
Sorti le 31 juillet 2020
Quand on pense à la musique d’Alanis Morissette, on pense surtout à ses succès remontant au milieu des années 90 notamment avec l’album Jagged Little Pill. D’ailleurs, on a beaucoup parlé d’elle quand il a été question du 25e anniversaire de cet album qui a propulsé sa carrière, en 2020. Lorsque Such Pretty Forks in the Road, son neuvième album en carrière, est sorti, la curiosité l’a emporté et on a cherché à savoir comment Alanis Morissette sonnait en 2020, 8 ans après sa précédente offrande studio.
D’entrée de jeu, on admet ne pas avoir suivi de près l’évolution de la carrière de la chanteuse, mais on se doutait qu’elle n’était pas nécessairement restée accrochée à l’étiquette «rock alternatif» qui l’a popularisée. On a effectivement droit ici à un album relativement doux, avec comme instrument central le piano dans bien des chansons. On a aussi droit, en lisant un peu sur l’opus, à plusieurs chansons profondes et touchantes au niveau des paroles. Such Pretty Forks in the Road a quelque chose de très rassurant à écouter, qui faisait particulièrement du bien dans un contexte pandémique!
L’entrée en matière Smiling met bien la table au reste de l’album : une chanson à la fois douce et punchée, qui laisse de l’espace pour une performance vocale convaincante de Morissette, surtout dans les refrains. La chanson a même droit à une finale plus explosive, mais c’est plus l’exception que la règle au fil de l’opus.
Le reste du temps, on a droit à des morceaux plus modérés, comme Ablaze (adressée à ses enfants), Diagnosis (où elle parle de sa dépression post-partum entourée de piano et de cordes), Missing the Miracle (abordant les deux points de vue dans une même relation), Sandbox Love (il est question ici d’abus et de sexualité saine), Her (magnifique chanson piano-voix sur le sujet de la femme) ou encore la finale Pedestal.
… Mais mentionnons aussi les morceaux plus corsés, comme Reasons I Drink (d’ailleurs le premier single de l’opus), le build-up réussi de Losing the Plot (autre chanson sur le thème de la dépression post-partum), le climat tendu de Reckoning (collant bien au sujet de la chute du patriarcat) ou particulièrement la chargée Nemesis. Même en livrant un album relativement doux, on Alanis Morissette ne perd décidément pas de son mordant.
Et c’est là que se trouve l’équilibre de Such Pretty Forks in the Road : on reconnaît somme toute assez bien l’énergie de l’artiste, qui trouve le bon ton pour aborder des sujets – dont plusieurs très personnels – a priori plus difficiles à aborder. Car on a droit à la fois à des bonnes tounes et à des textes qui rentrent dedans. Les fans auront attendu de longues années avant de voir naître cet album, mais on sent qu’il aura largement valu l’attente après tout.
À écouter : Smiling, Her, Nemesis
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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