
Sorti le 11 avril 2025
Lorsqu’on a écouté le EP SABLE, de bon Iver, paru en 2024, on espérait une suite plus tôt que tard. C’était sans savoir que c’était en fait la première partie de l’album complet, intitulé SABLE, fABLE (avec le f minuscule!), contenant 9 pistes supplémentaires. C’était aussi sans savoir de quoi pourrait bien avoir l’air l’opus entier, qui prend une direction bien différente du EP qui est en fait le premier tiers de l’album complet. Si SABLE, laissait croire à un retour aux sources folk, la portion fABLE nous transporte davantage vers la pop.
Comme la première portion de l’album a déjà été critiquée à travers notre texte sur SABLE, nous ne nous éterniserons pas ici. Mentionnons seulement qu’on trouve surprenant que Bon Iver ait consacré une partie non négligeable de son album à une direction, pour ensuite la changer assez drastiquement. Ceci étant dit, la transition n’est pas si violente à l’oreille, alors que Short Story sert de tampon entre les 2 énergies, commençant assez folk, mais laissant place à un côté plus pop dans les mélodies et l’instrumentation vers la fin. La fin de la piste sert aussi à démarrer Everything Is Peaceful Love, versant presque dans la soul, un registre qu’on n’a pas tendance à naturellement associer à la musique de Justin Vernon, le cerveau derrière Bon Iver.
Malgré la surprise, Bon Iver poursuit dans cette voie avec Walk Home, cette fois aux accents pop et RnB. Et il faut reconnaître que ça fonctionne assez bien! Si on a longtemps été habitués au Bon Iver dépressif, on apprend qu’il est capable d’être aussi solide dans des morceaux plus positifs. La suivante est Day One, où il collabore avec Dijon et Flock of Dimes pour une douce chanson pop assez sympathique, mais aussi un peu convenue. On préfère davantage le folk-pop de From, pas mal plus efficace.
I’ll Be There revient à un RnB qui contient à la fois des idées solides et des choix artistiques qui nous empêchent de pleinement l’apprécier. La bonne nouvelle c’est que vers la fin de la chanson, le positif supplante le négatif, mais on aurait assurément préféré qu’elle soit incontournable du début à la fin! S’ensuit la dernière collaboration de l’album, If Only I Could Wait avec Danielle Haim (du groupe Haim). Fort de quelques duos iconiques avec Taylor Swift ces dernières années, Justin Vernon réussit ici à recréer à peu près la même charge émotive, appuyé par un build-up musical très bien amené. C’est notre petit coup de cœur de l’album!
Cela nous mène à la chanson la plus longue de l’album, There’s a Rhythmn, qui prend son temps pour le meilleur et pour le pire. Elle est loin d’être mauvaise, mais Bon Iver est généralement plus efficace dans un format un peu plus bref. Le dernier mot revient justement à une piste plus courte, Au revoir, morceau instrumental de 2 minutes nous permettant de nous déposer après un album relativement chargé.
Avec la partie SABLE, on était prêt psychologiquement à revenir aux sources de Bon Iver avec un indie-folk un peu planant. Mais la partie fABLE nous a amené complètement ailleurs avec quelque chose de plus pop et on ne peut pas dire que cette surprise nous a déplu! On en aurait par ailleurs repris volontiers alors que l’album ne dure même pas 42 minutes, incluant les 12 minutes du EP. Les textes décrivant l’album laissent croire que c’est le début d’un nouveau chapitre pour le projet et on ne demande qu’à voir si c’est bel et bien le cas dans un prochain album qui ne prendra idéalement pas encore 5-6 ans avant de voir le jour. On n’irait pas jusqu’à dire que c’est la meilleure sortie de Bon Iver qu’on a entendue, mais elle propose une direction très intéressante qu’on espère éventuellement voir reprise et peaufinée dans le futur.
Il vous sera possible de trouver l’album sur la page Bandcamp de Bon Iver.
À écouter : Walk Home, From, If Only I Could Wait
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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