Black Matter – Thus Owls

Thus-Owls_Black-Matter_CoverSort le 6 novembre 2015

Établi à Montréal, le band indie experimental Thus Owls présente les compositions étrangement enlevantes du couple Simon et Erika Angell. Après quelques albums qui ont fait bonne impression, le duo propose un nouveau EP, Black Matter, avec plusieurs collaborateurs qui contribuent aux nouvelles sonorités que cherchent à prendre le groupe.

Quelques noms : on confie la batterie à Liam O’Neill (Suuns) et à Stefan Scheider (Bell Orchestre, Luyas), et les arrangements des cordes sont signés Daníel Bjarnason (Sigur Rós, Efterklang, Ben Frost). Des références qui font oublier qu’on a «seulement» affaire à un mini-album, qui durera en faire tout près de 30 minutes.

Justement, le mini-album, parlons-en : on commence très lentement avec Asleep in the Water. Les cordes et la voix d’Erika Angell sont mis de l’avant dans cette pièce où on se laisse porter pour deux minutes avant d’intégrer des sons plus expérimentaux pour la suite (on n’allait quand même pas renier ses origines!). Bien que certains sont auraient pu être plus dosés, et d’autres carrément enlevés, la trame de fond de la chanson est étrangement enlevante. La construction nous laisse un étrange sentiment de confort ambigu. Mais c’est peut-être parce que je ne suis pas un habitué de Thus Owls que je me laisse impressionner si facilement!

La pièce-titre Black Matter mélange aussi les énergies. Autant les mélodies sont simples et pourraient passer dans un registre plus pop, autant les arrangements laissent des sentiments partagés, tantôt audacieux, tantôt juste désagréables.

On appréciera davantage la tranquilité de Shields. Lente, laissant toute la place à la voix et aux synthés, on se donne un répit des surprises que le reste du mini-album se plaît à nous lancer. Le single Turn of the Volumes vaut aussi le détour : une belle diversité musicale, explorant diverses énergies, sans aller trop loin dans les expérimentations. Et la description que le couple a fait de la chanson ajoute une touche de poésie au procédé. «Cette chanson est indigo», ont-ils notamment expliqué.

Après Vector qui s’apparente à une pièce de remplissage, on passe déjà à We Leave / We Forget, la chanson finale de l’opus. On y va s’une ballade à la Thus Owls. Et ça s’écoute très, très bien! À part quelques effets de guitare, on y va finalement très sobrement ici, pour une conclusion sympathique.

Le EP Black Matter semble un bon compromis pour ceux qui veulent écouter quelque chose qui sort un peu des sentiers battus, mais qui ne durera pas trop longtemps. Avec 30 minutes, on a l’impression d’avoir un album complet dans les oreilles, mais celui-ci défilera pourtant bien plus vite. Par contre, ce n’est pas le genre de musique qui se mettra aisément dans toutes les playlists. Heureusement, il reste certains titres plus amicaux pour écouter en dehors du contexte de l’album, et qui pourront même plaire à un public généralement plus visé par la pop conventionnelle. Ça mérite bien une écoute en tout cas, au moins pour s’ouvrir les oreilles un peu.

À écouter : Turn up the Volumes, We Leave / We Forget

7,7 /10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Votre commentaire