Beautifully Ordinary – Tones and I

Sorti le 2 août 2024

Jusqu’à il y a quelques jours, on n’a jamais entendu parler de Tones and I, le nom de scène de l’Australienne Toni Watson, mais en tombant sur son 2e album Beautifully Ordinary, on regrette de ne pas l’avoir découverte plus tôt avec sa pop franchement efficace.

L’album ouvre tout en douceur sur To Be Loved, mais la chanson laisse place à un build-up particulièrement puissant et émotif. Le sujet, très d’actualité, est aussi surprenant pour une chanson qui a été retenue comme single (notons quand même que c’est le 5e extrait de l’album, et il n’a pas été lancé avant la sortie de l’album), mais on pense que l’artiste a fait un bon choix. Lose Someone Like Me est un peu dans la même veine, avec un niveau de vulnérabilité similaire, mais avec le crescendo légèrement moins solide que la précédente chanson. C’était quand même un choix risqué de sa part de mettre ces 2 chansons similaires une après l’autre.

Ce n’est qu’à I Get High que l’on gagne vraiment en énergie, mais Tones and I se défend tout aussi bien dans ce registre avec une musique commerciale, mais aussi plutôt accrocheuse. Mais la piste dure exacte 4min20, est-ce une simple coïncidence, surtout que la chanson contient, malgré son efficacité, quelques petites longueurs ici et là? On reste dans le registre de la pop contagieuse avec We’ll See Stars. Normalement, on aime un peu moins les mélodies trop chargées ou rapides, mais celle-ci se défend plutôt bien. Avec un tel titre, Dance with Me coche à peu près toutes les bonnes cases avec une construction efficace et un refrain simple mais très efficace, où elle pousse juste un peu plus la note pour nous rappeler de quoi elle est capable.

Après plusieurs chansons fortes, Figure It Out manque un peu de mordant, et ce, malgré les parties plus fortes comme ceux avec une chorale en accompagnement. Entendons-nous, il s’agit de la 6e chanson de l’album, alors c’est somme toute très bon signe! S’ensuit Wonderful, un excellent retour aux ballades émotives, pour ensuite mieux revenir à une Raise Me Up plus langoureuse, mais légèrement plus prévisible que ce qu’on aurait voulu.

Le premier extrait de l’album est Dreaming et on se surprend de ne pas du tout accrocher sur la chanson. La musique, minimale, est surtout percussive et laisse ainsi toute la place à la voix de Tones and I, qui ne livre rien de spécialement envoûtant ici. On trouve toujours ironique quand un artiste choisit sa pire chanson ou presque pour en faire son «lead single» et c’est malheureusement le cas ici. You Don’t Know Me Like That ne nous convainc pas vraiment plus, mais John Doe est davantage inspirée que les précédentes, sans être au niveau des chansons du début de l’album. Sorrento revient à la douceur, troquant le piano comme instrument principal pour la guitare ici, mais ce sont vraiment les mélodies de la chanteuse qui volent la vedette, surtout durant les refrains. Une fois de plus, la simplicité faire des miracles!

Il ne faut pas confondre Need You to Love Me avec To Be Loved, 2 chansons aux titres similaires, mais si la musique de Need You to Love Me commence avec émotion, on passe vite en mode «club» avec de la musique très dansante. On comprend l’idée, mais avec ses arrangements elle sonne plus comme un remix qu’une vraie chanson de Tones and I! Plus modérée, Only One manque quelque peu de magie malgré ses bons éléments. Et Live Without Your Love (coudonc, les titres qui veulent dire la même chose!) offre une énergie intéressante, mais manque de lignes plus mémorables pour l’amener au niveau supérieur. L’album se conclut sur Call My Name, qui ressemble à une version moins accrocheuse de Blinding Lights de The Weeknd. Ce n’est pas désagréable, mais il y a tellement de bonnes chansons en début d’album que Tones and I aurait eu amplement le choix pour conclure avec plus de force.

Mine de rien, Beautifully Ordinary dépasse la barre des 60 minutes. C’est donc un album extrêmement costaud (et c’est sans parler d’une version deluxe qui pourrait potentiellement exister dans le futur), mais qui s’écoute tout de même excessivement bien. Cela reste de la pop et de l’indie-pop et nos critiques viennent avec des dizaines d’écoutes de chaque chanson, nous amenant à chercher les moindres faiblesses de chaque piste et les similarités avec les autres canons pop qui nous inondent les oreilles ces dernières années. On peut donc conclure que Toni Watson s’en tire plutôt bien! Ceci dit, on peut déplorer le début de l’album très fort, laissant les chansons moins mémorables vers la fin, une erreur fréquente à laquelle elle n’échappe évidemment pas. Il aurait été plus efficace de couper ses maillons faibles, ce qui aurait aussi réglé le «problème» d’un album trop long et qui aurait influencé à la hausse notre note et qui l’aurait aisément placée parmi les meilleures sorties de 2024. Malgré tout, avouons qu’on a eu bien de la difficulté à choisir seulement 3 chansons à écouter : l’album dans son entièreté mériterait une bonne écoute si vous avez une petite heure à consacrer à de la nouvelle musique.

À écouter : To Be Loved, Dance with Me, Sorrento

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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