Loss of Life – MGMT

Sorti le 23 février 2024

Voilà belle lurette qu’on n’avait pas prêté oreille à la musique du groupe MGMT – la dernière critique remonte à 2018, avec son 4e album Little Dark Age –, mais il a lancé dans la dernière année son 5e album studio, intitulé Loss of Life. On a donc écouté ce qu’il avait à nous proposer cette fois-ci.

Au fil des années, MGMT a quelque peu allongé sa liste de genres abordés dans ses chansons. Selon sa page Wikipédia, Loss of Life comprend du néo-psychedelia, du pop progressif, de l’indie-rock, de la pop psychédélique, du soft rock et du folk psychédélique… le tout, en 45 minutes! D’autant plus que l’album prend un certain temps à démarrer, avec comme première piste Loss of Life (part 2), une intro peu mémorable, mais qui a l’avantage de préparer le terrain pour Mother Nature, le premier extrait de l’album. Si son côté folk-rock psychédélique n’est pas désagréable du tout, la chanson peine à véritablement rester en mémoire, contrairement à certains classiques de MGMT.

S’ensuit Dancing in Babylon, en duo avec Christine and the Queens. Celle-ci est généralement très réussie, autant pour le mariage des voix que leurs mélodies et la progression de la chanson, mais certains petits segments semblent au mieux maladroits, surtout celui juste après la barre de 1min30. Comme la chanson dure près de 5 minutes, il aurait aisément été possible de couper les parties plus faibles et les longueurs à la fin d’une piste autrement excellente. Un peu plus longue, People in the Streets surprend tout de même avec un morceau simple et bien amené, allant même généralement droit au but (une chose que MGMT aime souvent ne pas faire!). Elle est même dotée d’un sympathique solo de synthétiseur à la fin.

Bubblegum Dog est un autre extrait tiré de l’album, dont l’histoire est assez intéressante : la chanson existe depuis très longtemps et aurait pu même faire partie de Little Dark Age, mais n’a finalement pas été retenue. Le son indie-rock (avec quelques guitares presque grungy, surtout au début) inclut du clavecin et des mélodies plutôt nonchalantes, mais aussi une collaboration avec Sean Lennon, un des fils de feu John Lennon, à la guitare. C’est intéressant, mais tellement surchargé qu’on ne sait plus où donner de la tête. Aussi un single, Nothing to Declare mise sur quelques synthés bien placés, dont certains qui nous ramènent à l’ère DSVII de M83, sans être instrumental. La seule vraie faiblesse de cette chanson est possiblement sa portion finale, qui ne semblait pas trop savoir comment finir. De retour à la ballade, Nothing Changes est beaucoup plus efficace, et ce, même si c’est la plus longue de tout l’album avec plus de 6min30. Bon, le duo n’a pas pu s’empêcher d’étirer le tout dans le dernier quart, mais le build-up qui en résulte est tout de même très efficace.

Phradie’s Song est à peu près dans la même vague, avec une chanson relativement feutrée (pour du MGMT, évidemment) et émotive, mais n’aura pas le même effet à cause de son positionnement dans l’album. Sa fin peu inspirée est aussi un boulet non négligeable. On garde toutefois en tête le refrain mémorable de I Wish I Was Joking, où le titre est justement répété ad nauseam (plus de 25 fois). Dommage que le reste de la chanson n’est pas au même niveau de qualité. La conclusion arrive ensuite avec Loss of Life, avec des thèmes déjà entendus dans Loss of Life (part 2) – on comprend que les chansons doivent s’enchaîner, expliquant donc leur ordre étrange à première vue. La chanson va justement beaucoup plus loin que la piste introductive, donnant un peu plus de chair autour de l’os et même des enregistrement plus épiques avec des cuivres. La dernière minute semble quand même de trop à notre avis.

Si dans chaque album de MGMT qu’on écoute, on arrive à tomber sur des coups de cœur, celui-ci demande un peu plus d’efforts d’écoute. Selon notre oreille, aucune chanson ne parvient véritablement à se démarquer sur le coup, mais la sortie contient aussi assez peu de moments vraiment désagréables à écouter. C’est donc un équilibre intéressant que nous propose MGMT, même si on n’aurait pas été jusqu’à inclure Loss of Life parmi les albums incontournables de 2024. Cela reste un album qui mérite quelques bonnes écoutes si vous aimez ce registre!

L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp du groupe.

À écouter : Dancing in Babylon, People in the Streets, Nothing Changes

7,5/10

Par Olivier Dénommée


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