
Sorti le 9 mai 2025
Après avoir un peu déçu de l’album Everything Now et avec le scandale sexuel entourant le chateur Win Butler autour de 2022, on avait essentiellement cessé de suivre le groupe montréalais Arcade Fire pendant quelques années. La curiosité nous a toutefois ramené à lui, le temps de l’écoute de l’album Pink Elephant, son 7e paru en mai dernier.
Notons que l’album a reçu un accueil assez mitigé et les critiques plus négatives font souvent allusion aux allégations et l’impression que Butler essaie de demander pardon à travers certaines chansons. Le simple titre de la piste d’ouverture, Open Your Heart or Die Trying, semble pointer dans cette direction. La pièce est toutefois entièrement instrumentale et atmosphérique, alors il faut attendre à la chanson-titre Pink Elephant pour que l’album démarre vraiment, avec une chanson indie-rock assez intimiste, mais qui prend petit à petit de l’ampleur. La chanson n’est pas excessivement longue, mais elle nous semble quand même qu’elle étire la sauce plus que nécessaire; sans compter les 30 dernières secondes, qui reviennent à une ambiance atmosphérique.
Year of the Snake met de l’avant la voix de Régine Chassagne dans cette chanson dont l’attrait principal reste le build-up musical, même s’il n’a pas tout à fait la même magie que les meilleures chansons d’Arcade Fire. Après une introduction plus ou moins agréable, Circle of Trust nous surprend avec une des chansons les plus solides de l’album, malgré son apparente simplicité. Un gros bémol : elle s’étire tout à fait inutilement et aurait pu être coupée d’1 ou 2 minutes sans trop de mal, ce qui n’est pas négligeable sur une chanson de 6 minutes. S’ensuit Alien Nation, qui nous rappelle un peu l’énergie de Beastie Boys. Ce n’est pas tout à fait le genre de choses qu’on espérait entendre en écoutant cet album!
On retourne à l’ambiance astrale le temps de la brève Beyond Salvation, avant de passer à la douce (et vulnérable) Ride or Die, qui réussit presque miraculeusement à ne pas changer complètement de registre au milieu. I Love Her Shadow passe ensuite à une synthpop étrangement efficace. Comme ça en devient une habitude, elle est suivie d’un autre morceau instrumental peu enlevant, She Cries Diamond Rain, menant à la finale de l’album, Stuck in My Head. Celle-ci est aussi la chanson la plus longue de tout l’opus, avec un départ lent menant à une 2e moitié plus intense et, évidemment, une longue minute atmosphérique. Mine de rien, en cumulant tous ces segments, on aurait aisément pu retrancher 7 minutes, voire plus.
En écoutant longuement l’album Pink Elephant, on se souvient pourquoi on a délaissé Arcade Fire ces dernières années : le groupe n’a jamais perdu son talent pour écrire de la bonne musique, mais il préfère trop souvent complexifier artificiellement ses chansons sans raison apparente. Cela rejoint bien sûr un certain auditoire, mais pour notre part, on a fini par décrocher de cette approche. Il reste bien sûr de bonnes chansons ici, mais l’interprétation ne rend pas toujours justice aux compositions. On sent que Pink Elephant s’adresse d’abord et avant tout aux fans inconditionnels, sans chercher à ratisser plus large. Cela ne veut pas dire que vous ne pourrez pas trouver quelques chansons à votre goût, mais l’époque où il était mal vu de ne pas être en admiration envers tout ce que produit Arcade Fire semble bien révolue.
À écouter : Circle of Trust, Ride or Die, I Love Her Shadow
6,7/10
Par Olivier Dénommée
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