Returning to Myself – Brandi Carlile

Sorti le 24 octobre 2025

Même si cela fait plusieurs années que l’on voit passer le nom de la chanteuse américaine Brandi Carlile, on n’avait pas pris, avant maintenant, le temps de vraiment écouter un de ses albums. La sortie de son 8e album studio, Returning to Myself, est l’occasion de plonger dans son univers, quelque part entre l’Americana et (un peu) le rock moderne.

On était bien au courant du côté folk de l’artiste, alors le début de l’opus, le morceau acoustique et introspectif Returning to Myself, nous a peu surpris, mais nous rappelle qu’elle maîtrise très bien ce registre. On pousse le côté country un peu plus loin avec la très jolie Human, avant de passer à la ballade le temps d’A Woman Oversees. Si cette dernière s’écoute bien et contient quelques bons éléments, il semble tout de même lui manquer un petit ingrédient pour être plus mémorable!

Carlile revient dans son élément avec l’enveloppante A War with Time. Anniversary nous propose ensuite un moment comme dans Returning to Myself, avec en prime quelques cordes pour ajouter à la douceur de la chanson. Cela nous mène à la vraie surprise de l’album : la solide Church & State, au rock assumé et senti. L’histoire derrière la chanson est même presque plus intéressante que la composition en soi, alors qu’elle a été écrite le soir de l’élection présidentielle américaine de 2024, comme une chanson de protestation face à ce qu’elle constatait dans son pays. Il semble que Brandi Carlile ne sera pas invitée de sitôt par Donald Trump… Quoi qu’il en soit, si elle semble sortir de son registre plus traditionnel, elle frappe dans le mille ici.

Après un morceau aussi explosif, Joni (qu’on devine associé à la fameuse Joni Mitchell) est beaucoup plus terre-à-terre, mais cache tout de même un certain build-up dans la seconde moitié. Quant à You Without Me, on sent certaines similitudes avec l’indie-folk un tantinet dépressif de Phoebe Bridgers, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le seul bémol qu’on peut lui trouver, c’est que la chanson semble s’étirer un peu plus longtemps que nécessaire. On poursuit avec la sentie No One Knows Us, qu’on savoure avec plaisir les yeux fermés. La montée de la dernière minute et demie est aussi très bien amenée. Cela nous mène à la conclusion de l’album, A Long Goodbye, une chanson plutôt simple fermant le disque avec élégance – mention à la petite montée à l’approche de la fin accompagnée des mots «Anything can change», qui résonnent fort à la fin d’un album comme celui-ci. C’est à peu près tout ce dont on avait besoin, au fond.

Il y a quelque chose de très touchant à la proposition de Brandi Carlile à travers son album Returning to Myself. Dans le propos, évidemment, mais aussi dans sa façon de livrer ses chansons. Le dosage est bon et même l’intruse de l’opus, Church & State, se défend excessivement bien. On a aussi bien affaire à une sortie automnale, avec un country-folk souvent empreint de vulnérabilité, et même ceux qui sont moins friands de ce registre pourraient être surpris d’y trouver leur compte. Cette sortie a été très bien accueillie par la critique, et avec raison : Brandi Carlile arrive avec sensibilité et nuance à faire passer son message, et on se laisse une note mentale de revenir à sa musique plus tôt que tard.

À écouter : A War with Time, Church & State, No One Knows Us

8,0/10

Par Olivier Dénommée


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