I Was / I Am – Noah Kahan

Sorti le 17 septembre 2021

Après avoir fait le tour de sa discographie un peu à l’envers, nous voilà rendu au 2e album studio de l’auteur-compositeur-interprète américain Noah Kahan. I Was / I Am est sorti en pleine pandémie et les chansons ont été inspirées de l’introspection du chanteur par rapport à sa propre évolution. C’est donc une sortie assez intimiste, qui arrive un an après le EP plus folk Cape Elizabeth et un an avant son excellent album Stick Season, qui a essentiellement consolidé sa réputation. Mais cette sortie n’a pas tout à fait eu le même effet que celles qui l’entourent, malheureusement!

I Was / I Am offre des thèmes intéressants, mais l’exécution ne nous convainc pas nécessairement. Il faut dire que Kahan penche plus du côté de la pop ici, ce qui enlève un peu l’effet de profondeur de plusieurs chansons. L’album débute toutefois avec une énergie folk sur Part of Me. Le seul problème? Les lignes de guitare semblent tellement communes qu’on croirait les avoir déjà entendues par les Half Moon Run de ce monde. Le refrain est toutefois plutôt réussi. L’extrait Animal nous fait ensuite croire à un morceau assez doux avant de nous plonger dans une pop plus entraînante. Ce n’est pas mauvais, mais il abuse un peu des «ooh» durant les refrains à notre goût!

Caves nous propose un folk sympathique et relativement léger malgré le ton du texte, où on retrouve bien le talent de Noah Kahan. S’ensuit Bad Luck, morceau piano-voix émotif, qui a comme seul défaut d’avoir de la difficulté de dire le titre qui sonne comme «bad duck» plus souvent qu’autrement. C’est niaiseux, mais ça enlève de la force au texte quand on s’imagine le chanteur répéter qu’il est un mauvais canard, n’est-ce pas? Au moins, la suivante, Godlight, est exempte de véritables faiblesses : le rythme est solide tout en offrant une interprétation émotive sentie. Le refrain vaut aussi vraiment le détour, étant aisément le moment phare de tout l’opus. On ne peut que confirmer que c’était le bon choix de la choisir comme premier extrait d’I Was / I Am.

Un autre single est tiré de l’album, Someone Like You en collaboration avec la chanteuse Joy Oladokun (par ailleurs la seule collaboration de l’album). Si elle s’écoute bien, elle ne soulève malheureusement pas les passions outre mesure. Elle manque d’un ingrédient pour être vraiment mémorable! S’ensuit Fear of Water, très joli morceau émotif avec du piano, des cordes et même des chœurs! Comme on est pointilleux, soulignons qu’elle est un tantinet courte, n’atteignant pas les 3 minutes, mais elle réussit à passer son message, alors ce n’est pas la fin du monde! Dans un tout autre registre, Hollow opte pour un folk-pop plus énergique. Cette fois encore il abuse de procédés vocaux très pop dans ses refrains, qui limitent nous appréciation de la chanson, même si elle contient plusieurs passages réussis, notamment au niveau des arrangements (et des percussions). On débute Bury Me avec un faux folk avant de revenir à la pop dès qu’on en a l’occasion. C’est correct sans être enlevant. Enfin, Howling a le dernier mot avec une chanson acoustique forte de sa simplicité : avec des arrangements minimaux, on peut pleinement se concentrer sur ce qu’il chante, donnant beaucoup de poids à son propos empreint de vulnérabilité. C’est vraiment là qu’il se démarque le plus, ce qui ne nous empêche pas d’émettre un bémol sur le segment où il chante «Deep blue», où il semble sortir de son élément temporairement.

On aurait vraiment voulu apprécier I Was / I Am comme on a aimé d’autres sorties de Noah Kahan, mais il semble s’être temporairement perdu dans ses registres. Son écriture est décidément mieux servie lorsqu’il baigne dans le folk que lorsqu’il verse dans une pop semi-commerciale. La sortie n’est pourtant pas mauvaise, mais elle n’a vraiment pas la même magie que ce qu’il a su livrer de meilleur. Les inconditionnels ont toutefois visiblement beaucoup écouté cette sortie si on se fie au nombre d’écoute sur les plateformes d’écoute en continu!

À écouter : Part of Me, Godlight, Fear of Water

7,0/10

Par Olivier Dénommée


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