Navegar – Bïa

BiaNavegar_Cover_5x5Sorti le 3 mars 2015

Même si elle demeure à Montréal, la chanteuse et compositrice Bïa Krieger, ou tout simplement Bïa, a bien gardé ses racines brésiliennes. L’artiste, qui en est à son neuvième album en carrière, propose sur Navegar de nombreuses collaborations sur des chansons minimalistes, mettant de l’avant sa douce voix feutrée.

La liste des invités est assez impressionnante. On peut y entendre Jordan Officer, Andrea Lindsay, Joe Grass, Alejandra Ribera et l’Italien Gianmaria Testa, pour n’en nommer que quelques-uns. Certains chanteront avec elle, d’autres l’accompagnent avec leur instrument. Le résultat? Un album à la fois léger et ensoleillé, qui cherche à nous faire faire un voyage en Amérique du Sud à travers la voix de Bïa et des images de Christina Alonso, qui a pris de nombreux clichés au Brésil qui se retrouvent dans le livret de l’album.

C’est la pièce-titre Navegar qui démarre l’album. Tout en douceur, nous berçant avec sa ligne vocale en portugais, mais aussi avec les guitares qui sont assez présentes sans prendre trop de place. Aucune percussion n’est entendue ici. Cette première chanson, certainement pas la plus accrocheuse, n’en demeure pas moins une entrée en matière honnête de ce qui nous attend pour les 11 autres pistes de l’opus. On passe ensuite au français avec Ton inventaire, mettant aussi en vedette Andrea Lindsay à la voix et Jordan Officer à la guitare.

Beijo, avec sa mélodie d’accordéon de Marcelo Caldi, prend soudainement un air plus tango qui ne déplaît pas du tout. Elle a un quelque chose d’extrêmement dansant, malgré le minimalisme de l’instrumentation. Chapeau aussi aux harmonies vocales particulièrement efficaces.

Besame mucho, premier cover (de Consuelo Velasquez) qu’on entend sur l’album, se démarque des autres chansons avec sa subtilité ambiante. La voix de Bïa se fait plus sensuelle et feutrée, mais la guitare est plus légère : c’est un «cavaquinho», une guitare à quatre cordes, qu’on entend, ajoutant à cette ambiance d’intimité, qui fait contraste aussi avec la plupart des versions de la chanson qui existent.

Si vous avez l’impression d’être rendus au Mexique en écoutant Cucurrucucu paloma, c’est normal : c’est une composition du Mexicain Tomás Méndez. La trompette aide aussi grandement à cette impression. Au moins, on demeure encore loin de l’énergie de La Cucaracha. Le retour au Brésil se fait tout seul avec Melodia sentimental, composée par Heitor Villa-Lobos. Cette pièce, d’origine classique, est ici interprétée par harpe et violoncelle pour appuyer la voix de Bïa. Au milieu de cet opus plutôt chaleureux, cette chanson porte très bien son nom et est loin de mal se prendre.

Autre pièce surprenante : Eleanor Rigby, des Beatles. L’originale mettant de l’avant un ensemble à cordes, offrant une composition dramatique et intense. Bïa est quand même parvenue à faire une version plus folk, avec deux guitares. Le solo de guitare au milieu offre un côté plus dramatique à cette douce interprétation. Sans figurer parmi les titres les plus accrocheurs de l’opus, cela reste un exploit d’avoir pu adoucir autant ce titre loin d’être estival, disons-le.

Même si l’album au complet se laisse écouter tout seul, la fin est un vrai bonbon : Risada, avec sa ligne d’harmonica, est un titre empreint d’une mélancolie berçante; La tua voce, composition de Gianmaria Testa où il participe aussi comme chanteur et guitariste, est aussi une très belle collaboration qui mérite une écoute; finalement, Sai nous offre du soleil dans les oreilles avec une des compos les plus rythmées de l’album Navegar, avec un petit côté jazz pas tout à fait assumé. Bref, on finit sur une bonne note, une très bonne note!

L’album s’adresse aux voyageurs en vous : il vous transportera non seulement au Brésil, mais un peu partout en Amérique latine, et ce, pour pas très cher. C’est un album mature, inspiré, qui réussit l’exploit de demeurer dans un registre minimaliste (jamais plus de deux instruments pour l’accompagner), mais qui ne demeure presque jamais sur le même ton. Peu importe le temps qu’il fera dehors, vous sentirez la brise estivale en écoutant cet opus.

À écouter : Beijo, Risada, Sai

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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