La somme de tous nos efforts – Peter Katz

Sorti le 8 septembre 2017

Auteur-compositeur-interprète natif de Montréal, Peter Katz s’est surtout démarqué sur la scène canadienne anglophone dans les dernières années, avec entre autres la parution de cinq albums depuis 2007. Le 8 septembre, le chanteur renoue avec ses racines québécoises en revenant sur quelques pistes de son plus récent disque, We Are the Reckoning, qui fait peau neuve en proposant plusieurs adaptations francophones de ses chansons.

Puisque l’ordre des pistes est complètement revisité, on commence avec À vrai dire (Driving a Dream), dans laquelle on opte plutôt pour un style country-pop. Avec la guitare comme accompagnement de base alors que ce rôle était assuré par le piano dans sa version originale, on sent clairement une inspiration franco-pop qui va bien à Peter Katz, mais qui nous fait un peu douter de la pertinence de ces changements. L’arrangement d’origine était si efficace : pourquoi l’avoir changé autant? Disons seulement que ça ajoute la touche quétaine de trop.

À l’opposé, Je suis là (Lay It on Me), garde quant à elle sa jolie couleur acoustique qui lui donne ce petit «oumf» de contentement que l’on ressent en l’écoutant. Apprécions le fait que l’auteur-compositeur-interprète y va de traductions au sens général des textes plutôt qu’une traduction littérale qui aurait tôt fait de nous faire regretter l’écoute du long jeu. Juste après, Brother (VF) est présentée en duo avec Rémi Chassé dans sa version traduite, qui n’a rien de bien époustouflant. Fondamentalement, le style de la pièce s’agence mal à la langue de Molière (pas étonnant que le refrain soit chanté en anglais) et on se serait bien passé de cette reprise, malgré la qualité des interprètes sur lesquels on ne peut rien ajouter. On reverra la chanson en fin d’album dans un remix de Skydancers. Ce n’est ni mauvais, ni excellent : on aurait très bien pu vivre sans.

Bien que le prochain morceau, Quand je ne vois que noir (Dark), avait su garder l’oreille plutôt indifférente dans le précédent opus, elle cadre définitivement mieux dans cette liste (plus courte) de chansons et se taille une place intéressante, avec en prime la délicieuse Emilie-Claire Barlow pour donner la réplique à Peter Katz. Très sobre, la pièce est assez simple et n’a rien besoin de plus pour fonctionner. Au dernier détour (When the Day is Done) ajoute une belle touche de soleil juste après, un contraste apprécié pour se redonner un petit boost d’énergie, sans pour autant nous épater côté traduction (encore et toujours très quétaine).

Il y a cependant quelque chose qui agace dans le mixage de l’album, et ce, depuis la toute première piste : on a l’impression que tout sonne un peu «en canne», ce qui n’est définitivement pas le cas du disque original. En jetant un œil à la pochette, on peut remarquer que c’est Peter Katz lui-même qui a produit et réalisé cet album-ci, alors qu’il comptait sur la collaboration de Royal Wood et de Bill Lefler pour la coproduction de We Are the Reckoning. Un simple hasard? Je ne crois pas.

On peut entendre un nouvel extrait parmi cette liste de reprises, le single Ma chère, qui est clairement le single du disque parce que c’est la seule nouvelle du lot. En toute honnêteté, il n’y a rien de très accrocheur dans cette pièce, pas plus que dans Histoire oubliées (Story You Forgot) qui finissait l’opus original en queue de poisson. Remercions cependant Peter Katz de clore (officieusement) le tout avec La somme de tous nos efforts (We Are the Reckoning), qui reste tout aussi excellente dans sa version traduite qu’originale, un miracle en soi! Elle aurait aussi bien pu ouvrir le disque comme elle le faisait avant, mais le clôt tout aussi bien.

Alors que ce disque ne peut clairement pas détrôner l’original, il offre une belle alternative francophone aux chansons de Peter Katz, qui tente de se tailler une place de choix au Québec. C’est certain qu’avec la tendance anglophone actuelle dans la scène musicale émergente, le chanteur marque des points en offrant de la nouveauté auprès des auditeurs francophones adeptes de radio populaire. Je reste tout de même d’avis que sa musique est davantage mise en valeur avec des textes en anglais et qu’il pourrait tout aussi bien s’en tenir à ça pour charmer le cœur du Québec.

À écouter : Je suis là, Quand je ne vois que noir, La somme de tous nos efforts

6,9/10

Par Audrey-Anne Asselin


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