Internet Drama – Lubalin

Sorti le 22 décembre 2020

Si le nom du Montréalais Lubalin n’est peut-être pas connu de tous, il y a de bonnes chances que vous ayez entendu de la musique où il a participé ces dernières années, lui qui a notamment collaboré avec Charlotte Cardin. Mais ce qui l’a mis sur la carte est possiblement sa série TikTok Internet Drama en 2020, culminant avec un très bref album du même titre de 7 chansons en… 6 minutes!

Pour la petite histoire, la série Internet Drama a amené le musicien à prendre des screenshots de discussions étranges ou de titres de questions sur différentes thématiques sur Yahoo, généralement bourrées de fautes, et de les chanter mot à mot sur une musique accrocheuse. C’est tellement simple, mais aussi tellement drôle et 2020 était l’année parfaite pour ce genre d’humour.

Prenons la première piste, Internet Drama Part 1 (is this available?) : Lubalin nous relate une histoire qu’à peu près tout le monde qui a cherché à faire des achats auprès d’une autre personne sur Internet. «Good evening, is this available? / Yes it is / Please leave me alone, we are sleeping». Et ainsi de suite jusqu’à ce que la première personne menace d’appeler ses avocats. Le tout, sur une musique de piano gagnant graduellement en intensité pour la fin qui vient très rapidement. Niaiseux, mais efficace! Le sujet de Internet Drama Part 2 (she stole my broccoli) est encore plus étrange, lui qui relate une discussion animée au sujet d’une certaine Caroline qui a volé une recette il y a 8 ans… C’est franchement plus long à expliquer que de juste écouter la chanson, qui dure 48 secondes. C’est là qu’on doit dire que les chansons prennent tout leur sens lorsqu’elles sont écoutées dans la vidéo, où il est possible de lire les textes desquels sont tirés les paroles. Cela reste comique, mais pas aussi punché que quand on a le contexte complet sous les yeux.

Et que dire que Internet Drama Part 3 (I just need butter)? Il s’agit d’une demande incroyablement spécifique d’une personne qui a besoin de beurre à une heure et un endroit précis, et qui ne veut surtout pas de contact avec la personne qui sera assez gentille pour répondre à sa demande. «I don’t wanna meet people / I don’t want new friends / I just need butter» sont des paroles qu’on n’aurait jamais imagnées dans une chanson, mais qui ont étrangement leur place ici. Internet Drama Part 5 (1,500 pound horse) (note, le Part 4 n’est pas dans l’album, pour une raison qu’on ignore) est un autre bijou de conversation qui ne va nulle part, finement transportée par le musique pop de Lubalin. Car même si cet album sert à rigoler, c’est aussi une belle carte de visite pour ne rappeler de quoi il est capable.

On a même droit à un featuring dans cet album, de nulle autre que Charlotte Cardin, sur Internet Drama Part 6 (can u get pregante…?) (oui, «pregante» est écrit comme ça et de beaucoup d’autres façons à travers cette chanson aussi efficace que divertissante). Un incontournable de cet album, ne serait-ce que pour apprécier la chimie entre les deux chanteurs.

La chanson est suivie, vous l’aurez compris, de Internet Drama Part 7 (do you wash your legs), un important débat de société sur l’importance de laver ses jambes dans la douche. Le seul moment de trop est la fin, qu’on aurait simplement coupée. C’est drôle de dire qu’une chanson de 59 secondes a 20 secondes en trop, mais c’est tristement le cas – la fin est liée à la vidéo, qui perd son sens sans le visuel. Cela nous amène à la finale, qui va un peu ailleurs avec Kid Drama Part 1 (dear diary). Comme ça ne volait pas très haut dans le niveau de texte des autres chansons, on ne se sent pas trop dépaysé de lire un texte d’enfant, le tout sur fond rock sympathique. Mais à 39 secondes, ça se passe trop vite! C’est un autre défaut des chansons trop courtes, mais ça reste efficace!

On n’a pas vérifié, mais Internet Drama est fort possiblement le plus court album qu’on ait eu à critiquer (ce n’est toujours pas clair si on parle d’album ou de EP ici, mais même comme EP c’est très bref!) et disons que ça ne prend pas beaucoup de temps avant de se faire une tête sur cette sortie! Le concept est génial et on peut se péter un peu les bretelles de dire que c’est un Québécois qui a pensé à le faire. Vu leur format, les chansons sont extrêmement prévisibles musicalement, mettant plutôt l’accent sur les paroles farfelues et la voix de Lubalin. Ça se défend plutôt bien, mais on ne recommanderait pas d’écouter ces chansons en boucle trop longtemps, car à 6 minutes, on revient assez vite à la même toune, disons! Vous allez aussi mieux l’apprécier à petite dose, croyez-nous.

Ce bref album est diponible sur la page Bandcamp de Lubalin.

À écouter : Internet Drama Part 1 (is this available?), Internet Drama Part 3 (I just need butter), Internet Drama Part 6 (can u get pregante…?)

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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