Sorti le 9 mai 2025

Tel que le veut la tradition, le plus récent album d’un groupe est presque toujours son plus personnel à ce jour. C’est aussi de cette façon qu’est décrit Aperture, le 6^e offrande studio du groupe d’indie-folk américain The Head and the Heart, avec des explications que cet album est auto-produit et qu’il s’agit plus que jamais d’un effort collectif avec un esprit de renouveau (beginning again). «Aperture est l’album le plus vital et poignant de The Heart and the Heart», promettent notamment les lignes de presse.

Mais au-delà des lignes promotionnelles, on avait une question : est-ce que l’album se défend aussi bien que Every Shade of Blue, paru il y a 3 ans? On mentionnait à ce sujet que la précédente sortie était un peu longue, mais qu’elle ne contenait aucune vraiment mauvaise chanson. Ici, l’album n’est pas court (on atteint la barre des 45 minutes), mais il va un petit peu plus à l’essentiel avec 12 chansons.

On commence en terrain connu avec After the Setting Sun, morceau indie-folk assez classique, mais misant avec succès sur de belles harmonies vocales et sur une montée bien amenée dans le dernier tiers. Ce n’est pas tout à fait sans nous rappeler le style de Noah Kahan, ce qui n’est pas pour déplaire! Comme il s’agit, à une seconde près, de la chanson la plus longue de l’album, on sent que le groupe a pris le temps de bien la développer, ce qui lui a souri, surtout en ouverture d’opus! Elle est suivie de Time with My Sins, dans un registre folk-rock a comme particularité de nous ramener à la chanson Octobre des Cowboys Fringants. Pas que la mélodie est très similaire, mais il y a quelque chose dans son énergie et possiblement ses lignes d’harmonica qui crée cet effet de familiarité.

Arrow a été le premier single pour faire la promotion de l’album. Très pop dans sa mélodie, elle a l’avantage de rester très vite en tête avec un message empreint de lumière. On pousse même un peu plus loin dans le registre indie-pop avec Beg, Steal, Borrow, livrant quelques bonnes lignes, mais pas sans nous donner l’impression que le groupe est parfois un peu en dehors de son élément. On préfère par ailleurs l’énergie dans Cop Car, quoique les mélodies sont un tantinet plus criardes que nécessaire. C’est dans Blue Embers que l’on The Head and the Heart à son meilleur, avec une mélodie sentie, presque berçante.

Les montagnes russe se poursuivent : on revient à quelque chose de plus énergique et de chargé avec Fire Escape, pour mieux s’adoucir au début de Pool Break, cachant tout de même un certain bouillonnement. Cette dernière n’est pas mauvaise, mais ses changements de ton ne nous convainquent pas tous. Par contre, Jubilee va droit au but et frappe dans le mille avec un folk-rock solide, autant musicalement que mélodiquement.

Si West Coast coche à peu près toutes les bonnes cases avec son indie-folk rêveur, elle n’a pas tout à fait l’effet escompté pour nous, s’écoutant bien sans véritablement nous marquer outre mesure. La suivante, Finally Free, nous surprend en laissant la place à la voix de Charity Rose Thielen sur une musique plus minimaliste. Elle n’a pas le type de voix que l’on adore le plus dans le registre folk, mais elle permet de changer le mal de place, ce qui se prend tout aussi bien. Cela nous mène à la dernière piste, la chanson-titre Aperture, qui boucle la boucle avec à peu près la même force que le début de l’album.

Même en livrant un album plus compact que sa précédente sortie, le groupe The Head and the Heart réussit à glisser quelques longueurs dans un album qui aurait pu frapper pas mal plus. Il a aussi cherché à aller dans trop de directions, ce qui peut faire perdre le fil à quelques occasions. Mais au moins, quand il est dans son élément, le groupe peut livrer de solides chansons qui valent toujours le détour. Il a simplement besoin de se recentrer un peu plus et d’aller véritablement à l’essentiel dans ses propositions.

À écouter : After the Setting Sun, Arrow, Jubilee

7,6/10

Par Olivier Dénommée