Demi-nuit – Benjamin Deschamps

Sorti le 14 avril 2017

Benjamin Deschamps fait partie de la jeune génération de jazzmen qui font lentement mais sûrement leur place dans le milieu, autant à l’instrument qu’aux compositions. Le saxophoniste tente de trouver un compromis entre la tradition et l’avant-garde, et a ainsi lancé l’album Demi-nuit plus tôt en 2017 pour faire découvrir ses talents, en formule quintette (avec Jean-Nicolas Trottier au trombone, Charles Trudel au piano, Sébastien Pellerin à la contrebasse et Alain Bourgeois à la batterie).

L’album ouvre sur le mystérieux prélude Crépuscule, avant de nous amener à la pièce-titre Demi-nuit. Celle-ci est remarquable par sa ligne de sax qui domine une bonne partie du morceau, sur laquelle les autres instruments improvisent allègrement. Deschamps s’est très bien entouré, et la complicité semble évidente entre les différents musiciens. La suivante, Monélia, est encore plus chantante, et arrive dans ses solos à combiner virtuosité avec douceur, ce qui n’est pas une mince affaire.

Le gros morceau de l’album est consacré à La Prophétie, une suite jazz divisée en trois parties. Cette suite servait à mettre bien en valeur le talent de chacun des cinq musiciens impliqués et on a droit à de sacrées envolées, particulièrement dans les mouvements I et III, alors que le second mouvement, lui, est plus discret et sans batterie, mais très réussi, et surtout dans le mood général de l’album.

La dernière portion de l’opus contient trois pistes, la première étant L’oubli, justement pas tout à fait inoubliable, suivie de Slow Cooking. Très mélodieuse, limite berçante, cette composition deviendra vite un des incontournables de l’album. Puis le tout se conclut avec Si et seulement si, un «petit blues» qui s’écoute bien, sans être exceptionnel à l’oreille.

L’album Demi-nuit s’écoute très bien lorsque l’état d’esprit se prête à un bon jazz pas trop agressant. Oui, il contient sa dose de virtuosité, particulièrement avec La Prophétie, mais dans l’ensemble, il offre un bon compromis entre le talent des musiciens impliqués et l’envie de se faire entendre (et apprécier) par le grand public. Ce n’est pas pour rien que Benjamin Deschamps est devenu la Révélation Radio-Canada jazz 2017-2018. Un jeune homme à suivre de près.

Il est notamment possible d’entendre l’album sur Bandcamp.

À écouter : Demi-nuit, Monélia, Slow Cooking

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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