Sorti le 14 mai 2007

Quand on pense à la discographie de Linkin Park, c’est reconnu de façon assez universelle que les 2 premiers album, Hybrid Theory et Meteora, sont les meilleurs, mais c’est davantage matière à débat pour ceux qui ont suivi. Replongeons-nous dans les différents albums du groupe, à commencer par le 3^e album, Minutes to Midnight, sorti en 2007 après une pause de 4 ans et marquant un premier virage musical majeur.

Déjà, entendons-nous : Minutes to Midnight n’est pas du tout dans la même ligue du côté des chansons qui sont restées dans l’imaginaire collectif. Le lead single est What I’ve Done, une bonne chanson, mais qui n’a rien à voir avec les In the End ou Numb des albums précédents par exemple. L’album expérimente aussi davantage avec différentes énergies, délaissant le nu metal sur plusieurs pistes. Cela lui sourit à quelques occasions, mais évidemment pas tout le temps.

L’instrumental Wake tente de bâtir une certaine ambiance en début d’album, mais on finit plus souvent qu’autrement par simplement la sauter. C’est donc avec Given Up que l’album démarre vraiment. La chanson est intense et agressive à souhait (tout particulièrement dans le dernier tiers), mais peine à livrer des mélodies vraiment mémorables, même si la chanson a été retenue comme extrait. Cette intensité tranche encore plus avec la relative douceur et le côté émotif bien senti de Leave Out All the Rest. C’est bien dans ce registre que la voix du chanteur Chester Bennington brille le plus.

Cet album laisse davantage de place à Mike Shinoda, chanteur secondaire/rappeur au sein du groupe, et cela s’entend notamment dans Bleed It Out, où on a droit à une alternance des voix, mais sans l’efficacité d’une In the End… Promis, on ne va pas répéter à chaque chanson que c’est moins bon que ce qui a été fait avant, mais c’est malheureusement un constat qu’on peut faire assez fréquemment ici – c’est la malédiction d’avoir produit 2 albums aussi forts dès le début de leur carrière, ce qui veut dire que ça ne peut pratiquement aller qu’en descendant par la suite.

On change à nouveau d’énergie, allant vers la ballade avec Shadow of the Day. C’est possiblement notre préférée de l’album, avec comme seul bémol la fin, avec essentiellement 45 secondes de trop. On ne comprendra jamais ce qui amène un groupe à ajouter volontairement des passages qui peuvent gâcher pour plusieurs la chanson, mais c’est la vie! La suivante, What I’ve Done, a l’avantage de réussir à livrer une chansons réussie mélodiquement tout en gardant un côté rock plus assumé. Par contre, Hands Held High est une très étrange chanson : Shinoda prend les devants à nouveau, mais sur une chanson solennelle avec des refrains où le groupe répète simplement «Amen». On n’est pas trop surpris d’apprendre que la chanson a été tournée en ridicule à sa sortie, elle qui sort quand même beaucoup du cadre habituel de Linkin Park.

No More Sorrow revient à un son plus lourd, mais pas mémorable outre mesure à notre avis, suivie de la «douce» Valentine’s Day. Celle-ci nous surprend avec quelques mélodies inspirées et un build-up bien amené, et ce, même si la chanson n’a jamais largement circulé puisqu’elle n’a pas été retenue comme extrait. Et même si la suivante, In Between, contient quelques bonnes lignes, elle ne nous atteint pas autant qu’on aurait souhaité dans le registre plus doux de Linkin Park, possiblement parce que c’est Mike Shinoda qui chante, lui qui n’a décidément pas la même touche que Bennington… In Pieces ose un peu dans ses arrangements, livrant tout de même une chanson intéressante sortant des pantoufles habituelles du groupe, avec en prime un sympathique solo de guitare dans la dernière minute. Enfin, The Little Things Give You Away conclut cet album de 43 minutes avec une longue chanson étrange, y allant de plusieurs énergies très différentes les unes des autres. Certains segments sont plutôt réussis, mais ils ne suffisent pas pour compenser pour les longueurs, malheureusement. C’est donc une fin d’album assez faible pour cet album.

Après avoir longuement écouté Minutes to Midnight, on doit admettre que peu de chansons ont traversé le temps et se sont frayé une place dans la culture populaire. Certaines auraient certainement mérité un meilleur sort, mais dans l’ensemble il est évident que Linkin Park se cherchait et a testé certaines idées, avec un succès parfois mitigé. Mais à défaut d’être intemporelles, les meilleures chansons demeurent assez solides pour se tailler une place dans nos listes d’écoute.

À écouter : Leave Out All the Rest, What I’ve Done, In Pieces

7,7/10

Par Olivier Dénommée