
Par Olivier Dénommée
Jean-Pierre Ferland nous a quittés il y a tout juste plus d’un an, le 27 avril 2024, laissant derrière lui un catalogue de chansons intemporelles et 60 ans de carrière. Son décès a mis en branle un projet hommage dirigé par le baryton Marc-Antoine d’Aragon, qui s’est entouré de certains musiciens proches de Ferland comme son ancien directeur musical Alain Leblanc et sa choriste Lynn Jodoin pour monter le spectacle D’Aragon chante Ferland. La première était le 10 mai, au Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine à Otterburn Park, salle dans la région d’où provient la moitié des musiciens impliqués dans le projet.
Un texte paru dans L’Œil Régional donnait un petit aperçu de ce qui attendrait le public dans le cadre de ce premier spectacle, même si l’entrevue avait été réalisée avant même le début des répétitions pour les 10 musiciens impliqués. J’ai eu l’occasion de vérifier si ce qui avait été dit était vrai!
Pointe-Valaine était pleine à craquer pour l’occasion. C’était la tempête parfaite pour ça, avec un spectacle d’un des chanteurs chouchous de ces dames en pleine fin de semaine de la fête des Mères, et par des artistes très connus dans la région. C’était aussi la toute première représentation, permettant de vraiment casser les chansons avec de jouer à la Place des Arts (cet après-midi, en passant!). Et comme c’est souvent le cas dans un spectacle «à la maison», devant de nombreuses connaissances, l’ambiance était vraiment à la bonne franquette sur scène. Marc-Antoine d’Aragon a même invité sa fille Elza, 9 ans, à participer au spectacle, elle qui a pris la place avec assurance à plus d’un moment même si elle était entourée d’un chanteur lyrique et d’une choriste professionnelle.
Comme pour bien des gens de ma génération, ma connaissance de la musique de Ferland se limitait essentiellement à ses gros succès qui ont traversé le temps : l’époque où il enfilait les hits les uns après les autres était déjà passée depuis un moment avec la notable exception d’Écoute pas ça, son album de 1995. J’étais pour l’occasion accompagné de ma mère, qui ne se considère pas non plus une experte de la musique de Jean-Pierre Ferland, mais qui a accepté l’invitation et que j’ai surprise à chantonner quelques airs pendant la soirée. Et, bonne nouvelle, pas besoin de tout connaître de sa musique, parce que le reste du public, en grande partie des inconditionnels de Ferland, s’est montré expressif à plusieurs reprises en entendant le nom de la prochaine chanson ou en entonnant naturellement le refrain avec les musiciens. C’était une véritable communion autour de cette musique et les presque 2h de musique sont passées beaucoup trop vite! Mention au clin d’œil drôlement d’actualité de God Is an American, pourtant parue en 1970 dans Jaune!

Et chapeau au pacing des chansons : si le spectacle est monté de façon essentiellement chronologique, allant de ses débuts relativement modestes à ses derniers succès dans les années 90, d’Aragon et ses musiciens ont assez bien alterné entre les classiques qu’ils n’avaient tout simplement pas le choix de jouer et les petits bonbons qu’ils tenaient à interpréter même s’ils n’ont pas autant tourné à la radio. Le premier set du spectacle s’est par ailleurs conclu sur Un peu plus haut, un peu plus loin, qui a mérité une ovation debout. Et la dernière du spectacle? Une chance qu’on s’a, à donner des frissons. Cela a mené à un petit rappel, la chanson Je ne veux pas dormir ce soir, une chanson que tous ceux qui ont vu Jean-Pierre Ferland en spectacle après 1995 ont déjà entendu parce qu’il aimait conclure sur celle-ci. La seule qui a semblé manqué à la musique, autrement excellente, c’est une batterie, qui aurait donné un punch supplémentaire dans certaines chansons plus intenses du répertoire de Jean-Pierre Ferland. Mais comme la scène était déjà bien pleine, on comprend que ça aurait été serré d’ajouter cet instrument!
Le côté «bonne franquette» de la soirée s’est surtout exprimée entre les chansons. Collectivement, on a affaire à des pros, mais on se rend vite compte que c’est aussi une gang d’amis. Les anecdotes, les petites blagues et les taquineries ne manquaient pas, pas plus que les moments de complicité. Certaines interventions entre les chansons n’étaient visiblement pas encore rodées au quart de tour, mais ça ajoutait un côté humain du spectacle. On peut supposer qu’ils peaufineront leurs interventions d’une prestation à l’autre, alors Pointe-Valaine a eu droit à la version «brute», très sympathique.
Au moment d’écrire ces lignes, seul le show à la Cinquième Salle de la Place des Arts était encore au programme pour D’Aragon chante Ferland (billets ici, si vous cherchez quelque chose à faire d’ici 15h!), mais je n’ai aucune crainte que d’autres dates s’ajouteront lorsque des diffuseurs auront entendu des échos de ces spectacles.
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