MTL HB5 – MTL HB5

mtlhb5Sorti le 9 juin 2015

Le Montreal Hard Bop Five, abrégé en MTL HB5, est composé de Cameron Wallis (saxophones), David Carbonneau (trompette), Jonathan Cayer (piano), Fred Grenier (contrebasse) et Alain Bourgeois (batterie). Ensemble, ils offrent une sonorité qui nous rappelle la belle époque du hard bop (Art Blakey, Donald Byrd, Horace Silver et Cannonball Adderley sont d’ailleurs cités comme les influences majeures du quintette), mais avec du matériel original. Les neuf œuvres de l’album éponyme du groupe montréalais sont des compositions, principalement celles de Cameron Wallis.

C’est surprenant à entendre, parce que par moments, on jurerait avoir affaire à des standards de jazz, tellement les œuvres sont familières et bien ficelées.

Après une certaine incertitude rythmique (calculée) dans les premières secondes de Bobby Big Wood, on arrive aux airs qui rappellent, effectivement, certaines compositions des années 1950, du moins dans l’énergie. On n’a droit qu’à un quintette, mais cela aurait pu être joué avec un big band, et cela aurait sonné comme une tonne de briques! On a quand même droit à quelques bonnes briques d’énergie ici, avec des solos solides sans être aussi extravagants que ceux sont ils se sont inspirés. Car le bop peut rapidement devenir intense, et lorsque c’est le cas, cela devient de plus en plus difficile à suivre.

L’exploit du MTL HB5, c’est de nous donner l’impression d’entendre des standards, donc des pièces qui auraient passé dans l’histoire du jazz, alors que ce sont de nouvelles compositions. Apollo, mais surtout Down at Dino’s, en font partie. On y croit tellement les mélodies nous semblent déjà instinctives.

Cependant, le groupe ajoute une touche de modernisme à sa musique, offrant, heureusement, quelques nuances à ses compositions. Bunky Junky, par exemple, offre quelque chose de très léger et festif, rappelant l’énergie du New Orleans. Aussi, Horace, en hommage évident à Horace Silver, nous offre un registre plus lent, qui se prend très bien, avec quand même des sons étranges par moments. 402E116th Street, plus loin, assume enfin cette douceur tant attendue avec une ballade berçante. Le solo de batterie au début de Sitt’s Out, dernière piste de l’opus, nous surprend encore plus.

Aussi solide cet album soit-il, il demeure un album de hard bop, avec toutes les qualités et les défauts du style : il est techniquement impeccable, avec des bonnes compositions qui replongera plusieurs auditeurs dans une belle nostalgie qui donnera envie de réécouter quelques albums iconiques de cette ère du jazz (il n’en manque pas!). En revanche, même si MTL HB5 a rendu ce sous-genre de jazz plus accessible avec des solos plus sympathiques pour l’oreille moyenne, cela reste un jazz qui s’adresse aux initiés avant tout. C’est dommage, car il y a du bien beau matériel ici, et trop peu de gens osent encore prendre le risque d’essayer un nouvel album alors qu’on peut s’en procurer un qui a fait ses marques depuis 60 ans…

À écouter : Down at Dino’s, Bunky Junky, 402E116th Street

7,8/10

Par Olivier Dénommée


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