Frankie Goes to Hamilton – Moonlight Desires

Sorti le 18 juillet 2014

Si on a écrit sur le matériel plus «récent» du groupe de covers Moonlight Desires (bon, le dernier EP est paru en 2020 et le plus récent album studio remonte jusqu’en 2017!), on a omis de commencer par le début! C’est aujourd’hui qu’on se rattrape en faisant un saut de 10 ans, soit en 2014, moment où le groupe ontarien Moonlight Desires a fait paraître son premier album, sympathiquement intitulé Frankie Goes to Hamilton (référence à Frankie Goes to Hollywood).

Pour la petite histoire, le chanteur du groupe est Trevor Ziebarth, jouant aussi sous le pseudonyme Ricky Butcher du groupe rock humoristique de Hamilton Sons of Butcher. Si SOB est surtout connu pour ses compositions très déjantées et souvent salaces, il a aussi enregistré quelques reprises, surtout des années 80 et dans certains cas remis à leur sauce. Les membres ont visiblement assez apprécié l’expérience des covers pour consacrer un groupe. Dans Frankie Goes to Hamilton, on retrouve ainsi Dave Dunham (qu’on peut entendre dans SOB mais aussi Don Vail) sur plusieurs pistes.

Bref, on a affaire ici à un concentré de nostalgie, assumée en version plus hard rock. La première piste est Moonlight Desires de Gowan, chanson qui a bien sûr donné le nom au groupe. Ce choix n’est d’ailleurs probablement pas étranger au fait que Gowan soit lui aussi ontarien! On ne peut pas dire que sa chanson a mal vieilli, au contraire de plusieurs chansons de ces années, mais la reprise lui donne une nouvelle fougue qui se prend très bien. C’est particulièrement vrai dans les refrains, moment fort de l’interprétation. Mais comme le groupe mise sur une bonne part de nostalgie, si la chanson originale nous fait peu d’effet, c’est difficile d’y parvenir avec la reprise. C’est notamment le cas de Circle in the Sand (Belinda Carlisle).

I Wanna Know What Love Is (Foreigner) a une place particulière dans notre cœur, parce qu’elle a fait partie des chansons qui ont été reprises par Sons of Butcher par le passé, mais de façon beaucoup plus brève et avec peu de sérieux. Ici, Moonlight Desires donne du pep à cette bonne vieille ballade au refrain toujours aussi jouissif à chanter à tue-tête. On peut dire qu’I Can Dream About You (Dan Hartman) avait besoin d’être quelque peu revampée, et c’est exactement ce que le groupe nous livre avec un refrain aussi efficace, mais sans les synthés datés. Mais comme on n’est pas particulièrement fan de Head Over Heels de Tears for Fears, la version de Moonlight Desires ne suffit pas à nous convaincre même si elle va davantage à l’essentiel (on parle quand même de 45 secondes de moins!).

On est loin de détester la relecture contagieuse de Everytime You Go Away (Paul Young), par contre c’est toujours difficile de reprendre Oh Sherrie de Steve Perry. Il y a de bons éléments, mais on ne rehausse pas autant le niveau que d’autres interprétations ici. Mais Missing You (John Waite) gagne vraiment en qualité avec cette version accélérée. Don’t Dream It’s Over (Crowded House) est toutefois une des chansons qui avaient le moins besoin d’une nouvelle version; Moonlight Desires a d’ailleurs peiné à véritablement l’améliorer. Au contraire, une nouvelle version de Always Something There to Remind Me (Naked Eyes) était plus que nécessaire, mais les arrangements plus directs et moins surchargés d’effets dévoile les faiblesses de la composition, qui n’a selon nous pas vraiment passé l’épreuve du temps. L’album se conclut avec Hold Me Now (Thompson Twins), une version plus énergique, mais qui ne suffit pas à nous convaincre. Le registre trop aigu dans le refrain n’est pas celui avec lequel Trevor Ziebarth semble le plus à l’aise!

À moins d’être mort en dedans (ou trop jeune pour avoir entendu les chansons), difficile de ne pas ressentir un certain plaisir coupable de réécouter ces chansons en version plus rock. Vu le large répertoire des années 80 disponible, on aurait probablement choisi certaines autres chansons que celles retenues par Moonlight Desires, mais on ne peut évidemment plaire à tous. Le groupe s’est d’ailleurs bien rattrapé avec son album suivant, habilement intitulé Just the Hits: 1981-1985, avec davantage de chansons vraiment intemporelles.

Vous trouverez cet album sur la page Bandcamp de Moonlight Desires.

À écouter : Moonlight Desires, I Wanna Know What Love Is, Everytime You Go Away

7,4/10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.