
Par Olivier Dénommée
La Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE) a annoncé l’arrivée prochaine de MUSIQC, un nouvel espace gratuit d’écoute musicale dédiée à la promotion et à la mise en valeur de la musique francophone, d’ici comme d’ailleurs. MUSIQC doit officiellement être lancé le 12 février avec l’auteur-compositeur-interprète Corneille comme porte-parole.
Ce nouvel espace ne cherche pas à remplacer les plateformes existantes, déjà bien nombreuses, mais vise à «enrichir l’écosystème musical actuel grâce à des listes d’écoute différentes, diversifiées et authentiques (non générées par l’intelligence artificielle ou par des algorithmes) garantissant une expérience d’écoute unique», peut-on lire dans le communiqué annonçant son lancement. Il sera ainsi possible de faire des découvertes musicales francophones directement sur les services d’écoute de musique en ligne populaires, comme Spotify, Apple Music, Deezer ou YouTube par exemple (il semble toutefois manquer Tidal dans la liste). Le but de MUSIQC est de permettre à la musique francophone de trouver son public «grâce à un accès totalement gratuit, une expérience utilisateur intuitive, une programmation éditoriale humaine et une proposition exclusive et centralisée de musique francophone». L’idée est donc simplement de rendre la musique francophone accessible pour quiconque a envie d’en écouter sans trop se casser la tête, avec des listes par genres ou par thématiques pour tous les goûts. La musique instrumentale par des artistes québécois y a aussi sa place.
MUSIQC est la réponse de l’industrie face aux défis que rencontre la musique francophone dans un marché mondialisé, où l’anglais domine toujours largement. Selon les plus récents chiffres de l’Observatoire de la culture et des communications (OCCQ), sur les 10 000 chansons les plus écoutées du Québec de 2023, 5% de l’écoute était destiné à la musique francophone québécoise, et seulement 2% de l’écoute était destinée à des nouveautés francophones québécoises. Le défi est donc grand pour renverser cette tendance lourde.
«Avec peu de listes d’écoute éditoriales et l’omniprésence de listes de lecture algorithmiques, notre industrie et nos artistes sont à la merci des algorithmes anglophones et internationaux. La mission première de MUSIQC est la mise en valeur et la recommandation de la musique francophone sur les plateformes de musique en ligne pour qu’elle puisse enfin rejoindre son public. Avec une plus grande exposition à la musique d’ici, nous stimulons la consommation de notre musique. Par ailleurs, l’érosion de la langue française est bien présente, son utilisation est bien en baisse dans différentes sphères de la société québécoise. MUSIQC défend notre souveraineté culturelle et linguistique en renforçant la place de la langue française dans la culture musicale», soutient Ariane Charbonneau, directrice générale de la SPACQ-AE.
MUSIQC n’est pas encore accessible au grand public, mais on peut déjà y constater des dizaines de listes d’écoute créées par toute une équipe de curateurs – des experts musicaux, des artistes, des journalistes et des partenaires du projet – qui proposent de «véritables parcours thématiques, culturels et d’ambiances pensés pour découvrir, divertir, inspirer et célébrer la diversité et la richesse de la musique francophone». En date d’aujourd’hui, plus d’une trentaine de programmateurs ont déjà participé à l’élaboration des listes d’écoute et on devine que d’autres s’ajouteront dans le futur. On peut même y retrouver Corneille, le porte-parole de MUSIQC. «Témoin des défis rencontrés par les artistes francophones, tant au Québec qu’à l’étranger, pour se faire entendre sur les plateformes d’écoute en ligne, je suis fier de soutenir MUSIQC. Cette initiative numérique d’écoute musicale simplifie la découvrabilité musicale, met à l’honneur les musiques et les artistes francophones et fait la promesse de transformer le potentiel de la découverte en écoutes concrètes. Avec MUSIQC, nous voulons créer un mouvement, un rassemblement autour de nos musiques, un lieu central qui nous ressemble», commente-t-il.
L’espace sera officiellement lancé et accessible au public à compter du 12 février. Un 5 à 7 de lancement est prévu à cette occasion, avec un DJ set de Debbie Tebbs et la présence de Corneille et de plusieurs des dignitaires ayant rendu le projet possible.
Difficile d’évaluer l’impact qu’aura cette nouvelle initiative sur les habitudes d’écoute des Québécois dans le futur, mais on pourra difficilement reprocher à la SPACQ-AE de ne pas faire tout ce qui est en son pouvoir pour donner facilement accès à la musique francophone et pour la rendre la plus attractive possible. C’est un dossier à suivre.
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