Punisher – Phoebe Bridgers

Sorti le 18 juin 2020

Après le succès de son premier album Stranger in the Alps, Phoebe Bridgers est vite devenue un nom incontournable de la scène indie rock américaine, multipliant les collaborations et joignant deux autres projets musicaux avant de lancer son 2e album solo, Punisher, en 2020. Si 3 ans ont passé entre les deux sorties, on reconnaît tout de suite sa signature qui n’a pas du tout bougé.

Il faut dire que certaines des compositions de Punisher datent d’avant même la sortie de Stranger in the Alps, ce qui explique l’impression que l’album est en quelque sorte une continuité du premier, mais avec des moyens beaucoup plus grands et davantage d’expérience. Après une intro instrumentale DVD Menu, on passe rapidement à l’extrait Garden Song, décrite comme la chanson-phare de l’album. Simple et minimaliste dans sa forme, elle laisse la place aux textes de la chanteuse. Cette formule fait le succès de Bridgers, mais on préfère des morceaux plus chargés (et énergiques) comme la suivante, Kyoto, qui arrive à ne pas sacrifier les paroles ambiguës dont elle a le secret.

La chanson-titre Punisher frappe aussi fort, avec sa musique vaguement lugubre et ses mélodies déprimantes, suivie d’une planante Halloween qui n’a toutefois pas le même mordant et de Chinese Satellite, jouant aux montagnes russes avec différentes intensités, dont certaines franchement réussies. La ballade Moon Song est surtout mémorable pour ses paroles, faisant des références à Eric Clapton et à John Lennon, mais la chanson ne lève que dans le dernier segment, ce qui est un peu trop tard. C’est plus réussi dans la valse Savior Complex, sans toutefois se tailler une place parmi les chansons les plus mémorables de l’opus selon nous.

ICU insuffle une dose d’énergie bienvenue, sans toutefois réinventer la roue, mais Graceland Too offre un vibrant hommage à la musique country et bluegrass qu’elle apprécie et offre un clin d’œil au passage à Elvis Presley. Évidemment, des artistes spécialisés dans ce registre font déjà la même chose, voire en mieux, mais le banjo rend étrangement justice à la voix de Phoebe Bridgers et ça ajoute une variété loin d’être désagréable à cet album. La conclusion revient à I Know the End, débutant tout doucement pour laisser place à un build-up très convaincant, qui pousse toutefois la note un peu plus loin que nécessaire dans la dernière minute où les cris et les sons saturés prennent toute la place. Mais on ne peut pas dire qu’elle ne finit pas son 2e album avec force!

On comprend le buzz entourant Phoebe Bridgers pour la force de ses textes, même si ce n’est pas quelque chose qu’on écoute avec autant d’attention, et on apprécie l’album Punisher pour son dosage, permettant de l’écouter dans un autre mood que la déprime complète (même si c’est probablement un bonus!). Plusieurs ont classé cet album dans leur top de 2020 et ça ne nous surprend pas vraiment, et avec du recul il aurait possiblement pu faire partie du nôtre.

Cet album est notamment disponible sur Bandcamp.

À écouter : Kyoto, Punisher, Chinese Satellite

8,1/10

Par Olivier Dénommée


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