Têtu – Le Vent du Nord

Vent du nord tetuSorti le 31 mars 2015

Avec le printemps, la cabane à sucre et les rigodons sont de retour. Un synchronisme idéal pour la sortie d’un album traditionnel et dansant. Officiellement prévue pour le 31 mars 2015, la sortie de l’album Têtu du groupe Le Vent du Nord a été devancée au 18 mars pour quelques adeptes qui ont pu se le procurer aux concerts de Londres et Paris.

Typiques de notre folklore québécois, les influences sont mixtes : reels irlandais et écossais, notes celtiques anglaises, gigues françaises, histoires d’ici et un parler bien québécois (sans être vulgaire). On se sera même permis des accents jazz (voire cabaret?) sur le très vivant Amant volage. Des ambiances festives arrosées d’accordéon, violon, piano, guimbarde et tapements de pieds (podorythmie); des textes qui s’abreuvent des drames de notre histoire. Bref, à l’image de l’art québécois, les chansons allient joie et tristesse avec simplicité. L’album ne semble pas suivre d’ordre précis; vocal, instrumental, animé ou mélancolique s’y alternent. Point.

Sur presque chaque titre, les quatre gars offrent des harmonies vocales à la façon des Charbonniers de l’Enfer.

Nicolas Boulerice (le cœur du groupe), de sa voix chaleureuse rappelant celle d’Yves Lambert (La Bottine Souriante), chauffera votre fibre québécoise avec des textes engagés. Les friands de références à notre histoire et à nos racines culturelles se feront les dents sur Loup-Garou, Confédération, Forillon (S. Beaudry) ou Papineau. Ces chansons traitent de nos confrontations avec religion, politique et colonisation. Le ton comme le son y ont quelque chose d’une rengaine mélancolique pourtant rassembleuse et festive. Tant par le choix des mots que par sa mélodie, L’échafaud est le seul morceau purement morose.

Simon Beaudry, avec son timbre/accent situé quelque part entre Paul Piché et Stéphane Archambault (Mes Aïeux), interprète des airs plus romantiques tels que Pauvre enfant qui semble être la seule balade de l’album. Tout comme Noce tragique, Le rosier et Chaise ardente, il est question d’un amour perdu et le choix des harmonies nous fait bien sentir la tragédie planante. (Noce tragique au festival Celtic Connection de Glasgow, Écosse) Les interventions de violons, accordéon et autre podorythmie allègent ces pièces nous laissant, comme sur le reste de l’album, avec une musique qui bouge.

Quelques morceaux se détachent un peu du lot. Nous sortons du carcan habituel et carré en 4/4 avec Loup-Garou qui est intéressant par ses couplets en 5/8 (et son refrain en 6/8). Sans paroles, Petit Rêve IX offre de touchantes mélodies de guitare (de Simon Beaudry) et de vielle à roue (par Nicolas Boulerice).

Pour tous ceux qui s’empiffrent (d’érable… donc tout le monde) ou pour les plus festifs,  serrez votre soutif («soutif»? Saint-Cunégonde!) et faites tourner ces titres : Cardeuse-Riopel, Confédération, D’ouest en est, Forillon. Instrumentale et entraînante, Entre ciel et terre est une escapade vers les maritimes et jusque dans les hautes herbes de l’Irlande. Turluttes techniques et entraînantes, harmonies de voix hypnotisantes; La marche des Iroquois et Papineau aussi vous égaieront messieurs mesdames, tidelida tatid’ladam!

Nota Bemol : comme toute musique qui fait danser, une certaine constance s’impose, ainsi, on pourra trouver un côté répétitif aux chansons.

À écouter : Loup-Garou, Forillon, Entre ciel et terre, Amant volage

8/10

Par Raphaël Côté

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