Le prisme des éclats – Des Ébauches

Des Ébauches PrismeSorti le 6 novembre 2014

Naviguant dans un univers indie-rock francophone aux sonorités grunge, le quintette montréalais Des Ébauches lance, après 5 ans d’existence, son premier album complet, intitulé Le prisme des éclats. Derrière le band pour ce premier enregistrement, on retrouve le nom de Navet Confit, qui réalise l’opus. L’influence de ce dernier est d’ailleurs assez évidente dans l’énergie de l’album et plus particulièrement sur certaines pistes.

L’album de 50 minutes commence avec le rock tantôt agressif, tantôt rétro de Dominique, mais qui parle plutôt d’une société qu’on a intérêt à fuir. Plus léger musicalement, Boire à moi a une ligne vocale qui semble familière, ou du moins facilement mémorable. Si Retour à la civilisation est accrocheuse musicalement, il y a quelque chose dans la voix qui marche moins que sur les pistes précédentes. Peut-être l’accent plus évident ou les notes un peu forcées à l’occasion (en fait, S’élever qui vient plus tard a le même problème malgré la musique derrière qui est épique)? Outre cela, c’est un autre titre solide de l’album.

Plus ambiant et plus tard grunge, Les pieds sur terre se démarque du reste des titres présents. Beaucoup de réverbération (sans abuser, ce qui est un exploit en soi) et une ligne vocale particulièrement forte au refrain. La fin de la chanson de 6 minutes est instrumentale un  bon bout, ce qui est loin d’être désagréable. Un vrai plaisir pour les oreilles.

La chanson Les éclats (qui fait référence au titre de l’album) contient un beau mélange entre passes lourdes et d’autres plus légères. Le solo de guitare est aussi digne de mention. L’instrumental Garnison nous montre avec succès que le band ne se mise pas que sur les voix pour accrocher son auditoire.

Dans un registre complètement différent, Paresse est la chanson la plus lente et la plus atmosphérique que vous pouvez imaginer. Idée très intéressante mais 6 minutes ça devient peut-être un peu long pour un titre qui ne lève pas! Rentrer dedans, juste après, porte bien son nom. Non seulement il met fin au coma musical de Paresse, mais c’est une des chansons les plus énergiques de l’album. Attenter nous fait une petite frousse en revenant à une lenteur extrême, mais on change de registre assez rapidement. Cette chanson, la plus longue de l’album, offre des énergies variées et généralement réussies, avec quelques bons build-ups. On finit en douceur avec Chanson de glace, en formule guitare-voix pendant une bonne minute avant que la batterie arrive; mais même après, ce n’est rien de méchant.

Les textes de Des Ébauches sont souvent à prendre au deuxième degré. Les poésies du band nous amènent souvent à réfléchir à la société, sans tomber dans une attitude punk où on crie à l’anarchie de façon peu subtile. En musique, les gars nous amènent dans bien des directions mais savent garder une certaine cohésion d’album. Les influences de Arno Bramann, Dominique Mathieu, Gyslain Gaudet, Maxime Guay et Raphaël Hubert semblent riches et nombreuses, mais rien ne nous semble un copier-coller d’un autre artiste. L’influence la plus forte est probablement celle de Navet Confit; ceux qui apprécient le style de ce dernier se retrouveront facilement dans la musique de Des Ébauches. Notez que Le prisme des éclats contient une interlude à la piste 9 et une piste en extro qu’on entend à peine et qui serait un retour à la première piste, Dominique… Ces musiques sont intéressantes mais elles manquent de volume et passeront alors très facilement inaperçues.

Des Ébauches a raison d’être fier de ce premier album. Bien qu’imparfait, il contient beaucoup plus de bonnes idées et que mauvaises et il prépare déjà le terrain pour un prochain album plus assumé et plus précis.

L’album complet est prêt à être découvert sur la page Bandcamp du band.

À écouter : Les pieds sur terre, Les éclats, Garnison

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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