
Sorti le 29 avril 2022
Le groupe indie-folk The Heart and the Heart existe depuis déjà une quinzaine d’années, mais il avait essentiellement échappé à nos oreilles pour une raison qu’on s’explique mal. On a même critiqué le premier album de son ancien membre Josiah Johnson avant de se pencher sur le répertoire du groupe qui lui a permis d’ensuite voler de ses propres ailes. Comme il vaut mieux tard que jamais, on a écouté la 5e offrande studio du groupe originaire de Seattle, Every Shade of Blue.
La couleur bleue évoque pour plusieurs la mélancolie : on se permet donc d’espérer une touche de folk déprimant, et c’est exactement dans cette talle que la chanson-titre Every Shade of Blue nous amène, sans complètement mettre de côté une certaine énergie associée à l’indie-folk. Le dosage entre les 2 facettes (avec en prime plusieurs lignes de cordes bien senties) est particulièrement à point et ça commence l’exercice en force. Et bon choix du groupe d’avoir fait de cette chanson son lead single.
Elle est suivie d’une Tiebreaker qui penche davantage du côté de l’indie-rock, et qui nous laisse des sentiments partagés entre des refrains très solides et des couplets qui le sont beaucoup moins, principalement à cause de la voix de Charity Rose Thielen qui ne nous rejoint pas autant que les autres ici. Paradigm poursuit dans la même veine, mais est beaucoup mieux amenée et semble devenir meilleure à chaque nouvelle écoute. Le début de Virginia (Wind in the Night) nous laisse croire à une petite ballade douce et émotive, mais plusieurs montées ajoutent de l’intensité à la proposition pour un résultat très réussi.
C’est un peu dans le même état d’esprit que l’on écoute Same Hurt, offrant des variations entre les passages doux et émotifs et ceux plus chargés et entraînants, avec un build-up presque constant qui vaut le détour. Hurts (But It Goes Away) commence ensuite un peu sec à notre goût, mais offre aussi son lot de passages très efficaces, qui ne sont pas sans nous rappeler les chansons plus ensoleillées d’Imagine Dragons. Don’t Show Your Weakness nous fait quant à elle quelque peu penser à du Arcade Fire à cause de ses chœurs et un peu de son énergie indie-rock un peu incertaine. Cela fait même en sorte que la plus tranquille Love We Make nous paraît un peu ennuyante, du moins avant qu’elle gagne en énergie vers la moitié de la piste.
On revient à quelque chose de très sautillant avec Starstruck, ce qui n’est pas désagréable du tout, mais qui n’offre pas le même niveau de nuances que d’autres chansons de l’album. Quant à Love Me Still, on mise sur des arrangements simples pour laisser la place aux mélodies, qui sont bonnes sans toutefois être exceptionnelles. Et comme dans le cas de Tiebreaker plus haut, Shut Up et, dans une moindre mesure, Family Man ne nous rejoignent pas de façon aussi égale qu’on aurait souhaité. Mais Taking My Time (Wrong Woman) touche davantage à la cible avec un folk simple et émotif, malgré une voix poussée un peu plus que nécessaire.
Après un début assez quelconque, Enemy Lines propose quelque chose de plus senti et accrocheur, qui arrive à point dans un bout où l’inspiration semblait un peu d’essouffler. Cela nous mène à une Shadows sympathique (surtout au refrain), sans être extraordinaire, surtout après autant d’autres chansons. Le dernier mot revient enfin à GTFU, concluant avec un indie-folk planant. La chanson n’offre rien d’inédit, mais boucle bien la boucle d’un album qui s’écoute somme toute assez bien malgré ses moments inégaux.
Comme vous l’aurez constaté, l’album Every Shade of Blue est assez long, lui qui s’étend sur 16 pistes pour un total de presque 58 minutes. Reconnaissons déjà que c’est un excellent coup que l’album ne contienne aucune chanson véritablement mauvaise, mais comme on l’a souligné à différents moments, chaque chanson n’est pas nécessairement aussi solide que ce qu’on aurait souhaité et il y a même un enchaînement de chansons plus «faibles» qui baissent quelque peu notre degré d’appréciation de l’opus. Comme dans bien d’autres cas, le groupe aurait bénéficié de couper dans le gras (disons 3 ou 4 chansons), quitte à offrir les chansons restantes dans une version deluxe de l’album.
Selon ce qu’on peut lire, The Head and the Heart a complété l’enregistrement d’un nouvel album, ce qui veut dire qu’il pourrait sortir à tout moment. On n’a aucune autre information à ce sujet que la chanson Arrow parue en octobre, mais on ne peut que lui souhaiter d’arriver à lancer quelque chose de plus compact et d’une qualité similaire aux meilleures chansons de Every Shade of Blue.
À écouter : Every Shade of Blue, Virginia (Wind in the Night), Same Hurt
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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