
Par Olivier Dénommée
Le vendredi 13 (!) décembre dernier était la première de deux soirées intimes pour mousser la sortie du plus récent EP de Gabriella, Cycle Thru Seasons: a portrait, qui a vu le jour le 29 novembre. Pour l’occasion, une soixantaine de privilégiés s’étaient retrouvés au loft d’un de ses plus proches complices musicaux. Elle y a joué l’intégral de son EP, s’est ouverte avec des anecdotes et s’est même mouillée avec des interprétations de demandes spéciales. Résumé d’une soirée beaucoup trop courte pour bien des gens.
La soirée était tenue à Montréal chez le multi-instrumentiste Zander Howard-Scott, qui suit Gabriella depuis près de 10 ans déjà. C’était pour moi une première fois de voir Gabriella en spectacle, et ce, même si cela fait depuis 2017 que Critique de salon parle de sa musique! Ça m’aura permis de constater très tôt à quel point ses fans sont fidèles, passionnés et investis; certains l’ont déjà vue en show des dizaines de fois et la suivent parfois religieusement depuis ses tout débuts.
Gabriella, elle, n’a jamais laissé cet amour de son public lui monter à la tête et a livré le meilleur d’elle-même, sans prétention, à l’assistance. On est passés à travers Cycle Thru Seasons: a portrait avec souvent des commentaires entre les différentes chansons, permettant de remettre certaines compositions dans leur contexte. Dans sa forme, le spectacle était comme un jam au milieu du salon : Gabriella pouvait tantôt simplement chanter ou prendre son violon, sa guitare ou s’asseoir derrière le clavier, alors que Zander alternait entre guitare, violoncelle et claviers, offrant plusieurs versions épurées à deux têtes. À eux s’est ajouté à plusieurs reprises Christian Sbrocca, autre proche collaborateur de Gabriella, qui ne devait initialement que jouer dans une chanson avant d’être invité à la dernière minute à jouer de la guitare ou du piano sur à peu près la moitié des chansons interprétées! Encore plus à la bonne franquette, le conjoint de la chanteuse, Hiatt Abendschoen, a improvisé quelques lignes à la batterie le temps d’une chanson, une participation qui aurait été décidée «5 minutes avant le début»! Ce côté très familial au spectacle, où les musiciens étaient prêts à jouer sans trop de préparation préalable, a rendu le tout encore plus sympathique. Cela a, évidemment, laissé place à quelques petites erreurs techniques ici et là, mais ça n’a en rien nui à la performance, montrant au contraire le côté humain des musiciens et surtout leur capacité à rire de leurs erreurs. En tout cas, le public n’a pas semblé leur en tenir rigueur!
Comme c’est souvent le cas après une critique d’album, écouter les chansons dans un contexte de spectacle leur donne tout leur sens. Les chansons sur lesquelles j’avais moins accroché dans le EP faisaient davantage leur effet dans un contexte live, entouré de fans qui connaissent parfois les paroles par cœur et qui n’hésitent pas à chantonner avec Gabriella et à taper des mains. Je continue de penser que 5 AM et I’ll Never Get Over You sont les 2 incontournables de Cycle Thru Seasons: a portrait, mais l’interprétation des autres était tout aussi solide. Mention spéciale à My Life Is a Joke, qui a résumé toute la capacité d’autodérision de Gabriella en 3 minutes. L’anecdote qu’elle a raconté avant de la jouer n’a fait que renforcer son propos; un excellent coup de sa part!
Ne se limitant pas aux 7 compositions qui se retrouvent sur son EP, Gabriella a aussi pris des demandes spéciales, en pigeant dans un chapeau (plus exactement une couronne!). Elle a par ailleurs été assez généreuse, remontant jusqu’à son tout premier album, et jouant plusieurs reprises qui ont beaucoup circulé depuis la pandémie. Il est arrivé à quelques reprises qu’elle ait un blanc avec des paroles, mais elle s’est toujours reprise sans broncher. Personne n’était venu assister à un spectacle parfait, réglé au quart de tour : les gens voulaient un show authentique et sans prétention et c’est exactement ce qu’ils ont eu de sa part.
Les gens ont aussi eu la chance de poser des questions à Gabriella sur son processus créatif et ses chansons. Il a été fascinant d’apprendre qu’elle avait toujours, même après tant d’années d’expérience, le syndrome de l’imposteur. C’est peut-être ce qui explique un peu pourquoi elle est restée si humble malgré tout ce qu’elle a réalisé jusqu’à présent. Souhaitons-lui d’un jour pleinement réaliser sa propre valeur, sans jamais perdre sa candeur qui fait son charme.
En tout cas, sa performance dans un cadre intime aura donné le goût de la revoir en spectacle sur une vraie scène dans un futur rapproché. Et, bonne nouvelle, ce ne sont pas les occasions qui devraient manquer en 2025, elle qui annonce déjà une dizaine de dates, sans compter celles où elle sera sur scène, mais pour accompagner un autre artiste, le chanteur country Dave Fenley.
Pour plus d’infos sur Gabriella et ses spectacles : www.gabriellamusic.ca.
(Toutes les photos : Olivier Dénommée)
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