mais il y en a eu beaucoup d’autres venus avant comme après. Ainsi, après le massif album en 7 parties Seven Days Walking en 2019 (que l’on n’a pas encore fini de couvrir au moment d’écrire ces lignes), il faut véritablement attendre à 2022 pour avoir droit à un album de nouveau matériel de Einaudi, soit Underwater, berçant opus où il revient à l’essentiel : le piano et rien d’autre.

Seven Days Walking était parti d’une idée intéressante, d’enregistrer différentes versions des mêmes compositions dans un cours laps de temps, mais les nombreuses répétitions et les variations pas toujours si différentes a rendu l’expérience plus lourde au fil de nos écoutes. De revenir à quelque chose de minimaliste était donc bienvenu.

Si Einaudi a toujours eu un talent naturel pour les morceaux doux et berçants, il assume plus que jamais ce registre, particulièrement en début d’album : Luminous, Rolling Like a Ball, Natural Light, Almost June, toutes sont à déguster les yeux fermés. Même Indian Yellow, et plus tard Temple White, qui se montrent (légèrement) plus énergiques, demeurent sensiblement dans le même registre de la douceur toujours efficace. On a aussi droit à une légère Nobody Knows presque enjouée.

Une des exceptions les plus flagrantes est assurément Flora, qui opte pour quelque chose de tantôt plus modal, tantôt plus tendu et de plus en plus rapide, même si le résultat est aussi très réussi. Swordfish alterne aussi entre deux énergies, la douceur et une certainement tension. Cela nous convainc toutefois un peu moins. Wind Song et Atoms s’assument quant à elles pour la totalité de la pièce, offrant un musique plutôt sombre, mais aussi agréable à écouter.

Règle générale dans les albums de Ludovico Einaudi, ses pièces-titres sont souvent des inconcournables. On pense spontanément à Le Onde et I Giorni, qui sont demeurées des compositions phares de sa vaste discographie. Cette fois, Underwater, qui conclut l’album de 48 minutes, est très loin de faire partie des morceaux les plus mémorables. Pas qu’elle est particulièrement mauvaise, mais elle n’a absolument pas la même magie que les autres. Tant pis, on ne peut pas réussir à tous les coups!

Aucun doute, l’album Underwater fait du bien à l’âme à écouter. Il est confortable à souhait et n’est pas là pour nous brusquer d’une quelconque manière. Tous les albums n’ont évidemment pas à faire cela pour être bons, mais Einaudi nous a certainement habitués à un peu plus d’audace au fil des années. Ce n’est pas pour rien qu’on cite encore son album de 2013, In a Time Lapse, comme référence du meilleur de sa musique.

À écouter : Rolling Like a Ball, Indian Yellow, Natural Light

7,4/10

Par Olivier Dénommée