S’armer de patience – Ivy

ivy_sarmerdepatienceSorti le 30 septembre 2016

Poète, slammeur et auteur-compositeur-interprète, Ivy s’est allié aux étoiles montantes du jazz montréalais, le trio Misc, pour produire un album incisif de 13 titres, offrant à la fois des textes incisifs et engagés et des tendances musicales éclectiques.

Comme si ce n’était pas assez, Ivy fait aussi appel à quelques chanteurs qui apportent leur touche sur différentes chansons. On y entend d’ailleurs Gilles Vigneault sur la première piste, Mon pays. Connaissant les positions très claires de Vigneault, le ton est donné. Musicalement, le trio se fait discret, du moins jusqu’au dernier quart, où Misc peut enfin laisser libre-cours à son intensité. Quant à Québecœur, on peut entendre Raoul Duguay (un autre pas subtil sur ses croyances politiques), sur une musique à tendance plus trad.

Même si les deux premiers titres prennent un ton très engagé en faveur de l’indépendance du Québec, les thèmes se diversifient au fil de l’album : «la parole, le changement, le courage, la foi» sont les autres thèmes de l’opus, selon Ivy. Parmi les autres collaborateurs, comptons sur la voix de Marjo sur Dysthymie, Tanya Evanson sur S’armer de patience, et Michel Rivard sur Les marchands disent. Au total, cinq chansons parmi les 13 ont eu droit à des collaborateurs externes. Quand même!

Mention spéciale pour la chanson Change, qui marque de par son rythme chaud et entraînant, qui rend très bien justice à la plume de Ivy, même si on l’enterre un peu à l’occasion. Au contraire, sur Il y eut, le slammeur est en solo pour introduire Les marchands disent et il manque définitivement quelque chose pendant une minute et demie. Va faire ta guerre, vers la fin, est marquante pour ses textes particulièrement mordants, alors que L’espoir inguérissable laisse amplement de lassitude au trio avant qu’Ivy n’entre en scène, après plus de minutes (sur cinq!). Finalement, Qui surprendra avec une construction particulièrement intense, afin de finir l’album sur une bonne note. Évidemment, on revient à la douceur à la toute fin, mais la chanson suscite quand même quelques émotions fortes.

L’album, sans être parfait, est un bon coup pour sa capacité à rejoindre à la fois les amateurs de slam et de chanson engagée et ceux de jazz-rock. Les deux univers ne sont pas complètement contraires, mais pas tout à fait naturellement conjoints non plus après tout. Cela paraît aussi que l’équipe a travaillé longtemps sur le projet : les musiciens sont à l’aise peu importe le style abordé et le frontman a des textes fignolés et rendus avec précision. Je fais partie de la portion des auditeurs qui ont été attirés par la présence du trio jazz sur l’enregistrement, mais qui sont restés parce que l’ensemble valait vraiment le détour. Évidemment, ce n’est pas le genre d’album à écouter distraitement, en musique de fond. Le message de Ivy est fait pour être entendu  et l’album peut difficilement s’apprécier si vous n’êtes pas prêts à faire cet effort intellectuel. Au moins, les efforts seront largement récompensés sur une bonne partie des chansons.

À écouter : Mon pays, Change, S’armer de patience

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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