
Sorti le 26 septembre 2025
Le duo canadien Purity Ring aura finalement choisi de donner son nom à son 4e album studio, arrivant 5 années après Womb. Ce qu’on peut en lire est que cette sortie marque le début d’une «nouvelle ère» avec cet album-concept qui se veut une bande sonore d’un RPG imaginaire – les jeux NieR: Automata ou encore Final Fantasy X sont par ailleurs donnés en exemple. Et justement, la pochette ressemble étrangement au style des Final Fantasy…
L’intérêt de Purity Ring pour la musique de jeux ne date pas d’hier : on se souvient de la piste Stardew, une référence assumée à Stardew Valley. C’est avec cet état d’esprit qu’on a entamé l’écoute de cet album de 36 minutes, où on doit imaginer les 2 personnages principaux, la chanteuse Megan James et le beatmaker Corin Roddick, vivre leur aventure de tenter de réparer un monde brisé. Vous voyez le genre!
Notons d’entrée de jeu que malgré ses prétentions, à part une poignée de pistes, l’album ne pourrait pas aisément passer pour une bande sonore, notamment à cause de la grande présence vocale de la chanteuse, mais on reconnaît que musicalement on sent dans plusieurs cas les inspirations. L’ouverture de l’album, Relict, nous plonge dans un univers quelque peu ambiguë, avec quelques sons ambiants, mais surtout une lourdeur au niveau vocal. C’est loin de nous convaincre, mais Many Lives compense largement pour cette introduction faible. On revient ici à une électro-pop contagieuse, quelque part au carrefour entre la musique de Grimes et les mélodies de Dizzy (incidemment aussi des artistes canadiennes!). Part II qui suit s’approche davantage de l’énergie d’un RPG, avec une ambiance mystérieuse et même de la guitare acoustique qui donne une toute autre dimension à la piste!
On revient à quelque chose de très dansant avec Place of My Own. La chanson en soi ne se démarque pas tout à fait d’autres artistes de musique électronique, mais la proposition fonctionne bien, alors pourquoi s’en plaindre? S’ensuit Red the Sunrise, un morceau très convaincant, avec une alternance entre des bouts parlés (sur une voix toujours robotique) et des mélodies fortes, le tout sur une musique discrète mais animée en même temps. Si les 30 premières secondes ne nous convainquent pas nécessairement, l’ensemble de la chanson se défend trop bien pour qu’on la balaie du revers de la main! Memory Ruins est plus directe dans son approche, et ça lui sourit généralement assez bien! La piste contient aussi quelques belles lignes d’instruments acoustiques, appuyant une fois de plus très bien les lignes vocales de Megan James.
On doit avouer que la brève piste instrumentale Mistral aurait très bien pu jouer dans un jeu vidéo, mais celle-ci se termine beaucoup trop vite pour qu’on l’apprécie pleinement! Elle nous mène à une autre chanson électro-pop chargée très réussie, The Long Night, et à un morceau beaucoup plus léger (et organique!), mais pas moins intéressant, Imanocean. Si on sent que Purity Ring s’éloigne de son propre son ici, on comprend pourquoi tant de personnes apprécient cette piste, qui ne manque pas de bons éléments! Between You and Shadows joue toutefois un peu trop aux montagnes russes entre les différentes énergies pour qu’on puisse véritablement l’apprécier, et ce, jusqu’aux toutes dernières secondes qui sonnaient comme le début d’une autre piste!
MJ Odyssey ramène le piano le temps d’un morceau instrumental doux et émotif, ce qui tranche grandement avec le build-up qui nous attend dans Broken Well, bien que cette chanson n’est pas assez longue pour pleinement aller au bout de son idée! Le dernier mot de l’opus revient à Glacier ::in Memory of RS::, une nouvelle chanson relativement douce à la Imanocean, mais pas sans quelques pics d’intensité. Cela résume somme toute assez bien ce qu’on a écouté au fil de l’album.
Avec la mode d’inviter des artistes de la vaste scène pop à composer de la musique de jeux vidéo, on est surpris de ne pas encore avoir vu Purity Ring signer une vraie bande sonore. Peut-être que le duo aime mieux l’idée de faire sa propre bande sonore que d’en faire une qui va immanquablement devoir répondre à certains critères et restrictions? Quoiqu’il en soit, l’album Purity Ring remplit bien son mandat de nous fait nous imaginer au jeu dans lequel on pourrait écouter une telle musique! Mais il est possible que si vous ne partagez pas notre passion pour ce genre de musique, vous apprécierez moins le concept de l’album, mais c’est ultimement à vous de faire votre propre opinion!
Vous trouverez cet album sur la page Bandcamp du duo.
À écouter : Many Lives, The Long Night, Imanocean
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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