CHRONIQUE : Le piano à l’honneur pendant l’OFF Jazz

Marianne Trudel 1Par Olivier Dénommée

Lors de ce 16e OFF Festival de jazz de Montréal, les amateurs ont eu l’occasion d’entendre beaucoup d’excellents groupes. Mais le vendredi 9 octobre à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, on a plutôt misé sur un seul instrument : le piano. Marianne Trudel et Jean-Michel Pilc ont chacun occupé l’intime salle de la chapelle pour une soirée tout en douceur.

Le lieu est plus connu pour les concerts de musique de chambre, mais il était parfait pour l’événement. Dès 20h, Marianne Trudel est arrivée timidement devant son public. Elle qui avait lancé la programmation de l’OFF Jazz le 1er octobre avec l’Orchestre national de jazz de Montréal, c’est seule qu’elle revenait sur scène pour présenter des compositions toutes fraîches (fraîche dans le sens qu’elle a fini d’en composer une… la veille). Pianiste de formation classique, elle a d’ailleurs admis avoir bifurqué vers le jazz parce que le jeu en solo ne l’attirait pas. Douce ironie! Mais cela n’a pas empêché l’artiste d’offrir une performance sincère et fort bien accueillie par le public.

Marianne Trudel 2Le dernier projet de la compositrice, La vie commence ici, se veut lumineux. Mais à la Chapelle, elle voulait explorer une musique plus sombre, d’où le titre de son concert, «Jeux en clair-obscur». Des compositions généralement lentes, un peu plus lourdes, avec de fortes influences classiques où les improvisations se faisaient plus discrètes. Entre ses morceaux, elle se tournait et s’adressait volontiers à son public, glissant quelques mots au sujet de sa démarche. Elle a aussi comparé ses compos à des recettes qu’elle teste devant public. «Je peux voir si c’est trop épicé, s’il manque de sel…» Généralement, le public a semblé apprécier ce qu’elle avait à proposer et son concert s’est passé beaucoup trop rapidement.

Pour la suite des choses, c’est l’Américain d’origine française Jean-Michel Pilc qui allait s’amuser avec le piano de la Chapelle historique. Il est arrivé sobrement, en jeans et t-shirt, nous avouant qu’il ne savait pas trop ce qu’il allait jouer quelques instants plus tôt. C’était donc une performance très improvisée, où il s’est amusé avec le piano qu’il découvrait pour la première fois. Parmi les moments mémorables, on se souviendra de sa version de Les feuilles mortes (ou Autumn Leaves), où il sifflait la mélodie, ainsi qu’un petit solo. Il a aussi expliqué qu’en s’occupant de ses enfants, il a composé quelques berceuses à une main. Il en a joué trois.

JM PilcCette soirée, à l’approche de la fin du festival, arrivait à point : après avoir entendu plusieurs artistes qui explosaient sur scène et rivalisaient d’intensité virtuose, un moment de minimalisme se prenait très bien. La qualité des artistes invités aussi était impeccable. La douceur de la musique dans un endroit comme la Chapelle historique du Bon-Pasteur faisait en sorte que chaque bruit était entendu dans l’assistance qui se faisait aussi respectueux que lors d’un concert de classique.

(Photos : Olivier Dénommée)

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