Breach – Twenty One Pilots

Sorti le 12 septembre 2025

Comme à peu près tout le monde, on a déjà entendu sans s’en rendre compte des chansons du duo américain Twenty One Pilots, et dans bien des cas on n’a pas réalisé qu’il s’agissait du même groupe à cause du côté éclectique de ses chansons, qui les rendent fort différentes les unes des autres. La sortie de son 8e album studio, Breach, nous donne une raison de chercher à se mettre à jour sur ce que Twenty One Pilots a vraiment à offrir, le tout avec une oreille ouverte et plutôt néophyte.

Quand on dit «éclectique», on ne rigole pas : Breach est décrit comme une sortie touchant, selon Wikipédia, au rock alternatif, à la pop-rock, à l’électro-pop et au hip-hop alternatif. Cela fait un album de 47 minutes extrêmement varié, mais où on ne s’ennuie pas un instant. Mentionnons aussi que cet album est considéré comme la fin d’une série d’albums conceptuels remontant à 2015. N’ayant pas nécessairement écouté ces albums (en dehors de singles qui sont passés à la radio), on ne parlera pas davantage du concept, pour simplement se concentrer sur la qualité des 13 chansons que renferme Breach.

Et on peut dire que la qualité est au rendez-vous. L’album ouvre sur City Walls, avec des riffs solides et un groove assuré qui mettent bien la table au rap des couplets et, surtout, à la force des refrains. Le chanteur Tyler Joseph montre assez efficacement l’étendue de son registre avec cette première chanson, y compris lorsque la chanson s’adoucit autour de la 3e minute. On n’est pas toujours fan des passages où le hip-hop est mis de l’avant dans des chansons qui ne sont pas en premier lieu du hip-hop, mais certains groupes arrivent à bien doser les choses, et on a tendance à inclure Twenty One Pilots dans la courte liste. S’ensuit RAWFEAR, où le groupe nous rappelle qu’il peut aussi verser dans un style beaucoup plus égal et dansant, une invitation à un remix house facile dans le futur! La chanson se défend, bien qu’on préfère quelque chose de moins «commercial» comme approche.

Drum Show est plutôt contagieuse avec d’un côté une musique rock bien amenée (et évidemment percussive) et des lignes mélodiques beaucoup plus pop (certains bouts nous font même penser au reggae-pop de Magic!, bien que la comparaison soit limitée). On sent qu’on est dans la suite logique avec Garbage, qui a une musique moins intense, mais des mélodies dans la même lignée que la précédente chanson. Elle n’est toutefois pas tout à fait aussi accrocheuse que Drum Show. Pire encore, elle est suivie de The Contract, le premier single et la chanson la plus populaire de tout l’album, lui assurant essentiellement de tomber dans l’oubli! Il faut dire que The Contract coche à peu près toutes les bonnes cases avec un beat convaincant et une dynamique à la Linkin Park, passant aisément des mélodies fortes à quelques segments hip-hop. On dirait que c’est même encore mieux fait que dans City Walls.

Après une telle chanson, le duo n’avait pas le choix d’aller dans une autre direction pour se démarquer, et c’est ce qu’il fait avec Downstairs, misant une des montagnes russes entre une chanson très douce et des bouts au contraire très chargés. Le dosage y est excellent. La suivante, Robot Voices, a plusieurs bonnes idées, notamment mélodiques, mais aussi quelques petits choix artistiques douteux ici et là. Écoutez-la, vous allez peut-être comprendre de quoi on parle! Avec Center Mass, le chanteur passe davantage en mode rap, et on n’est absolument pas le public-cible de cette chanson, malgré les refrains plus accessibles. On préfère la suivante, l’émotive Cottonwood (et sans grand changement arrivant comme une surprise!).

Avec One Way, on ressent une certaine fatigue : la chanson n’est pas mauvaise, mais il manque de quelques ingrédients pour nous rester en tête plus de quelques secondes après qu’elle soit finie! En prime, elle a droit à un ajout à la fin qui nous semble assez inutile, même si cela lie la chanson avec Days Lie Dormant. Celle-ci marque un certain regain d’énergie, mais nous surprend avec un changement drastique juste après la barre des 2 minutes, qui ne nous convainc pas tout à fait. Quant à Tally, on peine à l’apprécier à cause de choix musicaux peu convaincants dès le début et de ses couplets qui nous laisse au mieux tiède. Les refrains rattrapent un peu la chose, mais c’est trop peu trop tard! Intentions a le dernier mot de l’album, avec une chanson lente, limite religieuse dans son énergie. Ce n’est assurément pas une chanson-phare de Breach, mais elle nous permet de conclure avec une certaine zénitude, ce qu’on ne refuse pas.

En commençant à écouter l’album Breach de Twenty One Pilots, on ne savait vraiment pas à quoi s’attendre. Et au sortir de cette écoute de plus de 24 heures, on ne sait toujours pas comment bien le résumer tellement il va dans toutes les directions. On a tendance à dire que c’est un assez bon album, malgré ses inégalités, mais qu’il ne s’adresse pas nécessairement à tous les publics. On aime pouvoir décrire un mood particulier pour lequel une sortie est appropriée, mais ce sera malheureusement difficile à faire pour cet album! Néanmoins, on peut conseiller à ceux qui, comme nous, ont entendu par le passé des chansons isolées du duo sans aller plus loin, de prêter une oreille à Breach pour constater l’étendue de ce qu’il offre. Vous aurez peut-être une belle surprise!

À écouter : The Contract, Downstairs, Cottonwood

7,8/10

Par Olivier Dénommée


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