
Sorti le 16 mai 2025
Le terme «prolifique» commence à venir en tête quand on parle de Dan Mangan, lui qui a fait paraître l’album/mixtape Being Elsewhere Mix à l’été 2024, précédé d’un travail sur une bande sonore en 2023 et un album en 2022. Et il est (déjà) de retour avec un autre album, issue d’une session d’enregistrement avec certains amis proches. Cela donne Natural Light, une autre perle de folk qui fait du bien à l’âme.
Il y a quelque chose de simplement magique dans la musique de Mangan qui nous séduit presque immanquablement : son folk senti et souvent empreint d’une belle vulnérabilité est toujours efficace, et ce, même dans un album enregistré en quelques jours à peine. L’opus de 45 minutes ouvre par ailleurs sur It Might Be Raining, une chanson qui est aussi forte dans les mélodies que les petites montées au niveau des arrangements qui lui donnent un peu de mordant sans sacrifier l’émotion du chanteur. Il faut quand même mentionner qu’il s’agit de la chanson la plus longue de tout l’album, avec 5min42, et qu’elle aurait pu être encore plus efficace en étant légèrement raccourcie, bien qu’elle ne contienne pas de véritables longueurs.
Mangan est aussi à l’aise avec les chansons un peu plus ensoleillées, comme c’est le cas de Diminishing Returns. Même si elle reste dans un registre assez doux, le subtil groove à l’arrière se prend drôlement bien et nous garde captif jusqu’au refrain où l’ensemble brille décidément le plus. Cela nous mène à I Hated Love Songs, ballade en 2 temps, au début minimaliste incroyablement senti et à 2e moitié presque épique sans trop perdre de son efficacité émotive! Le bref Contained Free (Interlude) nous mène ensuite à No Such Things as Wasted Love, forte de sa simplicité.
Melody, premier extrait annonçant l’opus, revient à quelque chose de plus léger et «grand public». Elle est suivie de My Dreams Are Getting Weirder qui, malgré son titre, ne dévie pas trop de ce à quoi on peut s’attendre d’une chanson de Dan Mangan! Soapbox reste quant à elle dans un registre très minimaliste, laissant toute la place à la voix du chanteur pendant la majeure partie de la chanson, quoiqu’on note une certaine montée vers la dernière minute de la piste. Malgré un certain regain d’énergie, Mangan et ses musiciens restent dans la catégorie des arrangements feutrés sur Cut the Brakes.
Mais on sent que Dan Mangan est à son meilleur dans la break-up song For Him, morceau simple mais d’une rare charge émotive, autant dans les mélodies que les textes, qui semblent parfaitement aller ensemble. La chanson n’a pas eu la même visibilité que d’autres morceaux plus énergiques, mais elle vaut franchement le détour! Elle est suivie d’un morceau plus planant, Sound the Alarm, qui donne toutefois l’impression d’un peu étirer la sauce vers la fin de la piste. Proximity commence comme une autre chanson aux arrangements assez simples, mais se permet certaines envolées dans le segment «What’s the worst that could happen?», dans le dernier tiers. Le dernier mot revient à Hit the Wall, prenant des petits airs folk-blues avec un build-up choral qui permet de conclure avec force l’album Natural Light.
C’est gênant de l’admettre, mais même ce qu’on considère comme les moins bonnes chansons de l’album sont même meilleures que certaines des chansons «à écouter» d’autres opus qu’on a pu critiquer au cours des derniers mois; c’est dire à quel point Dan Mangan sait ce qu’il fait, lui qui n’invente pourtant rien, mais qui maîtrise tellement ce registre qu’il touche les bonnes cordes coup sur coup. Il y a une certaine chaleur qui émane de l’album, mais comme dans bien des cas, son folk émotif se savoure encore mieux pendant une journée pluvieuse – et on ne peut pas dire qu’il en a manqué, ces jours-ci, dans ce coin de pays! L’année est jeune, mais se mouille déjà en disant qu’on a ici un sérieux candidat pour quelques listes retraçant le meilleur de 2025.
L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp de Dan Mangan.
À écouter : No Such Things as Wasted Love, For Him, Hit the Wall
8,7/10
Par Olivier Dénommée
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