Lover. Fighter. – SVRCINA

Sorti le 5 février 2016

Après avoir entendu quelque part une chanson de la chanteuse américaine SVRCINA (prononcé Sur-Cee-Nah, apprend-on), on a décidé de se pencher un peu sur sa discographie, alors qu’on dit d’elle qu’elle a commencé très jeune, à 13 ans, sa carrière professionnelle. Elle a lancé un premier EP en 2016, à 19 ans, sous le nom SVRCINA. Et le titre Lover. Fighter. résume particulièrement bien cet enregistrement.

Le mini-album de 19 minutes contient 5 chansons et deux thèmes récurrents sont bien en évidence : l’amour, bien sûr, sujet universel et inépuisable, mais aussi la notion de combat, alors que les mots sont soigneusement choisis pour refléter ce champ lexical. On ne sait pas si on peut parler d’album concept à proprement parler, mais ce constat n’en est pas moins intéressant à faire. Musicalement, on est résolument dans la pop, mais on touche à différentes sous-genres. Les éléments électroniques sont très présents, mais on a aussi droit à des chansons très rock, voire pas très loin du registre métal. Cela donne des résultats intéressants.

C’est la chanson-titre Lover. Fighter. qui ouvre le bal et elle résume à elle seule les thèmes du EP : «I wanna fight for love», répète-t-elle sous différentes variations au fil de la chanson. Musicalement, on offre plusieurs variations d’énergie assez importantes, donnant l’impression qu’on a affaire à un patchwork un peu inégal de plusieurs styles. Le bout plus réussi à notre avis arrive à 2 minutes, où les arrangements chargés laissent place au piano, mettant ainsi sa voix pleinement en valeur. Ça ne reste évidemment pas, mais ça mène quand même à un dernier refrain plutôt réussi.

Showdown s’assume dans un registre plus précis, mais on ne peut pas dire que ça a bien vieilli. On n’a pas d’exemple précis en tête, mais il nous semble ce style de pop très agressive avec très peu de nuances faisait rage au milieu des années 2010, ce qui explique ce choix artistique. Mais comme on n’a jamais particulièrement apprécié ce registre, on passe volontiers à la suivante. Notons quand même le registre combatif des textes, qui ne font pas trop dans la nuance non plus.

Puis vient Battlefield. Bon, elle n’est pas plus subtile dans le champ lexical, mais la musique, elle, est un petit bijou. Plus émotive, la chanson laisse place à des arrangements qui montrent une certaine vulnérabilité de la part de SVRCINA. Le classique combo piano-violon rate rarement sa cible, surtout lorsqu’ils viennent en appui à une solide mélodie vocale, où la chanteuse est à son meilleur. On change de ton après 1min40, optant pour une énergie plus lourde. On avait quelques réserves au début, mais les refrains suivants arrivent avec succès à combiner le meilleur des deux mondes, avec une énergie lourde et percussive, sans sacrifier l’émotivité de la chanteuse, alors que les cordes continuent de faire de la magie en arrière. C’est sans surprise la chanson la plus écoutée de son EP, mais apparamment aussi de toute sa discographie.

Après une chanson aussi forte, bonne chance à ce qui suit et Burning Heart fait de son mieux avec une énergie pas très loin d’une ballade qu’un groupe de métal symphonique aurait pu composer. C’est même très réussi si on oublie certains effets inutiles ajoutés dans la voix, qu’on remarque juste après le premier refrain, et qu’on ne porte pas trop attention au segment menant au dernier refrain. La chanson aurait probablement été plus solide si on avait simplement coupé la dernière minute.

Le EP se conclut avec No Matter What They Say, qui a l’avantage de nous livrer quelque chose d’assumé. Au fil de notre écoute, on a senti que l’artiste voulait toucher à différents registres en même temps, alors qu’ici, on est sans contredit dans la pop. Les mélodies sont accrocheuses, les arrangements sont énergiques, la chanson dans son entièreté est bien construite sans véritable faiblesse. Étrangement, la chanson n’a jamais semblé connaître de succès particulier, peut-être parce qu’elle se détache un peu trop de son registre habituel, du moins dans Lover. Fighter., mais la chanteuse paraît bien plus dans son élément dans No Matter What They Say que dans la plupart des chansons du bref EP.

Que retient-on de notre écoute de ce premier EP de SVRCINA? Déjà, notons que malgré son relatif jeune âge à l’époque, elle a su livrer quelque chose d’assez intéressant, même si cela manquait par moments de cohésion. Du lot, seule Showdown nous agace vraiment, les autres proposent toutes quelque chose qui montre son talent brut et son potentiel pour la suite. Après, ce n’était certainement pas nécessaire de se forcer pour parler du même thème dans toutes les chansons, mais on devine qu’elle a appris sa leçon depuis!

À écouter : Battlefield, No Matter What They Say

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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