
Sorti le 13 juin 2025
Comme vous le savez probablement, on aime se lancer dans l’écoute de bandes sonores de jeux vidéo à l’occasion. Et on a eu envie de s’attarder à la bande sonore d’un jeu récent, mais très particulier auquel on a joué : The Alters, dont la musique a été composée par le Polonais Piotr Musiał.
Tout d’abord, le contexte : dans The Alters, on incarne Jan, seul survivant d’une mission sur une autre planète à l’environnement hostile. Pour survivre, il doit créer des clones de lui-même qui ont chacun leurs propres talents, leurs propres souvenirs et leur propre façon de penser. Cela donne un jeu de science-fiction étrangement émotif, et la musique doit mettre cette réalité en valeur. Piotr Musiał n’est pas un nouveau venu dans le musique de la musique de jeux, lui qui a signé la bande sonore de Frostpunk (un précédent jeu du studio 11 bit, aussi derrière The Alters) ou encore la musique d’une des expansions de The Witcher 3. Ici, le compositeur a eu la tâche de créer une musique tendue, représentative du côté sci-fi de l’expérience, sans tomber dans les clichés.
Et il faut dire que cette bande sonore de 14 pistes résume assez bien le voyage qu’on fait dans The Alters, avec quelques mélodies fortes et une bonne dose d’éléments atmosphériques et tendus. Dans le contexte du jeu, c’est impeccable et Piotr Musiał s’assure de nous faire sentir toute l’angoisse de Jan quand il explore la planète. L’ambiguë The Alters Theme donne par ailleurs un assez bon aperçu de ce qui nous attend au fil de notre écoute. On a même droit à des moments épiques, comme dans le cas de How Did I End Up Here?, Project Dolly (celle-ci est particulièrement évocatrice!), The Prism ou encore Going Home, mais toutes ne sont pas aussi mémorables, surtout en dehors de leur contexte.
Il ne reste qu’une seule piste à cette bande sonore, et c’est de loin la plus mémorable : What If (The Alters Song). Celle-ci s’éloigne de la musique atmosphérique pour aller vers une chanson pop à la guitare mettant en vedette les différents alters de Jan (tous interprétés avec brio par Alex Jordan, soit dit en passant). Le plus impressionnant est de penser qu’il existe 88 versions différentes de la même chanson dans le jeu, selon les personnages déverrouillés à ce point du jeu et les quelques choix de paroles faits par le joueur. Celle de l’album est en fait la 89e version, qu’il serait impossible d’entendre autrement! Si on nous donnait l’option d’avoir un album avec toutes les versions, on l’écouterait sans hésiter : c’est à ce point qu’elle est bonne! Un peu quétaine dans les paroles, mais ça fait partie de la magie du moment, d’imaginer une gang de personnes (qui sont, on vous le rappelle, la même personne) qui veulent écrire une chanson ensemble sur ce qu’ils vivent.
Il faut le dire, la bande sonore dans le contexte du jeu est à peu près parfaite, complimentant très bien les autres éléments du jeu. Évidemment, c’est plus difficile d’autant apprécier certaines pistes en dehors de ce contexte. Elles sont aussi tendues et mystérieuses, mais n’ont pas la même charge sans avoir l’action sous les yeux. La seule qui nous frappe toujours autant peu importe quand on l’écoute, c’est What If, qui nous rappelle le moment le plus léger de tout le jeu et qui nous fait sourire à tout coup. On ne peut que conseiller de l’écouter dans le jeu en premier pour saisir toute l’importance de ce moment!
Quoi qu’il en soit, réécouter cette musique sans avoir les images n’a, pour les autres pistes du moins, pas exactement le même effet. Cela reste une bande sonore intimement liée au jeu et contrairement à certaines bandes sonores qu’on écouterait avec plaisir dans nos temps libres, on préfère s’en tenir à écouter la musique de Piotr Musiał directement dans The Alters!
Cette bande sonore est notamment accessible sur Bandcamp.
À écouter : Project Dolly, Going Home, What If (The Alters Song)
8,4/10 (dans le jeu) // 7,5/10 (hors contexte)
Par Olivier Dénommée
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