Ï – Medora

Sorti le 25 août 2017

La formation indie-rock de Québec Medora s’est fait connaître avec deux EP par le passé, mais le voilà enfin prêt à lancer un premier long jeu. Il opte finalement pour la lettre Ï comme titre, tout simplement, et offre quelques expérimentations à travers une musique qui nous semble quand même familière.

Commençons par Le Maine, assis à l’arrière. L’intro guitare-voix est douce, mais pas particulièrement intéressante, jusqu’à ce que le reste du groupe entre en scène. Là ça rentre un peu plus au poste, et c’est franchement plus accrocheur. Il y a quelques belles variations dans la chanson qui ne dure pourtant que 3min40, et, somme toute, c’est une assez bonne introduction à l’opus.

Par contre, on devient plus sérieux avec Concorde. Le rock est assumé, plus nerveux. Vocalement, la voix de Vincent Dufour et ses effets sont plutôt bien complimentés par les autres instruments qui ajoutent au côté planant. Terrasse aussi offre une musique bien équilibrée où la guitare (encore de Vincent Dufour) prend juste assez d’espace. Ça me rappelle un peu l’esprit de Corridor, quelques lourdes couches de reverb en moins.

Le peintre est à donner des frissons avec une musique lente, pas si lourde musicalement, mais surtout dans le ton du chanteur. Il faut donner que le refrain, malgré une évidente répétitivité, reste très efficace. On aurait seulement enlevé la partie de la fin, qui casse un peu le mood qui était installé jusqu’ici. On se reprend au moins avec l’énergique Tsunami. S’ensuit Mïra, dont on se souviendra pour deux raisons : l’étrange calcul du temps («10 ans, 13 mois, 32 jours et 27 heures») et son refrain qui justifie le titre de l’album.

Après cette suite de morceaux forts, Commotion, Les tracas dans les cellules de ma tête (malgré une fin puissante) et Sofa (qui ne lève vraiment que dans la seconde moitié de la piste) manquent d’un petit quelque chose pour faire partie des mémorables de l’album. Pourtant tous les ingrédients semblaient y être! Dommage! On finit le tout avec la douceur de Petit chantier, qui prend un peu des airs de Ponteix.

L’album Ï n’est pas mauvais, loin de là, mais on se sent un peu déçus de la seconde moitié de l’opus : la première partie nous fait moins patienter, et nous balance tout de suite des airs accrocheurs dans les oreilles. Du coup, on sent qu’on nous fait travailler un peu plus pour tirer quelque chose de la seconde portion… Un meilleur équilibre aurait pu contribuer à changer nos perceptions, d’autant plus que Ï garde une assez bonne cohésion du début à la fin. Medora est un groupe qui prend de l’assurance, et c’est tant mieux. Maintenant, son défi est de définir encore ses sonorités, puis de préciser ses compos. Le potentiel est là, suffit de bien l’exploiter.

L’album peut être entendu sur Bandcamp.

À écouter : Concorde, Tsunami, Mïra

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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