
Sorti le 21 mai 2025
Est-ce que le nom de Freeman Leverett vous dit quelque chose? Si la réponse est non, ne vous en faites pas, nous ignorions encore son existence il y a quelques jours et même après des recherches on trouve encore assez peu d’informations sur ce musicien indépendant basé dans l’État de la Georgie. Son côté mystérieux n’est que renforcé par le fait que la musique de son premier album, Lost to Love, semble tout droit tirée d’une autre époque.
À des années-lumière d’une pop commerciale, l’album ne contient aucune chanson de moins de 5 minutes. Cela s’explique par les influences du folk des années 70 et un peu du soft rock, faisant de longues chansons plutôt lentes aux mélodies senties. Le thème de l’amour – et de la connexion humaine – est centrale dans la plupart des chansons, à commencer par Made of Love. Si on n’avait pas vu la photo de Leverett avant de l’écouter, on aurait probablement assumé qu’il s’agissait d’un homme très mûr qui chantait! La 2e partie de la chanson, plus rapide, se rapproche même un peu du disco, confirmant notre impression qu’on a affaire à une chanson venant d’un autre siècle. C’est intéressant comme proposition, mais ce n’est pas nécessairement quelque chose qu’on écouterait trop souvent, doit-on avouer!
Le début d’On My Mind est dirigé par un piano assuré et, peu après, par une des mélodies les plus efficaces de l’opus. Le mélange entre la musique légère, juste assez entraînante (notamment grâce aux petites lignes de guitare et au groove de basse), et la voix chargée d’émotions fonctionne plutôt bien. Le seul défaut de la chanson, c’est sa longueur : elle aurait pu se conclure beaucoup plus tôt, autour de la barre des 6 minutes, au lieu d’étirer le tout jusqu’à presque 7min30. Le dernier segment n’est pas mauvais, mais il enlève un peu de punch à l’ensemble de la proposition. Plus sautillante mais aussi un peu redondante musicalement, Back to You semble manquer de certains ingrédients pour être aussi accrocheuse qu’On My Mind. Le changement d’énergie vers 5min30 est bienvenu, mais ce n’est pas suffisant pour renverser la tendance à notre avis.
Heaven Knows nous fait sourire, elle qui reprend à la perfection les codes des vieilles ballades pop avec des arrangements qui pourraient presque être transposés en sons MIDI pour faire du karaoké. En rétrospective, la mélodie nous fait aussi beaucoup penser à la langueur Blue Christmas d’Elvis Presley, mais avec plus de longueurs (une fois de plus, à cause de sa durée…). S’ensuit I Wanna Go There, se démarquant avec des petites influences de musique du monde, notamment au niveau des percussions, mais on retient surtout sa durée d’à peine plus de 5 minutes! Les chœurs féminins ajoutent aussi une belle légèreté à la chanson qui n’étire pas la sauce plus longtemps que nécessaire, un bon coup en soi. L’album Lost to Love se conclut sur Open Up to Love, au contraire la plus longue avec 9min37 de musique. Et, comble de l’ironie, c’est probablement la chanson la moins inspirée de tout l’album, ce qui rend l’écoute plus laborieuse, même pendant les quelques passages un peu plus solides.
Pour un premier album d’un artiste au mieux méconnu en dehors de sa région (la quasi totalité des articles trouvés sur Freeman Leverett sont issus de médias de Georgie), il ose beaucoup en proposant cette musique rétro et ses chansons qui s’éternisent. Lost to Love n’est pas un album de prog, loin de là, mais la longueur des pistes nous auraient permis d’espérer quelque chose plus en montagnes russes que ce qu’il nous a proposé, ou au contraire il aurait pu aller davantage à l’essentiel – la plupart des chansons auraient parfaitement pu tenir dans une durée de 4 à 5 minutes sans vraiment souffrir. Cela n’empêche pas qu’on a eu droit à quelques bons moments, dont notre chanson préférée, On My Mind, mais il faut clairement peaufiner certaines choses pour que Leverett en vienne à atteindre un plus large public. Le temps ne pourra que l’aider à préciser sa direction, mais le talent semble bien là.
L’album est notamment accessible sur Bandcamp.
À écouter : On My Mind, I Wanna Go There
7,1/10
Par Olivier Dénommée
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