The Life of a Showgirl – Taylor Swift

Sorti le 3 octobre 2025

Il y a 3 choses qui sont inévitables : la mort, les impôts, et le fait qu’un nouvel album de Taylor Swift va soulever les passions. C’est particulièrement vrai avec The Life of a Showgirl, son 12e album en carrière arrivant moins d’un an et demi après The Tortured Poets Department. Comme l’album a été écrit avec en tête sa méga tournée The Eras Tour et sa relation avec son fiancé Travis Kelce, on a droit à un album pop beaucoup plus positif (et un peu flamboyant par moments) que ses chansons de ruptures qui ont parsemé sa carrière.

Comme on ne fait pas partie des Swifties, ces inconditionnels qui vont adorer tout ce qu’elle fait, on a écouté The Life of a Showgirl avec curiosité, mais avec certaines craintes quant à la direction que l’album prendrait, alors que la promotion laissait croire à quelque chose d’assez exubérant. La première piste, The Fate of Ophelia, est en fait le premier extrait, donnant ainsi le ton à l’opus. Si le refrain est réussi (quoique prévisible, puisque c’est exactement la même recette que Taylor Swift répète depuis des années), le reste de la chanson n’a rien d’exceptionnel. Les 50 millions d’écoute sur Spotify (au moment de cette critique, à peine plus de 72h après la sortie) vont évidemment être en désaccord avec cette affirmation, mais l’artiste a tellement écrit de bonnes chansons dans sa carrière que c’est difficile de se convaincre que celle-ci est du même niveau. Cet état d’esprit reviendra à plusieurs reprises au fil de notre écoute.

On apprécie déjà davantage la construction d’Elizabeth Taylor, jouant habillement sur les nuances entre les couplets plus discrets (mais groovy) et les refrains explosifs. Elle est suivie de la légère Opalite, écrite en pensant à son amoureux. C’est assez bonbon comme pop-rock un peu rétro, mais ça fonctionne, alors pourquoi pas? Father Figure sonnera familier pour certains, puisqu’elle reprend des lignes de la chanson du même nom chantée par George Michael, mais aborde avec un langage plutôt cru du scandale avec son ancien label qui l’a menée à réenregistrer ses anciens albums afin de récupérer les droits de ses bandes maîtresses. Bref, le clin d’œil reste bon, même si la chanson n’est pas la plus mémorable pour sa musique.

On a droit à une petite ballade le temps de Eldest Daughter, et on doit dire qu’elle touche aux bons boutons : sous une musique douce et sentie (commençant en formule piano-voix avant que la guitare et éventuellement les chœurs se mettent de la partie), on a droit à des paroles parfois tranchantes dont elle a le secret. C’est pour nous une des chansons les plus efficaces de cet album. S’ensuit Ruin the Friendship, chanson pop plutôt légère qui tranche énormément avec Actually Romantic qui ne manque pas de lignes acérées. La rumeur veut que la chanson s’en prend à Charli XCX à la suite de Sympathy Is a Knife (de son album Brat), mais le drama autour de la chanson est infiniment plus intéressant que la composition en elle-même… et le drama n’est même pas si intéressant!

Les paroles de Wi$h Li$t ont certainement fait réagir certains conservateurs qui dénoncent depuis des années le fait que Taylor Swift n’avait pas encore fondé de famille au milieu de sa trentaine, et maintenant elle semble chanter qu’elle veut des enfants dans cette chanson en particulier. Comme vous voyez, ça ne prend pas grand-chose pour faire jaser! Musicalement, la chanson n’est toutefois pas exceptionnelle et aurait probablement pu se cacher dans 1989 sans qu’on s’en rende compte. Quant à Wood, bourrée de références sexuelles, on croirait que certaines mélodies sont prises du catalogue d’Ariana Grande (notamment les refrains) et que les textes ont été empruntés à Sabrina Carpenter (particulièrement son album Short n’ Sweet). On se demande si ça aurait été mieux accueilli si quelqu’un d’autre avait chanté cette exacte même chanson que Swift. Dans tous les cas, il s’agit d’une des pistes plus exubérantes de l’opus, mais pas nécessairement parmi les plus intéressantes.

CANCELLED! est une chanson extrêmement chargée en termes de paroles, à l’ère où plusieurs vedettes se font annuler pour divers abus. Personne n’est nommé directement mais la machine à rumeurs semble avoir été bien active pour deviner qui était visé. Mais, encore une fois, le scandale est plus intéressant que la chanson en elle-même. On en vient à préférer une chanson plus simple comme Honey, au textes somme toute intéressants : la chanteuse relate que quand on l’appelait «Honey», c’était généralement de façon passive-agressive et négative, mais qu’elle se le réapproprie maintenant de façon positive dans sa relation. C’est cute, même si la musique ne reste pas en tête plus que nécessaire! Concluons notre écoute sur la chanson-titre The Life of a Showgirl, un duo avec Sabrina Carpenter. La chanson nous rappelle une dernière fois le grand thème de l’album, écrit en tournée, mais pour une collaboration, la chanson peine à véritablement se démarquer. L’élément qu’on tient à mentionner, c’est que la fin de la piste contient un enregistrement d’une fin de spectacle à Vancouver, avec les applaudissements de milliers de fans, présumément canadiens pour la plupart! Beau clin d’œil.

Après avoir longuement écouté l’album The Life of a Showgirl, on comprend pourquoi il a été aussi polarisant. S’il n’est pas «mauvais», on sent une certaine fatigue de sa musique devenue en grande partie prévisible. Il faut aussi rappeler qu’en incluant ses albums réenregistrés, il s’agit de la 10e sortie depuis 2019! Cela peut expliquer une certaine overdose quand la musique qu’elle vient de lancer n’est pas exceptionnelle comme Folklore, à notre humble avis toujours sa meilleure sortie. Si The Tortured Poets Department n’a pas raflé le titre du meilleur album aux derniers Grammys, on voit mal celui-ci faire beaucoup mieux. Mais bon, on verra comment le temps traitera cet album!

À écouter : Elizabeth Taylor, Eldest Daughter, Ruin the Friendship

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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