Étincelle 2 – Waxx

Sorti le 5 décembre 2025

On a tout récemment découvert la musique de Waxx, nom de scène du musicien français Benjamin Hekimian, qui s’est fait un nom à reprendre les chansons des autres. C’est d’ailleurs le concept de ses albums plus récents, où il invite d’autres artistes à chanter sur des chansons qui les ont marqués et qui a servi d’«étincelle». D’où le titre Étincelle 2 (Étincelle est paru en 2024). On a donc droit à 12 chansons avec des voix différentes et des styles parfois surprenants.

Quand les reprises sont bien amenées et qu’elles se démarquent avantageusement des versions plus connues, c’est quelque chose qu’on apprécie énormément. Mais quand elles sont des copies presque identiques ou qu’on égratigne l’esprit de la chanson originale, c’est beaucoup moins notre tasse de thé. Ne sachant pas dans quelle catégorie se situaient les versions de Waxx, on a plongé les yeux fermés dans cet album de 39 minutes.

L’album ouvre sur une version actualisée de La tendresse, vieille chanson associée à l’acteur Bourville, ici reprise par Solann dont on a justement entendu la musique ces dernières semaines! La version, bien amenée, demeure assez sobre et c’est loin d’être désagréable! Elle est suivie de Diamonds de Rihanna, par Ebony. Plus feutrée dans sa voix – on a souvent trouvé que Rihanna avait tendance à pousser la note même lorsque ce n’était pas approprié –, Ebony fait ressortir le plus beau des mélodies, sur une musique discrète tout en gardant son groove. C’est en plein le genre de choses qu’on attend d’un bon cover! Louane est ensuite invitée à reprendre Gabrielle (dont la version française est associée à Johnny Hallyday). On sait que Hallyday était une légende, mais sa version ne nous accroche absolument pas, alors on apprécie pas mal plus la proposition nuancée et empreinte de vulnérabilité de Waxx avec Louane!

On tente de faire le contraire avec San Francisco de Maxime Le Forestier, passant de sa version toute simple mettant l’accent sur les paroles, à quelque chose de plus habillé avec la voix de Gaël Faye. Les arrangements ont toutefois l’effet de faire perdre l’efficacité des textes, donnant un côté pop un peu générique à cette nouvelle version. On a ensuite droit à la version de Jain de Wuthering Heights de Kate Bush. C’est peut-être une opinion controversée, mais pour nous, Bush a composé de grandes chansons intemporelles, mais c’est rarement elle qui livre les meilleures interprétations, alors on avoue beaucoup aimer ce que cette nouvelle version nous propose. Elle réussit à garder le tout juste assez corsé tout en lissant certains bouts qui ont moins vieilli. MC Solaar se risque aussi à reprendre Mistral gagnant de Renaud, dans une version relativement similaire en énergie, mais sans le piano qui a participé à la beauté de la version originale.

S’il y a une chanson qui n’a pas besoin d’être reprise, c’est probablement Et si tu n’existais pas de Joe Dassin! Waxx invite tout de même Lubiana à y prêter sa voix. La nouvelle couleur de la chanson est somme toute intéressante, avec une touche africaine, mais les choix mélodiques sont moins efficaces à notre avis. En cherchant à se distinguer ses mélodies de Dassin, on perd le charme de certaines phrases qui sont imprimées dans notre mémoire depuis des décennies. Mais le pire est l’ajout des «Si tu n’existais pas» à des endroits qui n’avaient pas lieu d’être, rendant le tout un peu forcé. Dommage! En revanche, c’est une belle surprise d’entendre All the Things She Said (de t.A.T.u.) par Poupie! On ne connaissait pas du tout cette chanteuse, mais la version pop presque acoustique est notre plus belle découverte de l’album.

Comme rien ne sonne plus comme du reggae qu’une toune de reggae, c’était un petit défi d’amener Zimbabwe (Bob Marley) dans une autre direction tout en gardant son charme initial. Imany donne un côté presque solennel dans son interprétation, ce qui est plutôt intéressant. Juste après, Limsa d’Aulnay donne un côté plus vaporeux à Les paradis perdus de Christophe, alors qu’Axelle Saint-Cirel et Solann proposent leur propre version de Kiss from a Rose de Seal. Leur interprétation ne se démarque pas excessivement mis à part qu’on passe à des voix féminines ici. Étincelle 2 se conclut sur Flipper (de Téléphone), interprétée par l’inimitable Philippe Katerine. Choix audacieux, comme ce n’est pas la chanson la plus sympathique du répertoire retenu ni celle qui a le plus de finesse! On comprend le désir de Waxx de ne pas conclure sur une chanson trop convenue, mais il existait certainement une meilleure option!

Même si on a affaire à un album de même pas 40 minutes, on a l’impression de voyager dans de multiples univers. La musique de Waxx est évidemment au centre de celles-ci, mais chaque chanteur invité apporte sa couleur et fait un showcase assez intéressant de ce qu’il a à proposer. Ce genre d’exercices a généralement le défaut d’être un peu inégal d’une chanson à l’autre, et c’est aussi le cas ici dans une certaine mesure, mais on doit quand même nuancer cette critique puisqu’on retrouve à travers toutes ces différentes une certaine cohésion d’une piste à l’autre. Dans tous les cas, on a découvert quelques petites pépites ici, alors on ne peut pas trop se plaindre! Et il existe assez de répertoire et d’artistes pour assumer que Waxx aura peut-être envie d’enregistrer Étincelle 3 dans un futur rapproché, à condition bien sûr qu’il désire demeurer dans le registre des reprises!

À écouter : Diamonds, Gabrielle, All the Things She Said

7,7/10

Par Olivier Dénommée


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