
Sorti le 24 janvier 2025
Dans notre liste de recommandations est apparu le premier album de la Française Solann (nom de scène de Solann Lis-Amboyan), versant dans la chanson entre pop et néofolk. Le titre de sa proposition? Si on sombre ce sera beau, un album d’une quarantaine de minutes plutôt dense.
La chanson française a une façon bien particulière d’être présentée, qui plaît à un certain public, mais qui peine bien souvent à nous rejoindre. C’est tout de même avec ouverture qu’on a voulu écouter cette artiste de la relève, qui a fait son apparition au début de la pandémie. Le tendu Préambule nous donne un petit résumé de certains propos qui seront abordés au fil de notre écoute. Mais c’est avec Mayrig que l’album commence réellement, sonnant presque comme une prière où la chanteuse d’adresse à sa mère, avec le segment final particulièrement épique. Notons au passage que «mayrig» est un mot arménien (prononcé ma-y-rig) voulant dire «maman», ce qui explique beaucoup de choses une fois qu’on qu’on a l’information! On apprécie aussi la simplicité et la douceur d’Insomnie.
Rome marque l’imaginaire par ses textes très assumés et, on le devine, assez féministes. «Mais c’est une chienne qui a élevé Rome / Les putes comme moi, portent les rêves des hommes», répète-t-elle durant les refrains. C’est pour le moins imagé! La construction de la chanson n’est pas aussi solide que l’on aurait voulu, mais son propos compense au moins par sa force. Plus aérienne, on écoute ensuite Noctambule, se prenant bien avant de revenir à des chansons plus chargées comme Les ogres ou encore Comme les animaux. L’alternance nous ramène à la pièce ukulélé-voix Appelle-moi sorcière, qui reprend dans ses paroles le titre de l’album – une jolie chanson, mais où il manque un peu d’épices pour rester en tête. Les draps trouve toutefois la bonne formule avec des arrangements toujours dépouillés, mais avec un peu plus de profondeur vocale, avec en prime des chœurs. Mention aussi à Petit Corps, presque berçante dans plusieurs segments.
Les premières secondes de Tout cramer nous préviennent qu’on revient à la pop plus chargée de Solann. Sans être inintéressant, on préfère de loin quand l’artiste penche vers le folk! On pourrait d’ailleurs croire qu’elle a entendu nos doléances en revenant avec la très belle chanson folk L’oiseau. La dernière chanson, Marcher droit, pourrait être une bonne conclusion mais l’inclusion (inutile!) d’autotune lui fait perdre beaucoup de points pour nous.
Pour un premier album, Si on sombre ce sera beau n’est pas mauvais, mais on peine à apprécier de façon égale ses 2 identités très différentes. On a un penchant pour le côté plus néofolk dépouillé de Solann, où on peut davantage apprécier les nuances dans ses mélodies et ses textes que lors des chansons plus produites, voire surproduites, du registre plus pop. Cela reste bien sûr une question de préférence de notre part; si vous avez certaines affinités avec la chanson française, vous apprécierez possiblement un peu plus cette sortie que nous!
Version deluxe : Si on sombre ce sera beau (promis)
La version de base est parue au début de 2025, mais Solann a lancé le 14 novembre de la même année une version prolongée de l’album, intitulée Si on sombre ce sera beau (promis), ajoutant pas moins de 7 nouvelles chansons au lot, pour un total de 62 minutes!
La première chanson, La lune, est fidèle à ce qu’on a entendu jusqu’à présent dans l’album, mais elle frappe assez fort dans sa montée, prenant tout son sens dans la 2e moitié de la piste. La chanson à elle seule justifie presque cette version deluxe! Notons que l’album régulier ne contient aucune collaboration, mais que Si on sombre ce sera beau (promis) en a 2 : Thelma et Louise (avec Yoa) et Parfois (avec November Ultra). La première apporte une énergie plus hip-hop à la chanson, ce qui colle plus ou moins avec la proposition de Solann même si les lignes sont bien ficelées, alors que la seconde est une chanson très berçante, voire presque trop!
Les premières secondes de Si tu m’aimes laissent croire à une très belle chanson, mais c’est un leurre pour nous amener vers une chanson de club plutôt inégale… voilà une occasion manquée de la part de la chanteuse! Si on a critiqué Marcher droit plus haut pour son autotune, Le loup fait encore pire dès ses premières secondes. Next! On apprécie davantage le côté posé de Dénouement (avec l’amoureux), avec une voix masculine qui n’est pas créditée, malgré le petit côté cheesy de la composition. Le dernier mot de cette version revient à Le banc, une chanson qui s’écoute bien, mais qu’on va oublier dès la fin de notre écoute.
La version Si on sombre ce sera beau (promis) n’est pas une complète perte de temps, mais il faut dire qu’on sent qu’elle prolonge plus que nécessaire notre écoute d’un album déjà relativement long. Comme on l’a souligné, La lune vaut le détour, mais c’est à peu près tout ce qui est incontournable. Ceci étant dit, si vous avez aimé l’album de base, félicitations, vous pourrez savourer une vingtaine de minutes de musique de plus!
À écouter : Mayrig, Les draps, L’oiseau // Deluxe : La lune
7,3/10 (version régulière) // 7,4/10 (version deluxe)
Par Olivier Dénommée
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