
Sorti le 27 septembre 2024
Même si on n’a pas écouté récemment la musique du Montréalais Leif Vollebekk, on a gardé quelques agréables souvenirs de son album Twin Solitude, paru en 2017. Depuis, la pandémie et le lockdown qui a suivi ont inspiré les chansons qui se retrouvent sur Revelation, son premier album studio depuis cette période trouble.
La recette n’est pas trop affectée ici : on retrouve rapidement l’indie folk inspiré de Vollebekk, qui se veut «simultanément spirituel et terre-à-terre, évoquant un profond sentiment d’introspection», peut-on lire, donnant un «résultat final à la fois organique et terrestre, intégrant des éléments naturels – l’eau, les constellations, la mortalité – à une méditation sur l’existence dans une réalité en constant changement». Les arrangements varient entre un folk minimaliste et quelque chose de plus cinématographique et chargé, donnant dans plusieurs cas quelque chose de très intéressant à écouter.
Notons que l’album de 11 pistes dure tout près de 54 minutes. On a donc droit à quelque chose d’assez chargé, ce qui ne nous déplaît pas trop! L’album ouvre sur Rock and Roll, très beau morceau avec une mélodie simple, mais des arrangements beaucoup plus touffus. On comprend donc très rapidement à quel genre d’album on a affaire ici.
Southern Star revient à quelque chose de plus «conventionnel», avec un côté country très assumé, mais aussi très réussi. Peace of Mind offre ensuite quelque chose d’un peu plus feutré au début, laissant place à un sympathique build-up au fil de la chanson. Puis, dans Surfer’s Journal, on a droit à une chanson plus légère centrée sur le piano, qui cache toutefois une montée vers quelque chose de plus orchestral vers la fin. Moondog s’approche possiblement le plus du «vieux» Leif Vollebekk, ce qui n’est pas mauvais, mais qui nous rejoint un peu moins que les arrangements plus élaborés du reste de l’album.
False-Hearted Lover est une chanson qui devient meilleure à chaque écoute, commençant très doucement, mais ajoutant petit à petit les éléments la rendant mémorable, dont l’ajout d’une voix féminine et des arrangements plus costauds, ajoutant de l’intensité à la chanson. Bref, la deuxième moitié de la piste nous amène ailleurs! On passe ensuite à la ballade folk avec Elijah Rose, comme toujours un exercice assez efficace, quoique peu surprenant. Puis, Mississippi nous propose un début minimaliste et planant, avant que les autres instruments (dont les percussions presque trop fortes) n’entrent aussi en scène.
De retour à un Vollebekk plus émotif le temps de Till I See You Again, ne cachant pas de lapin dans son chapeau, à l’exception de lignes de saxophones vers la fin, qui rendent le tout plus chaotique que nécessaire. L’album contient assez peu de faux pas, mais ce choix artistique était de trop ici. L’écoute se poursuit avec Sunset Boulevard Expedition, la chanson la plus longue de tout l’album avec plus de 8 minutes. C’est toujours risqué de faire une chanson trop longue, mais ici ça lui sourit plutôt alors qu’il n’y a aucune véritable longueur. Et même si on apprécie un peu moins la portion parlée vers la fin de la piste, elle demeure plutôt bien intégrée à l’énergie de la chanson. Cela aurait été la conclusion parfaite pour l’album, mais c’est plutôt Angel Child qui a ce privilège, ironiquement la plus courte de Revelation et une des moins mémorables. Drôle de choix de la part du musicien, à moins qu’il tente de rassurer certains fans qu’après cet album, il reviendra à un folk plus conventionnel?
On trouve que la seconde moitié de l’album est un peu moins forte que la première, un défaut que l’on remarque dans de nombreuses sorties, mais l’exercice dans son ensemble demeure somme toute assez réussi. Peut-être parce qu’on a entendu notre lot de musique indie folk par le passé, on sent vite qu’on a fait le tour, mais les arrangements plus recherchés d’une bonne partie des pistes ici donnent une dimension rafraîchissante aux chansons du Montréalais. Cela reste un album automnal, mais c’est aussi quelque chose d’agréable à écouter en roadtrip. En tout cas, on ne serait pas déçu si Leif Vollebekk décide de poursuivre, voire pousser davantage, dans cette même veine dans le futur.
L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Rock and Roll, Peace of Mind, Sunset Boulevard Expedition
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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