Premier juin – Lydia Képinski

Sorti le 3 avril 2018

Triomphante de l’édition 2017 du concours tremplin Les Francouvertes, la jeune auteure-compositrice-interprète nous offre l’album Premier juin, un premier opus digne d’une jeune première (oui, je joue avec les mots), qui a tout pour nous convaincre de sa place sur la scène musicale québécoise.

Huit pistes en 40 minutes, c’est ce que nous propose Lydia Képinski, en ouvrant avec la très charmante Les routes indolores, ou comme je la surnomme, «hommage aux Cités d’or». Alors qu’on peut y entendre plusieurs clins d’œil au  thème principal du populaire dessin animé des années 80, la chanson en elle-même n’a rien avoir avec son inspiration et laisse plutôt entendre une Képinski solide, autant au niveau de l’arrangement musical que vocal. La jeune interprète chante de façon nonchalante et c’est, à mon avis, ce qui la distingue de beaucoup de chanteurs pop actuels.

Les arrangements musicaux sont ce qui frappe le plus, on suppose qu’ils sont signés par l’artiste qui exerce sa créativité en nous plongeant dans des ambiances inspirées des années 80-90 mais qui, clairement, utilisent le bon goût et les technologies de la décennie actuelle. L’une des pièces du disque qui exprime le mieux cette idée est sans nul doute Premier juin, un vrai petit bijou, poli et brillant. C’est même difficile de trouver quoi que ce soit à redire après la découverte de ce morceau, autre que de chanter à tue-tête «Retrouver ma famiiiiiille».

On est encore sur un gros high quand la douce mélodie de 360 jours débute, le temps de nous apaiser quelques instants, mais pas pour longtemps. Le synthétiseur se met de la partie et le refrain reprend avec énergie dans une ambiance très pop, mais toujours aussi bien ficelée. Après un Maïa bien énergique, mais au refrain quelque peu agaçant, c’est Belmont qui prend place. En référence à Diane Dufresne, on ne cite cependant pas la populaire chanson de la diva québécoise dans cette création de Képinski qui, ma foi, est magnifique. La ligne vocale du refrain est d’une beauté rafraîchissante, même la modulation en milieu de morceau a sa place (chose très rare dans la musique populaire, de façon générale, merci Lydia!).

Les balançoires, juste après, c’est un peu la démonstration du côté plus funky de Lydia Képinski, qui se laisse aller dans ses folies musicales et poétiques. Toujours right on, on peut dire sans gêne que l’auteure derrière ces textes écrit avec brio, autant qu’elle sait mettre ses mots en musique. On ne sort pas trop du contexte avec Sur la mélamine où, encore, la personnalité colorée de la chanteuse est décelable autant dans l’accompagnement instrumental que dans sa voix qui se promène entre registre aigu et très grave.

Finalement c’est Pie-IX qui ferme le tout. Changement d’atmosphère subit, plusieurs tableaux distincts : c’est la beauté de Pie-IX, qui dépeint les difficultés d’une jeune femme dans la grande Montréal, mais surtout dans la grande vie qui apporte son lot de hauts et de bas. C’est un tour de force dans lequel Lydia Képinski ne laisse pas de place pour le doute et où elle nous impose (sans qu’on s’y oppose) son art.

Succès. Premier juin, c’est l’apogée de la dernière année musicale de Lydia Képinski. Cet album couronne, et je pèse mes mots, l’ascension d’une artiste intègre qui se fout des conventions et qui nous jette en plein visage ses idées et ses couleurs.

À écouter : Premier juin, 360 jours, Belmont

9,1/10

Par Audrey-Anne Asselin


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