
Sorti le 17 octobre 2025
Dire qu’on attendait impatiemment le 4e album du groupe islandais Of Monsters and Men est un véritable euphémisme : après avoir été séduit par ses 2 premiers albums et franchement déçu par son 3e en 2019 on espérait un retour en force pour All is Love and Pain in the Mouse Parade. Bonne nouvelle, l’attente en aura largement valu la peine.
Dès Television Love, on retrouve les ambiances finement construites et les montées irrésistibles dont le groupe folk-rock a le secret. On y retrouve aussi la toujours efficace dualité des voix, mélangeant celle de Ragnar Þórhallsson, aérienne, que celle de Nanna Bryndís Hilmarsdóttir, toujours aussi empreinte de vulnérabilité. Quant au build-up, il nous donne l’impression que la chanson de 4min40 dure beaucoup moins, ce qui est un bon signe! C’est sans surprise que cette chanson a été retenue comme premier single, et on ne blâme du tout Of Monsters and Men pour ce choix!
Il faut toutefois noter que toutes les chansons ne frappent pas autant : la légèreté des arrangements de Dream Team ne sont pas désagréables, mais ils n’ont pas le mordant de chansons plus sombres, qui mettent par ailleurs davantage les voix en valeur. On préfère le folk de The Actor, qui nous séduit à la fois par la force des mélodies de la chanteuses et par le crescendo nous donnant envie de taper du pied. On a juste l’impression que la fin ne va pas jusqu’au bout de l’idée qui a été entamée, ce qui est dommage! S’ensuit Tuna in a Can, nous faisant penser au «vieux» Of Monsters and Men, mis à part un segment plus léger dans la dernière minute qui fait tache. Si on oublie ce passage, la chanson a de quoi rendre nostalgique les fans de la première heure.
C’est avec Barefoot in Snow qu’on retrouve le côté plus feutré du groupe, tout en gardant une petite dose de tension. Si la première moitié est dirigée par la voix masculine, c’est quand Nanna entre en scène que la chanson frappe le plus mélodiquement. On pousse la note encore plus loin dans Fruit Bat, une ballade émotive qui ne fait que se bâtir pendant pas moins de 8 minutes! Les textes, en apparence assez simples, contribuent aussi à son efficacité. Dans les faits, la chanson aurait pu se terminer beaucoup plus tôt, peu près la barre des 4 minutes, mais elle redémarre à 4min42 pour un long segment instrumental qui est à donner des frissons de par l’efficacité de son build-up (mention aux percussions, pourtant simples, qui ajoutent énormément à l’énergie de cette partie). On aime rarement les chansons qui s’étirent inutilement, et peut-être qu’il aurait été plus judicieux de la séparer en 2 pistes, mais Fruit Bat demeure un bijou qu’on ne saurait recommander assez malgré sa longueur peu commercialisable! Même les dernières secondes de la piste, moins réussies, ne nous font pas changer d’avis, signe de la force de la composition dans son ensemble.
Un peu comme Tuna in a Can, Kamikaze nous ramène au son du bon vieux OMAM, à la principale différence qu’on joue avec des mesures non standards (par exemple, 3 mesure en 4/4 suivies d’une mesure en 3/4, retranchant un temps par section), donnant un côté légèrement plus déstabilisant à la chanson sans miner sa qualité. On se laisse ensuite porter par l’efficacité de The Towering Skyscraper at the End of the Road, particulièrement incontournable dans ses refrains. Elle est suivie de l’extrait Ordinary Creature, revenant à un folk-rock énergique. C’est réussi comme proposition, bien qu’on préfère lorsque le groupe joue dans un registre plus introspectif. L’équilibre entre un morceau rock et des voix planantes est toutefois intéressant sur Styrofoam Cathedral, même si on doit noter le côté répétitif des paroles («I am honestly flawed» est répété 12 fois en moins de 4 minutes).
Les lignes de piano sur The Block donnent le ton à la chanson, qui explore une énergie différente à ce que le groupe nous a habitués. Ce n’est pas inintéressant, mais vu la longueur de l’album et le moment tardif de son arrivée, difficile de ne pas sentir cette piste comme une intruse! Quant à Mouse Parade, on a pratiquement droit à une berceuse… presque trop douce! Enfin, l’album se conclut justement sur The End, morceau guitare-voix (voix au pluriel!) allant à l’essentiel.
Cet album aura mis du temps à arriver, mais Of Monsters and Men n’aura pas été chiche, livrant plus de 53 minutes de musique. Si tout n’est pas aussi accrocheur que le premier album My Head Is an Animal, All is Love and Pain in the Mouse Parade contient son lot de bons moments qui nous resteront en mémoire. On ne pense pas que l’album aura le même impact culturel que le premier, mais il comble bien notre besoin pour en musique folk-rock islandaise!
À écouter : Television Love, Fruit Bat, The Towering Skyscraper at the End of the Road
7,8/10
Par Olivier Dénommée
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