Le démon normal – Oktoplut

Sorti le 20 octobre 2017

Commençons pas une anecdote très personnelle : les seuls souvenirs que j’avais du duo Oktoplut remontaient à un spectacle live il y a quelques années. De mémoire, le son était dégueulasse et j’aurais été bien indisposé de deviner dans quelle langue chantait le groupe dans cette bouillie «musicale» généralement très agressive, tellement rien ne se distinguait. Pour faire une histoire courte, cela ne m’a définitivement pas donné envie de découvrir Oktoplut sur album, et j’étais bien heureux ainsi.

Puis son deuxième album Le démon normal est apparu, avec pas mal de buzz l’entourant et plusieurs critiques élogieuses. La curiosité – et mon désir de ne pas tenir rigueur à cette seule mauvaise expérience – m’a convaincu d’y prêter une oreille… Et il faut admettre que l’expérience ici est infiniment plus concluante!

C’est le rock très chargé de Héros ou ennemi qui introduit l’album. On se surprend d’entendre des mélodies très amicales pour l’oreille, frôlant presque la pop par moments. Cela donne le ton : on a droit à un album où toutes les influences de Mathias Forcier et de Laurence Fréchette seront habilement mêlées sans lien apparent.

S’ensuit Errer, un morceau lourd plus prêt du stoner rock qui impose immédiatement un autre mood, avant de passer à une énergie plus punk rock cette fois, avec Le calme pivote. On sent des inspirations diverses pour chaque piste, mais on n’a même pas le temps de mettre le doigt sur quoi exactement qu’on passe déjà à autre chose.

Dépossédé nous prend par surprise à son arrivée : résolument la plus agressive du début de ce long jeu (et, en fait, de l’album au complet!), elle nous explose aux oreilles et perdra certainement quelques auditeurs qui écoutaient l’album par curiosité. La bonne nouvelle, c’est qu’après deux courtes minutes, on passe à autre chose,  avec les plus douces Laissez-moi (presque pop rock, celle-là) et Regardez-là (au refrain franchement catchy).

Oktoplut nous propose ensuite la lente et lourde Océan en trois parties, totalisant 13 minutes. Le build-up habile nous surprend agréablement, particulièrement dans Océan 2. Cette longue pièce fait paraître bien pale la suivante Fragments. On questionne aussi le choix de terminer avec la chanson-titre Le démon normal, la deuxième piste la plus agressive de l’opus. Question de goût, mais on aurait préféré une chanson qui ramène plus naturellement au début de l’album.

Oktoplut demeure un groupe assez niché, mais il a quelque chose de somme toute très accessible dans ce ramassis de chansons extrêmement différentes les unes des autres. Quelque chose qui donne envie d’écouter le tout à répétition pour saisir les subtilités et les innombrables influences qui ont rendu cet enregistrement possible. Plusieurs critiques ont souligné le côté «imprévisible» des chansons parmi les forces de l’album, et il est vrai que cette formule ajoute à la surprise d’écouter l’opus pour la première fois. La magie se dissipe un peu ensuite, quand on commence à connaître l’ordre des chansons, mais ce petit fuck you aux normes demeure rafraîchissant. Chapeau. Maintenant, je n’aurai pas le choix de donner une deuxième chance au groupe en live.

Vous pouvez notamment écouter le nouvel album sur la page Bandcamp du groupe.

À écouter : Errer, Le calme pivote, Océan 2

8,1/10

Par Olivier Dénommée


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