Sabrina Sabotage – Sabrina Sabotage

Sorti le 14 septembre 2018

Seconde moitié du défunt duo Orange Orange avec Dominiq Hamel, Sabrina Bellemare, plus connue sous son nom Sabrina Sabotage, a pris son temps avant de lancer son premier album en solo, passant même par le processus de La Voix en 2016. Là voilà qui se sentait prête à livrer sa musique pop aux tendance électro à l’occasion dans un premier opus homonyme, trois années après avoir annoncé qu’elle préparait quelque chose.

Avouons-le, l’Intro nous a un peu fait peur : dans quelle direction la chanteuse et multi-instrumentiste allait-elle nous envoyer? Heureusement pour la plupart d’entre nous, le reste de son album n’a rien à voir avec ce passage de plus de 2 minutes, plus expérimental que vraiment représentatif de l’esprit de l’album. L’esprit est en fait plutôt pop et assez accessible. Cela s’entend dès Artificielle, aux tendance électro-pop qui ne nous convainc peut-être pas tant niveau mélodies et textes, mais qui a la qualité de donner le ton. C’est plus réussi dans Cœur de robot, particulièrement au refrain, mais la chanson perd quelques points à dire beat comme bite, une occasion sans fin pour faire bien des jeux de mots douteux.

S’ensuit Jeune forever, la chanson la plus clichée autant pour son titre franglais que pour son featuring prévisible avec Marieme. Ceci étant dit, dans le registre de la pop commerciale, ça se défend quand même bien. Il faut admettre que dans le même registre, Asile offre plusieurs éléments accrocheurs, notamment quelques build-up bien amenés et un refrain parmi les plus réussi de l’album.

On a des sentiments mitigés pour Feelin’ Better. Premièrement à cause de la tendance à chanter un refrain partiellement anglophone dans une chanson tout à faite francophone, deuxièmement avec les paroles qui ne semblent pas coller au style. Quand Sabrina Sabotage chante «Et j’ai prié au ciel implorant les dieux du disco» alors que la musique est simplement une pop générique, on est en droit de se demander si les dieux du disco lui ont répondu. Troisième point qui nous agace : la chanson revient en fin d’album, en version acoustique, piano-voix. Très honnêtement, cette version épurée nous semble bien meilleure que l’originale, mais quelques passages semblent décrocher de la mélancolie ambiante qui se dégage de cette version autrement fort réussie. Note à l’artiste et à toute personne qui fait une version acoustique d’une de ses propres chansons : vous avez le droit de ne pas reprendre chaque acrobatie vocale si elles ne sont pas justifiées dans le mood de la nouvelle version!

Reprenons notre écoute : AQCR (À quoi ça rime) reprend encore plusieurs clichés de la pop radiophonique, mais L’albatros vient nous prendre par surprise avec son dosage réussi et ses mélodies bien amenées. Notre seul bémol est l’abus des bruits de vague, mais c’est un bien petit mal quand on a affaire à une des pistes les plus fortes de l’opus. La chanson est suivie du classique Vivre dans la nuit. La version originale aurait certainement mérité une relecture moderne, mais celle que fait Sabrina Sabotage est loin d’aller nous chercher autant. La portion ajoutée à la fin pour faire du remplissage n’aide pas non plus à nous inciter à l’écouter en boucle. Drôle de décision!

L’album Sabrina Sabotage dure 35 minutes, rien d’excessivement long, mais elle réussit à y inclure quelques longueurs et plusieurs bouts prévisibles. Petite déception, surtout qu’elle a mis beaucoup de temps avant d’oser le lancer. L’a-t-elle lancé exclusivement pour les auditeurs de La Voix?

L’album peut être écouté sur sa page Bandcamp.

À écouter : Asile, L’albatros, Feelin’ Better (Acoustique)

6,2/10

Par Olivier Dénommée


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