Screen Violence – Chvrches

Sorti le 27 août 2021

Après la sortie de l’album Love Is Dead – qui ne nous avait pas convaincu – le trio de synth-pop écossais Chvrches est revenu en 2021 avec son 4e album, Screen Violence. Créé à distance en pleine pandémie, le thème des écrans s’est un peu imposé de lui-même. Quant aux compositions, on continue d’y aller dans un registre plus accessible, ce qu’on dénonçait déjà précédemment.

Il faut dire que l’on suit Chvrches depuis The Bones of What You Believe, son premier album paru en 2013, qui mêlait habilement des synthés parfois agressifs et des mélodies accrocheuses. Chaque album par la suite est devenu un peu plus accessible. Ce n’est évidemment pas un crime et ça a permis d’élargir le public, mais le groupe risque de perdre un peu de son edge en allant dans cette direction.

La première piste de Screen Violence est Asking for a Friend. La douceur initiale de la chanson tranche avec les segments plus intenses qu’on entend ici et là, nous rappelant avec plaisir les sonorités entendues du 2e album Every Open Eye. La chanson est toutefois un peu plus longue que nécessaire, elle qui dépasse la barre des 5 minutes; quelque chose de plus punché aurait eu un meilleur effet.

On embrasse le côté pop avec He Said She Said, premier extrait de l’album, et c’est fait avec brio : la musique est convaincante, les mélodies restent en tête et les textes ont de quoi faire réfléchir. Ça n’a pas exactement le mordant des débuts, mais on ne pouvait pas demander plus pour nous rassurer que le groupe n’avait pas dit son dernier mot. La suivante, California, sort moins du lot, mais reste agréable à écouter.

Violent Delights nous propose quelque chose de rythmé et intense à souhait, avec quelques accalmies qui aident à accentuer les portions plus chargées. On a toutefois affaire à une autre chanson dépassant les 5 minutes, ce qui s’explique par le pont chanté par Martin Doherty plutôt que par la chanteuse Lauren Mayberry, qu’on entend dans le reste de l’album. Le début ne nous convainc pas particulièrement, mais la deuxième moitié du bref segment laisse place à un petit build-up menant à un refrain encore plus fort par la suite. Mais comme la chanson est déjà assez longue, on aurait simplement raccourci d’une quinzaine de secondes la fin.

Autre single, How Not to Drown propose un duo avec Robert Smith (The Cure). La chanson n’est pas inintéressante (et la simple présence de Robert Smith lui donne une toute autre énergie), mais il on n’a pas l’impression d’entendre du Chvrches alors que les synthés sont beaucoup trop discrets jusqu’à presque la moitié de la piste! Comme pour se rattraper, le groupe étire la chanson avec un segment essentiellement instrumental, ce qui n’était, une fois de plus, pas nécessaire selon nous. Quant à Final Girl, on a des sentiments partagés alors qu’elle contient à la fois des passages très forts, mais aussi beaucoup de longueurs. On se ressaisit heusement dans le troisième extrait Good Girls, puis Lullabies, qui vont toutes deux droit au but sans étirer la sauce.

Nightmare nous ramène avec un certain succès à un côté plus sombre du groupe. Celle-ci nous fait penser à la musique de la chanteuse Svrcina (tiens, une autre qui a un V qui se prononce U dans son nom!). Enfin, l’album se termine avec Better If You Don’t, faisant le choix audacieux de mettre de l’avant la guitare. Les synthés ne sont toutefois jamais très loin, mais cela reste une finale pour le moins étrange, surtout qu’on ne nous fait pas de surprise à la fin!

Screen Violence est loin d’être un album parfait, mais il corrige certaines lacunes de Love Is Dead et c’est essentiellement tout ce qu’on lui demandait. L’album reste agréable à écouter et on apprécie particulièrement les chansons qui nous ramènent aux belles années du trio.

Version deluxe : Director’s Cut

Quelques mois après la parutuon de Screen Violence, d’autres versions ont vu le jour, dont la Director’s Cut, contenant 3 pistes de plus. On a ainsi droit à la lourde Killer, à l’énergique Screaming, et à la tendue (mais très percussive) Bitter End. Du lot, Screaming est de loin la plus efficace et aurait aisément mérité sa place sur l’album régulier, voire une place comme extrait si quelqu’un nous avait demandé notre avis. Bitter End est aussi assez solide pour qu’on se demande pourquoi elle n’a pas été retenue. En fait, on se surprend se constater que les chansons bonus sont meilleures que bien d’autres de Screen Violence. Il est rare qu’on le dise, mais ce coup-ci, si vous devez faire un choix, sautez sur la version Director’s Cut sans hésiter!

À écouter : He Said She Said, Violent Delights, Good Girls // Director’s Cut : Screaming

7,4/10 (régulier) // 7,7 (Director’s Cut)

Par Olivier Dénommée


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