Sorti le 25 août 2023

Le deuxième album de Charlotte Cardin, 99 Nights, a connu un grand succès, autant à sa sortie que dans plusieurs listes de fin d’année et le succès se poursuit avec différentes nominations pour des prix prestigieux. On n’avait donc pas le choix de nous rattraper et d’y prêter une oreille afin de conclure par nous-mêmes si ce buzz était justifié ou non.

Un rappel pour commencer : Phoenix, son premier album, ne nous avait pas particulièrement convaincu malgré les bons éléments qui s’y trouvaient. L’album était un peu long et manquait ainsi de cohésion à notre avis. 99 Nights n’est pas beaucoup plus court, mais assez pour sentir qu’on va davantage à l’essentiel. Charlotte Cardin a aussi gagné en expérience entre les deux sorties, ce qui s’entend dans plusieurs chansons.

Puppy ouvre l’album, avec une musique chargée, mais qui met bien en valeur la voix pleine de sensualité de la chanteuse. C’est efficace et ça s’écoute tout seul, mais sans amener la chanson au point d’être mémorable comme ses meilleures compositions. Elle est suivie d’Enfer, seule piste avec du français (et non en français, nuance!) : seul le refrain est chanté dans cette langue, une petite rétrogradation par rapport au précédent album qui avait une chanson complète en français. Mais ce qui fait le plus mal est l’interprétation vocale douteuse, alors qu’on peine à comprendre la majorité des paroles, ce qui est encore plus vrai quand on entend le featuring de Skiifall. La chanson a droit à quelques rythmes entraînants, mais ce n’est vraiment pas assez pour nous convaincre.

Nous voilà à Confetti, qui est en nomination pour la meilleure chanson (Single of the Year) aux Junos en 2024. L’efficacité de son refrain à lui seul justifie cette nomination, mais c’est à peu près tout. Le reste, sans être mauvais, n’est pas du tout dans le même ton et est loin d’être aussi mémorable. Même le post-chorus est un peu décevant, même si on devine que les rythmes dansants de la chanson cartonnent dans les clubs depuis sa sortie. Mais si on nous demandait si Confetti était la meilleure toune de 2024, on répondrait que ce n’est même pas la meilleure toune de l’album. On y reviendra!

On a déjà parlé de la sensualité dans la voix de Charlotte Cardin, mais elle crinque ça à 11 dans Way Back. Au cas où ça ne l’était pas assez, on amène même du sax. Un peu comme Puppy, la chanson est parfaite pour mettre dans un mood, mais ne se démarque pas spécifiquement des autres par ses mélodies. Elle est suivie de Jim Carrey, une explosition d’énergie contagieuse qui reste, au contraire, immédiatement en tête. C’est d’ailleurs le quatrième et dernier single de l’album, qui aurait à notre avis davantage mérité le titre de single de l’année que Confetti. Notons quand même que la chanson doit quelque peu sortir Charlotte Cardin de sa zone de confort, elle qui est généralement associée à un registre plus feutré.

Après une chanson aussi énergique, How High paraît presque endormante, mais elle contient des éléments pourtant très réussis. Légèrement plus upbeat, Somebody First manque comme bien d’autres d’un élément qui la rendrait incontournable. Les quelques vocalises à la toute fin de la chanson ne sont pas assez pour ça. On a ensuite droit à un autre extrait, la chanson-titre 99 Nights. Un peu comme Jim Carrey, on sent que Cardin sort un peu de ses pantoufles ici. D’ailleurs, on ne reconnaît pas sa voix pendant une bonne partie de la chanson, mais le résultat d’ensemble (qu’on oserait comparer avec du Foster the People avec un peu moins de synthés) demeure très réussi. Et même si on change drastiquement de registre juste après, Someone I Could Love offre certaines des mélodies les plus efficaces de l’opus. La simplicité rapporte parfois, dommage que la chanson n’ait jamais été particulièrement mise de l’avant!

On avoue ne pas comprendre comment Looping est devenu le deuxième extrait de l’album. La chanson ne lève jamais vraiment et les effets de «loop» pour accentuer le titre de la chanson n’ajoutent franchement pas grand-chose. On passe vite à la suivante : Daddy’s a Psycho, qui a un titre un peu étrange, mais un sujet plus sérieux et surtout une musique solide. Le dernier mot revient à Next to You, douce chanson piano-voix comme on les aime, mais pas sans une subtile montée qui se fait entendre pour une bonne partie de la chanson, jusqu’à vraiment lever dans la dernière minute. Évidemment, le procédé est prévisibile à l’os, mais il est toujours aussi réussi, alors on peut dire que ça conclut l’album sur une assez bonne note.

L’album 99 Nights souffre encore de certains défauts qu’on avait relevés dans Phoenix, mais dans l’ensemble il se défend très bien, avec quelques chansons vraiment incontournables et plusieurs pistes qui s’écoutent sans problème lorsqu’on est dans le bon mood. Après, est-ce qu’on pense que c’est LE meilleur album paru au Canada dans la dernière année? Vous connaissez déjà notre réponse, n’est-ce pas?

L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp de Charlotte Cardin.

À écouter : Jim Carrey, 99 Nights, Someone I Could Love

7,9/10

Par Olivier Dénommée